Une méditation proposée par notre sœur Céline.
La Journée du souvenir transgenre, déclinaison française du Transgender Day of Remembrance (TDoR), a lieu le 20 novembre dans le monde entier, pour commémorer les personnes transgenres assassinées pour motif transphobe, c’est-à-dire la haine des personnes transgenres, et pour attirer l’attention sur les violences subies par elles.
In memoriam
Chaque jour, le temps enfouit le cœur des hommes.
C’est une affaire d’années. On s’en aperçoit parfois ; 23 depuis 1998.
C’est une affaire de mois. On y pense entre vegan et plage au soleil ; 276 depuis ce jour-là.
C’est une affaire de…
Chaque jour, le temps enfouit le cœur des hommes,
dans l’oubli de nos découvertes passées,
dans l’ignorance de ce qui reste à apprendre,
dans la peur des différences qui ne sont pas nous.
Elle s’appelait Rita.
Peu importe qu’elle soit trans, noire, grosse, handicapée, petite, boiteuse, riche, musulmane, sans domicile fixe…
Peu importe…
Elle s’appelait Rita.
Un amnésique rempli de peur et au cœur enfoui l’a tuée.
Souvenons-nous de nos chemins parcourus.
Faisons connaissance en vérité.
Regardons nos peurs à l’intérieur de nous,
et nous atteindrons nos cœurs et le cœur des hommes.
Céline,
sœur de la Communion Béthanie
Voici cinq années, elle devenait sœur en alliance de notre Communion Béthanie qu’elle aimait tant et dont elle comprenait le sens profond.
Malgré son grand âge, elle avait assisté à deux retraites chez nos sœurs de la Paix Dieu à Mazille.
Quelle joie quand elle pouvait s’échapper de l’ephad de Quincy-sous-Sénart, signe d’enfermement pour elle !
Chantal avait une multitude d’amis.
Tout comme Jésus, elle fréquentait les les laissés-pour-compte, les petits, les sans voix. Prostituées, prisonniers, trisomiques étaient ses proches, sa famille.
Elle disposait d’une qualité rare : l’écoute.
Elle savait écouter avec une oreille attentive, silencieuse, joyeusement étonnée de ceux qu’elle rencontrait et accueillait avec un grand cœur dilaté d’amour.
Quand je lui ai parlé de la Communion Béthanie, elle n’avait de cesse de rencontrer notre prieur et d’aller vers les personnes transgenres dont elle avait entendu parler mais qu’elle ne connaissait pas.
Chantal connaissait, pour l’avoir vécue, la discrimination.
Elle était sœur de Sainte-Clotilde, dans une congrégation vouée à l’enseignement. Elle m’a souvent confié combien elle avait souffert des regards hautains et méprisants de certaines de ses sœurs car elle n’avait pas fait d’études. A l’époque, elle était désignée pour faire les petits travaux.
C’était Chantal, épouse du Christ, épouse de l’humanité, aimante de l’Afrique où elle avait séjourné pendant dix-huit années de sa vie, à Mopti au Mali. L’arrachement à cette terre qu’elle aimait tant lui avait coûté la perte d’un œil.
Elle a vécu en communauté avec notre sœur et amie Anne-Marie, pauvre parmi les pauvres, dans une cité du quart-monde où désespoir, détresse, espérance et joie faisaient concert.
Vous l’avez compris, sa vie de femme, de religieuse, était riche de rencontres, de joies qu’elle accueillait et dont elle rayonnait.
Chantal a rejoint notre Seigneur avec tous ses « pourquoi » qui la laissaient dans un questionnement douloureux.
Elle a dû retrouver sa maman qui est décédée le jour de sa naissance, puis son papa qu’elle n’aura que très peu connu, puisqu’il disparaissait lui aussi à l’âge de ses dix ans ! Cette souffrance l’aura accompagnée toute sa vie.
Chantal c’était aussi mon amie, ma sœur, ma mère, ma confidente, celle à qui je pouvais tout dire sans avoir crainte d’être jugée.
Maintenant Chantal va accompagner le nouveau seuil de déploiement de notre Communion Béthanie.
A DIEU Chantal !
Nous nous retrouverons et nous rirons à la VIE.
Votre sœur Christine.
En ce jour où notre grand et cher ami, Frère Charles, nous a quittés pour rejoindre la Maison du Père, nous ne pouvons que rendre grâce pour tout l’amour qui rayonnait sur son visage et révélait l’immense tendresse de son cœur.
Notre première rencontre remonte au 4 octobre 1972, en la fête de Saint François d’Assise, en l’Abbaye du Bec Hellouin, alors qu’il venait d’entrer dans l’Ordre des Bénédictins du Mont Olivet.
Quelques années plus tard, il fera partie de la petite équipe de Frères et de Sœurs qui reviendront fonder l’Abbaye Notre Dame de la Résurrection à Abou Gosh, au lieu dit de l’Emmaüs des Croisés, en Israël.
Délicatement proche de chacun et de chacune, il avait une prédilection pour celles et ceux qui, en raison de leur homosensibilité et de leurs différences de genre pouvaient se sentir exclu(e)s ou en souffrance dans leurs relations au monde et à leurs communautés d’Église.
Cette discrète et intense proximité, qui était la sienne, n’a cessé de renforcer les relations d’amitié fraternelle nées entre nous deux et qui m’ont aidé à guérir de bien des blessures subies au sein de l’Église.
Mais ce qui restera gravé a tout jamais au plus profond de mon être, ce sont les moments si lumineux que j’ai eu la grâce de vivre à son chevet à l’hôpital lors des dernières fêtes pascales au cours desquels nous avons eu des échanges fraternels d’une profondeur sans égale mais où l’humour n’était jamais absent.
Avec lui nous pouvons, désormais, chanter au Seigneur :
« Mon âme se
repose en Paix sur Dieu seul, de Lui vient mon Salut!
Oui sur Dieu seul mon âme se repose, se repose en Paix! »
Au nom de Jean-Michel Dunand, Bernard, un frère de la Communion Béthanie