Méditation du jour de Noël par Sœur Elisabeth, prieure du monastère de la Paix-Dieu à Cabanoule.
Dans sa Bible des contrastes, le pasteur et peintre Henri Lindegaard réalise un dessin biblique intitulé : « Une ligne qui s’incline ».
C’est ainsi que l’artiste évoque le mystère de Noël : une ligne verticale qui peu à peu devient horizontale.
La ligne verticale d’abord : le bâton de Joseph le juste qui dans la foi surmonte l’incertitude.
La ligne s’incline et devient les barreaux d’une mangeoire.
La ligne s’incline encore et devient une femme fatiguée d’avoir marché longtemps, cherchant un lieu pour accoucher : Marie.
La ligne s’incline lentement encore vers une crèche et devient ce tout-petit couché, horizontal.
C’est ainsi que Dieu sous le poids de sa gloire devient homme.
Et nous voilà ensemble aujourd’hui contemplant ce mystère de Noël.
Regardons doucement ce Dieu qui fait une inclination profonde devant chacun de nous dans un respect infini.
Divine doxologie : Gloire à toi, homme. Gloire à toi, femme.
Sœur Elisabeth
Image La ligne qui s’incline de Henri Lindegaard, extraite de La Bible des contrastes, Méditations par la plume et le trait du même auteur, 224 pages, 2005, Olivétan éditeur.
Méditation pour le 4e dimanche de l’Avent par Sœur Anne, sœur du monastère de la Paix-Dieu à Cabanoule.
DIEU – « Demande pour toi un signe de la part du Seigneur ton Dieu, au fond du séjour des morts ou sur les sommets, là-haut. »
LE ROI ACAZ – « Non, je n’en demanderai pas. »
C’est tout de même embêtant, Dieu.
Comme une tracasserie, un tout petit caillou dans une chaussure, mais à chaque pas mon pied le rencontre : je ne peux l’éviter, ni léviter d’ailleurs.
Alors marchons.
Marchons à l’aveuglette avec Acaz, sourd aux conseils du prophète Isaïe et paralysé par la peur : il ne veut pas demander de signe à Dieu sous couvert de respect, il n’attend rien de Lui, préoccupé qu’il est par ses stratégies d’alliances humaines pour sauvegarder son royaume, son pouvoir, mais aussi son peuple – et c’est tout à son honneur…
Seulement voilà, géographie divine oblige, nous apprenons que « la terre dont les deux rois font trembler [Acaz] sera laissée à l’abandon », peut-être même nos propres terres, et autres royaumes !
Qu’en tous lieux, des plus noirs aux plus lumineux nous pouvons demander un signe, et que chaque situation porte en germe une espérance parce que Dieu nous y rejoint, même si cela paraît prendre un temps fou, celui d’une gestation puis celui d’apprendre à rejeter le mal et choisir le bien.
Marchons à l’écoute avec Joseph.
Joseph est juste. Il respecte la Loi, c’est pourquoi il a formé le projet de répudier sa fiancée, celle qui n’a pas connu d’homme. Dit-elle. Il se taira parce qu’il est bon, qu’il sert la Loi pour la vie, mais impossible d’être père d’un enfant qu’il n’a pas engendré, ce serait mentir. Il n’appellera pas l’enfant du péché « fils de David ». A d’autres ! C’est simple, il ne dénoncera pas publiquement cette Marie. Puis il se couche là-dessus – et c’est tout à son honneur ?
Seulement voilà, histoire sainte oblige, Joseph endormi baisse la garde, un ange passe, et nous apprenons à dépasser le légalisme de nos peurs pour compter sur l’Esprit de Dieu dans nos prises de décisions, nous apprenons que l’enfant qui devra apprendre à choisir vient de l’Esprit Saint, et peut-être même que si nous cherchons le « nous », Dieu sera là « avec », « Emmanuel ».
Un ange passe, oui… et traverse nos vies du souffle de Dieu. Malicieux, il glisse aussi un grain de blé dans ton soulier.
