Cette année, comme c’est le cas depuis six dimanches déjà, ce sont normalement nos sœurs et frères d’aumônerie dans le monde pénitentiaire qui nous accompagnent durant ce carême.
En cette période de confinement imposé où la solidarité et les proches sont extrêmement secourables et importants, je vous demande de prier particulièrement pour vos sœurs et frères détenus et qui n’ont plus de lien avec l’humanité. Cela est très dur pour eux.
Que ce cinquième temps fait sans eux leur soit particulièrement dédié.
Ces jours-ci, c’était la Semaine Sainte, les jours qui mènent à Pâques, la plus grande fête des chrétiens. Et en ces temps de pandémie, les mots, Mort, Résurrection et Vie Éternelle résonnent plus fort que d’habitude.
Actuellement, nous subissons tous le confinement et cela peut être une chance pour certains, une opportunité pour d’autres, d’avoir le temps ! Ce que nous n’avons pas d’habitude, LE TEMPS. Sans doute ce n’est pas le cas de tout le monde, notamment tous ceux qui » sont au front « … les soignants, par exemple… mais nombre d’entre nous vivent ce temps dans une certaine solitude.
Pensons spécialement à nos amis détenus qui sont encore plus que d’habitude en confinement ; pas d’activités, pas d’aumônier qui frappe à la porte de la cellule, pas de célébration avec les autres, pas de groupe bible.
Vous connaissez cette anecdote. Un homme passe devant trois tailleurs de pierre.
Au premier, il demande : « Qu’est-ce que tu fais ? » et l’ homme répond : « Je gagne ma vie. »
Au second, il demande : « Qu’est-ce que tu fais ? » Et l’homme répond : « Je taille une pierre. »
Au troisième, il demande : « Qu’est-ce que tu fais ? » Et l’homme répond : « Je bâtis une cathédrale. »
Depuis la Résurrection de Jésus, les chrétiens croient qu’il y a une façon de vivre qui ne conduit pas à la mort.
Les liens que nous tissons dans l’amour, dans l’amitié, demeurent éternellement. Le plus humble geste porte son fruit. Le regard de tendresse, l’attention d’un instant, la parole qui aide, la rancune oubliée, le travail avec ses gestes mille fois répétés. Tout porte un fruit d’éternité. Tout va vers la joie qui demeure.
Notez bien que c’est cela croire à la « résurrection de la chair ». Il ne s’agit pas de retrouver nos corps à partir de nos restes et de nos cendres. C’est naïf, absurde de croire cela. Croire à la résurrection des corps, c’est avoir l’assurance que nous retrouverons, sous une forme qui n’est pas décrite, ce que notre corps nous permet aujourd’hui.
Et donc, la relation, la communication, l’amour, les merveilles découvertes par tous nos sens, tout ce qui fait corps avec nous.
Croire à la résurrection des corps, c’est croire que, dans l’au-delà, Dieu nous donnera non pas une vie désincarnée, éthérée et vaporeuse, mais une existence humaine, à la mesure de notre vie terrestre, à la mesure de nos gestes d’amour. Pour vivre avec Dieu, près de Dieu, notre vie sur terre est un apprentissage pour apprendre à aimer.
Voilà la grande nouvelle de Pâques ! CHRIST est ressuscité ! Alléluia !
Et il donne à tout un peuple de participer à la vie éternelle. Cette vie éternelle qui commence dès que nous comprenons l’Évangile qui se résume ainsi : tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et ton prochain comme toi même. C’est pour tout de suite pas pour après la mort !
Dans chaque être humain qui veut, qui essaye d’aimer, Dieu est présent.
Dans ces humains, il y a donc quelque chose de divin. Et la part de divin qui est en nous ne peut pas mourir. C’est notre espérance et c’est notre foi.
Alors, gagner sa vie, tailler une pierre ou bâtir une cathédrale, c’est un choix de vie.
Dans les gestes les plus simples du quotidien soyons tous des bâtisseurs de cathédrales.
Nous pouvons ainsi participer à la construction d’un monde plus beau, plus humain, plus fraternel, plus solidaire.
Alors on s’approche du royaume de Dieu, Père de tous les hommes, que nous participons chaque jour à construire un peu plus.
Jacques Risselin, prêtre responsable de l’aumônerie du centre pénitentiaire de REAU 77.
Ainsi s’achève nos rendez-vous réguliers de ce Carême et de cette Pâques 2020.
Communion Béthanie remercie chaleureusement les détenu·e·s de l’aumônerie pénitentiaire de REAU 77, ainsi que Nicolas et le père Risselin qui nous ont accompagné·e·s depuis le 1er mars et ont assuré ce service dans cette période si particulière.