Une méditation proposée par notre sœur Françoise.
« Je suis une maison de prière… Saint Paul me désigne comme un temple de l’Esprit. Je suis bâti par et pour Dieu. Et c’est la prière qui me le dit, c’est elle qui me construit. Bien sûr, je suis bâti pour l’amour. Mais le même Esprit de Jésus me suggère que c’est tout un, prier et aimer. C’est pour cela qu’il me construit à ciel ouvert. Je n’ai pas à lui ouvrir, car c’est de l’intérieur qu’Il vient et qu’Il opère ; voilà pourquoi on ne sait jamais trop d’où il vient, ni surtout comment s’édifier soi-même dans l’amour. »
Christian de Chergé, dans L’Invincible espérance, Éditions Bayard.
Thérèse d’Avila dit, non sans humour, qu’il faut veiller à faire de la place pour accueillir l’hôte intérieur afin de pouvoir s’entretenir avec lui et rechercher sa compagnie…Ce temple est à « ciel ouvert ». Il laisse s’échapper vers le haut ce qui monte du cœur de l’homme : l’émerveillement et les remerciements devant tant de belles choses de la vie, la crainte et l’angoisse, les multiples peurs, la souffrance et le gémissement de l’être devant l’inachèvement des choses, le bonheur et la paix profonde…
La prière n’est pas un acte extérieur à l’homme qui viendrait essentiellement de sa volonté. Elle naît du plus profond de ses entrailles, dans l’épaisseur de sa chair et de son histoire, comme inspirée de l’intérieur, parfois presque à son insu…
Cette prière est antérieure à la volonté de prier. Elle est déjà là, au fond du cœur. Elle ne vient pas de soi mais de l’Esprit en soi. « Je n’ai pas à lui ouvrir car c’est de l’intérieur qu’Il vient et qu’Il opère ». L’Esprit Saint et la chair de l’homme s’unissent en une unique prière. La très belle finale de l’Apocalypse exprime avec force l’unité de l’Esprit Saint et du cœur de l’homme en un unique désir : « L’Esprit et l’épouse disent : Viens ! ». Viens est un mot très intime du langage amoureux. « Que l’homme de désir s’approche et qu’il reçoive l’eau de la vie gratuitement. » Ap 22,17. On comprend que Christian de Chergé nous rappelle qu’« Aimer et prier c’est tout un ! »
Extrait de Prier 15 jours avec Christian de Chergé par Christian Salenson, Editions Nouvelle Cité.
Françoise,
sœur de la Communion Béthanie
Une méditation proposée par notre sœur Christine.
Bientôt, comme chaque année, les frères et sœurs de notre Communion Béthanie se retrouveront pour un temps de retraite estivale.
Bientôt, nous serons réunis au nom de Celui qui nous rassemble.
Bientôt nous nous nourrirons de la Parole.
Bientôt, dans le silence de la maison qui nous accueillera, nous partagerons le Pain de Vie et nous offrirons dans un élan de prière commune les visages de celles et ceux rencontrés. Nous renouvellerons notre engagement à accueillir les petits, les faibles, les rejetés.
Temps de ressourcement, temps d’écoute, temps de dépouillement, temps de simplicité, temps d’humilité, temps de bienveillance, temps de gratitude, temps de joie.
Désarme-nous Seigneur de nos facilités à ne pas voir,
De nos capacités à esquiver ce qui nous dérange,
Désarme-nous de nos jugements trop hâtifs,
Donne en chacun de nous la force de ton écoute,
La patience, la douceur, la tendresse,
L’accueil de celle ou celui qui a blessé,
Remplis-nous de ton baume d’Amour,
Ô Seigneur Dieu que ta miséricorde est grande !
Amen.
Christine
Une méditation proposée par notre sœur Isabelle.
La Paix soit avec vous !…La Paix soit avec vous !…
Les disciples avaient verrouillé les portes….
Recevez l’Esprit Saint….
Thomas …cesse d’être incrédule, soit croyant…
Afin que par votre Foi vous ayez la Vie.
A quoi ai-je à mourir, de quoi ai-je à me libérer, qu’est-ce qui en moi a besoin d’être renouvelé… ?
Qu’elles portes dois-je déverrouiller ?