Sœur Anne
Image Vierge à l’enfant et l’Ange espiègle de Jean-Marie Pirot dit Arcabas. Musée Arcabas en Chartreuse.
Méditation pour le 3e dimanche de l’Avent par Sœur Marie-Christine, sœur du monastère de la Paix-Dieu à Cabanoule.
« Réjouissez-vous dans le Seigneur, réjouissez-vous toujours, proche est sa venue. »
La note spécifique de ce troisième Dimanche est une joie particulière, messianique et spirituelle. Nous sommes tous invités à entrer dans ce mystère joyeux et à revêtir un cœur nouveau pour fêter déjà notre salut, notre libération. La couleur liturgique est au rose, comme l’aurore de ce jour.
Au cœur de l’oracle d’Isaïe, l’annonce d’une parole consolatrice, d’une Bonne Nouvelle. Joie en solidarité avec la nature et toute la création : le désert refleurit, d’aride il se couvre de fleurs des champs… les faibles sont raffermis, il n’y a plus ni sourd, ni aveugle, ni boiteux… La création est renouvelée, Dieu inter-vient.
Le temps de la patience est celui de la charité, de l’amour du prochain, lié à la foi qui peut garder cependant les couleurs de la nuit. Ainsi le prophète de la joie parfaite, Jean Baptiste, en prison, s’interroge, doute tout en s’ouvrant à celui qui peut lui donner réponse :
« Es-tu Celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »
Jésus accueille pleinement la question. Nous pouvons alors reconnaître dans les signes les œuvres du Christ et la venue certaine du salut en Lui. Assuré de son retour, notre cœur peut être ré-orienté et transformé dans l’intime présence qui nous habite et dans laquelle nous pouvons demeurer. Un temps de recommencement est là, une source peut jaillir.
Sœur Marie- Christine
Méditation pour le 1er dimanche de l’Avent par Sœur Marie-Benoît, sœur du monastère de la Paix-Dieu à Cabanoule.
Voici le temps du long désir
Où l’homme apprend son indigence,
Chemin creusé pour accueillir
Celui qui vient combler les pauvres.
Pourquoi l’absence dans la nuit,
Le poids du doute et nos blessures,
Sinon pour mieux crier vers lui,
Pour mieux tenir dans l’espérance ?
Et si nos mains, pour t’appeler,
Sont trop fermées sur leurs richesses.
Seigneur Jésus, dépouille-les
Pour les ouvrir à ta rencontre.
L’amour en nous devancera
Le temps nouveau que cherche l’homme ;
Vainqueur du mal, tu nous diras :
Je suis présent dans votre attente. Voici le temps du long désir
Voici le temps du long désir
Où l’homme apprend son indigence,
Chemin creusé pour accueillir
Celui qui vient combler les pauvres.
Pourquoi l’absence dans la nuit,
Le poids du doute et nos blessures,
Sinon pour mieux crier vers lui,
Pour mieux tenir dans l’espérance ?
Et si nos mains, pour t’appeler,
Sont trop fermées sur leurs richesses.
Seigneur Jésus, dépouille-les
Pour les ouvrir à ta rencontre.
L’amour en nous devancera
Le temps nouveau que cherche l’homme ;
Vainqueur du mal, tu nous diras :
Je suis présent dans votre attente.
Nous espérons déjà la joie de Noël. Mais les textes bibliques telle une mise en garde nous incitent à rester éveillés pour un autre rendez-vous dont la date n’est pas fixée et reste possible à tout moment. Jésus, le Fils de l’homme, compare le temps de sa venue à un déluge, surprenant des gens bien installés dans leur quotidien. Or notre monde à la fois riche de tant de biens et si plein de malheurs et de souffrances, manifeste plus ou moins violemment ses insatisfactions. Nos propres contradictions dévoilent aussi notre indigence. Alors, le cœur ouvert dans l’ardeur de la prière, guettons amoureusement et pleins de joyeuse espérance le divin Voleur qui mène au Père notre fragile humanité.
Sœur Marie-Benoît