Tout au long de ce Carême 2021 et jusqu’à Pâques, retrouvez les méditations du collectif LGBT+ & Croyant·e·s Anjou.
C’est un des rares passages de l’Évangile où Jésus laisse éclater sa colère. C’est pourtant sa première visite à Jérusalem au moment de la fête de la Pâque, et son premier geste est de se fabriquer un fouet pour chasser les marchands, leurs bœufs et leurs brebis, ainsi que les changeurs de monnaie.
On peut alors s’étonner de cette violence, de cette spontanéité, de la liberté que se donne Jésus, petit nouveau en ville. Et les marchands et les changeurs sont choqués. Ils sont après tout de bonne volonté. Ils permettaient aux pèlerins accourus de tout Israël d’offrir un sacrifice au temple et de remplir leurs devoirs de croyants ! Leur présence est légitime, justifiée, et l’habitude de leur présence est devenue légale.
Jésus se rebelle non pas au nom de la loi, mais de la justice. Il ne vise pas le commerce, mais sa mauvaise utilisation, et les réflexes trop humains des hommes dans leur rapport à Dieu. Le culte devient un trafic, un échange de bon procédés un marchandage qui est sans doute un leurre : un cadeau à Dieu contre une faveur de sa part.
La colère de Jésus est un déclencheur, un moteur, une énergie qui détruit pour interroger et reconstruire. Son bouillonnement intérieur face à la naïveté, à l’égoïsme, à l’injustice, est aussi le nôtre parfois.
Comment pouvons-nous écouter, utiliser et dominer cette colère ?
Comment est-elle symboliquement un refus de ce qui ne nous paraît pas essentiel, pas ajusté, dans notre vie, dans notre foi, dans notre rapport à Dieu et aux autres ?
Comment faire pour comprendre nos propres colères, et celles des autres ?
Ce temps de Carême est un temps de conversion, autrement dit un basculement choisi : un moment idéal pour accueillir nos colères, et transformer protestations, refus, confrontations, en autant d’espace d’échanges, de dialogues et d’écoute.