Que dois-je lâcher, de quoi dois-je me désencombrer, pour accueillir mes fragilités, mes pauvretés, mon
impuissance… ?
Et laisser l’Esprit prendre possession de moi ?
Et de là accepter de recevoir d’un autre pauvre. Car avec mes mains nues, c’est à dire avec ma personne
vulnérable, je peux me laisser toucher, aimer, transformer par l’autre. Car si Jésus a dit qu’il y a plus de
joie à donner qu’à recevoir, pourquoi priver le pauvre, le petit, le fragile, le malade de la joie de
donner ! CF Aux captifs la libération.
Si tu refuses d’accueillir ta pauvreté, tu ne peux pas accueillir les autres pauvres. Et tu ne peux pas non
plus accueillir la Résurrection de Jésus . Mais si tu offres tes plaies, tes désespérances, tes doutes, si tu
acceptes que Jésus vienne te visiter tes enfers, alors Il va pouvoir faire des choses qui dépassent ce
que tu imagines. Si tu vis une épreuve épreuve avec Jésus, Samedi Saint, c’est Pâques, c’est la Mort,
Vendredi Saint, mais avec la Résurrection, Pâques.
La Paix soit avec vous !
Isabelle,
sœur de la Communion Béthanie.
Une méditation proposée par notre sœur Valérie.
Se lever le matin,
Mettre ses pas dans les Siens.
Se coucher le soir,
Remettre sa journée dans la Sienne, qui est Éternelle.
Se lever le matin,
Voir s’ouvrir la voie du cœur,
S’y engager joyeusement en quête de Sa Volonté,
Comme un enfant se lance dans une chasse au trésor.
Parcourir tout le jour et se coucher le soir,
Sans craintes des Ténèbres,
Prier le matin,
Prier le soir :
Père saint, que ton soleil d’Amour
éclaire à nos yeux,
pour y mettre ta joie,
le chemin de la vie !
Et que ta Lumière encore,
quand tombe la nuit,
éclaire notre sommeil,
pour nous réjouir toujours !
In Vivre par l’Esprit, Éditions La Baconnière
Valérie,
sœur de la Communion Béthanie.
Une méditation proposée par notre sœur Christine.
Il y a tant de blessures dans la vie. Nous sommes tous des handicapés.
Chacun est crucifié à l’endroit ou il aime. Dans mon sacerdoce, je tenterai toujours, jusqu’au bout, avec mes équipiers, de dessiner le visage de l’espérance.
Société sans espérance clament les marchands de pessimisme. D’accord, les atteintes à notre humanité existent cruellement, mais une spiritualité laïque faite de courage, de solidarité peut dynamiser à fond ceux et celles qui la pratiquent.
Nous, chrétiens, avons un trésor prestigieux où nous pouvons puiser, à condition de croire aux paroles du Christ : Sois sans crainte, je suis avec toi. Nos innombrables appels ne lassent pas le Christ, toujours prêt à nous transmettre sa force. La prière est la source de notre propre force.
Extrait de Nos fragilités. Comment les accepter et les surmonter, de Guy Gilbert, Éditeur Philippe Rey.
Christine,
sœur de la Communion Béthanie.
Une méditation proposée par notre frère Manuel.
J’aime beaucoup le Magnificat, cette prière de louange prononcée par Marie dans l’évangile de Luc. En fait j’aime beaucoup la prière de louange : elle me dilate à l’intérieur, elle me fait me sentir bien, mais parfois je ne trouve pas quoi dire… Aussi parfois le doute m’assaille : à quoi bon dire à Dieu qu’il est beau, qu’il est grand ? Là, j’avoue, je me laisse piéger doublement : car je me place en termes d’utilité (est-il ajusté de lier prière et utilité ?) et en plus je me limite à ma bouche, à ce que je dis, éventuellement à ce que je ressens ; je ne vais donc pas au fond de moi, je ne vais pas au fond de cette rencontre qui est la prière. Alors ?
En effet, la grandeur de Dieu est ce qu’elle est, nous n’y pouvons rien ajouter. Mais ce que nous pouvons faire grandir en nous, c’est la connaissance que nous avons de lui, connaissance qui nous incite à le glorifier et à le magnifier, en particulier pour sa bienveillance et sa bonté à notre égard. Aussi la sainte mère de Jésus ne dit pas : Ma voix ou ma bouche exalte le Seigneur ; elle ne dit pas non plus : Ma main ou mes pensées ou ma raison ou ma volonté exaltent le Seigneur. Mon âme, c’est-à-dire mon être tout entier, toutes mes puissances et toutes mes facultés. Marie est, pour ainsi dire, perdue en Dieu.
Martin Luther, Commentaire au Magnificat.
Se perdre en Dieu… Cela me laisse songeur, et me ramène à la mémoire un poème de Thérèse d’Avila, où elle nous confie une parole reçue dans sa prière :
Âme, en Moi tu as à te chercher,
et en toi tu as à Me chercher.
La relation avec Dieu, comme toute relation sérieuse, nous prend les tripes, pour ainsi dire. Elle nous prend dans nos entièretés à tous les deux, dans tout l’être des deux partenaires, et pas uniquement dans le mental ou la sensibilité. Dieu a fait en Marie de grandes choses. Mais la plus grande, nous dit Marie elle-même, c’est qu’il ait jeté les yeux sur elle, car tout dépend et découle de cette grâce initiale. En effet quand Dieu se penche sur une âme et jette les yeux sur elle, c’est pour la sauver par pure bonté, et de ce premier bienfait dériveront tous les autres.
Martin Luther
Car lorsque Dieu nous regarde, il nous regarde en profondeur, et c’est en profondeur que nous pouvons consentir à son regard, consentir à tous ses bienfaits ; c’est ainsi que nous pouvons entonner notre propre Magnificat. Chantons-le, alors, et marchons mettre ces bienfaits au service de nos frères et sœurs ; eux aussi glorifieront le Seigneur.
Mt 5, 16
Manuel,
frère de la Communion Béthanie.
Une méditation proposée par notre frère Sylvain.
Il leur dit alors : « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? » Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait.
Luc 24, 25-26
Depuis longtemps je ne cesse de recommander à tous un contact direct avec les évangiles. Pourquoi ? Parce que si nous n’avons pas un contact journalier avec l’être cher, il nous sera difficile de l’aimer. L’amour ne se vit pas par correspondance, il ne peut s’entretenir uniquement à distance : bien sûr cela peut exister, mais il s’agit là d’exceptions. L’amour nécessite un contact permanent, un dialogue permanent ; l’amour c’est écouter l’autre, l’accueillir, le regarder. Ça consiste à partager sa vie. Si nous n’avons pas l’expérience du Christ vivant, celui avec lequel l’Évangile nous met en contact, nous risquons de ne saisir que des idées, voire pire, des idéologies sur l’Évangile.
Il n’y a pas de foi sans rencontre, car la foi est une rencontre personnelle avec Jésus.
Rapprochons-nous donc des épisodes de la vie de Jésus avec des yeux pleins de contemplation. S’il est vrai que la foi commence par l’écoute, la rencontre commence par le voir. C’est pourquoi il est important d’écouter et de voir Jésus dans les Évangiles.
Pape François, Introduction à La vie de Jésus par Andréa Tornielli
Seigneur Jésus, ouvre-nous les Écritures !
Que notre cœur devienne brûlant tandis que tu nous parles.
Amen.
Sylvain,
frère de la Communion Béthanie.
Une méditation proposée par notre sœur Isabelle.
Des gens présentaient à Jésus des enfants pour qu’il pose la main sur eux ; mais les disciples les écartèrent vivement. Voyant cela, Jésus se fâcha et leur dit : « Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. Amen, je vous le dis : celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas. » Il les embrassait et les bénissait en leur imposant les mains.
Mon corps, ma chair, lieu de rencontre, de relations vraies, d’union, de communion profonde, intime, de bénédictions ; ou lieu d’incompréhension, de divisions, de rejet, d’abus, de malédictions ?
Dans l’Évangile, Jésus très souvent rencontre l’autre, le guérit à travers son corps.
Et moi, suis-je suffisamment disponible pour me laisser toucher physiquement, affectivement, spirituellement…et ainsi guérir mon cœur de pierre ?
Comme l’enfant, suis-je prêt·e à me laisser « toucher », « embrasser » et accueillir ainsi la bénédiction de Jésus, ou la transmettre physiquement aux autres, aux prochains ?
Mystère de l’Incarnation.
Isabelle,
sœur de la Communion Béthanie
Une méditation proposée par notre sœur Françoise.
C’est un père qui aime son enfant. Un père qui appelle toute personne à l’aide pour que son fils guérisse. Que ne ferait-il pas pour lui ?
Il a demandé cette aide aux disciples de Jésus mais ils n’ont rien pu faire ! Aussi, quand il se tourne vers Jésus, sa demande est prudente : Si tu peux quelque chose, viens à notre secours, par compassion envers nous !
Si tu peux ! Voici une parole qui ne convient pas à Jésus… Qu’il ne peut admettre parce qu’elle minimise les forces cachées des êtres qui l’interpellent. Pourquoi dire si tu peux ?
Alors il renverse la situation. Tout est possible pour celui qui croit.
Qu’en est-il pour moi ? Ne suis-je pas en deçà dans mes demandes parce que je doute de la force de ma prière, de la légitimité de mes demandes, de la puissance de ma foi. Une petite voix dans ma tête ne me dit-elle pas : A quoi bon ! Ou encore, et c’est bien plus grave : Ça ne marchera pas !
La réponse de ce papa est magnifique : Je crois ! Viens au secours de mon manque de foi !
Ce double mouvement est étonnant mais si juste… Oui, je crois mais pas sans Toi, Jésus ! Il y a tant de manques en moi ! J’ai besoin de Toi pour que ma foi grandisse, pour que ma prière soit plus forte avec Toi, pour que ma confiance en sa puissance creuse son puits et s’abreuve aux sources de Ton amour…Je crois mais pas sans mes frères et sœurs dans la foi, qu’ils soient juifs, chrétiens, musulmans, hindouistes, bouddhistes ou croyants dans leur propre sagesse. La puissance de leur prière m’est nécessaire. Ensemble, la force de nos demandes se déploie pour que les êtres se relèvent, se mettent debout, se libèrent…
Je crois, c’est vrai…mais viens, Seigneur, venez frères et sœurs, vous tous, les priants de la terre… Venez au secours de mon manque de foi !
Françoise,
sœur de la Communion Béthanie
Une méditation proposée par notre sœur Valérie.
Les soldes sont finies. C’est encore l’hiver mais dans les vitrines, la collection d’été ne va pas tarder à s’afficher.
Le soir, la lumière du jour résiste et repousse la nuit chaque jour un peu plus, annonçant le printemps déjà, malgré le froid.
A l’Est, le printemps prédit-on rimera avec offensives militaires. Encore plus de tués, de destructions, de désolation.
Dans nos rues, on crie à l’injustice d’une précarité annoncée, de droits qui s’effilochent.
Une femme a accouché d’un petit Eloïs ces derniers jours.
Un homme dans un journal a accouché des mots qui devaient être dits.
Douloureux travail d’enfantement et même délivrance.
Dans le silence de ma prière, ces bruits du monde tourbillonnent.
Le Seigneur voit.
Le Seigneur entend.
Présente à Sa Présence, assurée de Son Amour, l’Univers se fait UN. Sa Paix me rejoint et ces mots montent à mes lèvres. Je les récite avec vous, frères, sœurs, ami·es d’ici et d’ailleurs :
Heureux ceux qui se savent pauvres en eux-mêmes, car le Royaume des cieux est à eux !
Heureux ceux qui pleurent, car Dieu les consolera !
Heureux ceux qui sont doux, car ils recevront la terre que Dieu a promise !
Heureux ceux qui ont faim et soif de vivre comme Dieu le demande, car Dieu exaucera leur désir !
Heureux ceux qui ont de la compassion pour autrui, car Dieu aura de la compassion pour eux !
Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu !
Heureux ceux qui créent la paix autour d’eux, car Dieu les appellera ses fils !
Heureux ceux qu’on persécute parce qu’ils agissent comme Dieu le demande, car le Royaume des cieux est à eux !
Matthieu 5, 1-10
Valérie
sœur de la Communion Béthanie
Une méditation sélectionnée par notre sœur Christine.
L’olivier est un grand témoin de notre histoire. C’est un arbre de l’union, symbole du pardon, il représente la paix, la sagesse, on devrait l’appeler l’arbre de la fraternité.
Oui, car la fraternité, c’est comme cet arbre, c’est la nature. Il est beau, il est vivant et quand il est en fleurs, il représente les couleurs du monde.
C’est un arbre qui donne du fruit, il devient nourriture de notre vie pour partager nos joies, nos peines, c’est la fraternité.
Cette fraternité nous fait grandir par l’attention que nous avons les uns pour les autres, sans frontière, simplement, pour être heureux ensemble.
Cet arbre nous enracine dans l’amour de Jésus, dans une fraternité pour construire une histoire commune, tissée de nos vies différentes.
On dit à Jésus : Ta mère et tes frères sont là, ils te cherchent. Jésus dit : Qui sont ma mère et mes frères ? Et il montre ses disciples en annonçant : Voici ma mère et mes frères. Non pas selon la chair et le sang, mais quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est mon frère, ma sœur, ma mère. Mt 12, 46-50
Mais ne soyons ni naïfs ni aveugles. Il n’y a pas de réelle fraternité entre les humains qui ne passe par l’épreuve. Comme dans les fratries naturelles, les relations fraternelles en communauté, qu’elles soient religieuses ou ecclésiales, dans les groupes humains, sont si fragiles, tellement menacées par les rivalités, les jalousies, l’indifférence, la rancune, la violence.
Aujourd’hui, nous sommes réunis devant cet arbre, dans une fraternité réelle qui nous permet d’accueillir de nouvelles personnes comme des frères. La fraternité, c’est aussi reconnaître que chaque personne est aimée du Père avec tendresse, alors, prions autour de cet arbre de la Fraternité :
Esprit Saint, fais naître en nous un désir toujours plus grand de rejoindre les plus fatigués.
Augmente en nous la soif de nous écouter les uns les autres, pauvres et riches, en commençant par le plus oublié.
Donne-nous d’apprendre toujours du plus pauvre, avec lui, nous pourrons inventer de nouvelles manières de vivre ensemble, en Église et en humanité.
Établis-nous dans la confiance, la paix et la joie pour témoigner de la vie qui ne connaît pas de frontières.
Christine,
sœur de la Communion Béthanie
Une méditation proposée par notre frère Manuel.
L’un des premiers noms qu’un être humain donne à Dieu est celui-là : El-Roï, Dieu qui me voit. Ce nom est donné par un personnage qu’on mettrait bien volontiers dans la liste des « invisibles », car femme et esclave. Hagar, tel est son prénom, maltraitée par Saraï, s’enfuit de la maison de ses maîtres, portant en son sein le fils d’Abraham. Elle erre dans le désert, jusqu’à ce qu’un messager de Dieu lui dise de retourner et lui annonce l’avenir de son fils à naître. Dieu lui a parlé, et elle l’appelle Dieu-qui-me-voit. Le regard d’abord, et la parole ensuite, disent à Hagar qu’elle est prise en compte.
Voir quelqu’un est reconnaître d’abord son existence, mais aussi son épaisseur et sa dignité. La personne qui voit et celle qui est vue ne peuvent pas se cacher l’une de l’autre. Dieu nous voit, certes, pas pour nous espionner ou pour violer nos secrets le plus intimes : il nous voit car chacune et chacun de nous a du prix à ses yeux, Es 43, 4, car il est touché par tout ce qui nous touche. Il nous voit, aucun de nous ne peut être appelé « invisible », ni être considéré comme tel.
Le début de toute prière est là : se laisser regarder par Dieu, prendre conscience qu’il est le Dieu qui me voit, « respirer » ce regard, pour ainsi dire. Lorsque nous sortons de notre temps de prière, nous le faisons fortifié·es et vivifié·es par ce regard, et nous pourrions oser voir les autres du même regard que Dieu.
Nous sommes appelé·es à veiller, c’est à dire, à avoir un sens de la vue affiné qui nous permettra de reconnaître en chaque personne que nous croisons une fille, un fils du Dieu vivant. Et nos paroles et nos actes suivront notre regard, petit à petit, doucement.
Manuel,
frère de la Communion Béthanie