Une méditation proposée par notre frère Pierre.
Ce 17 mai, nous célébrons la Journée mondiale de lutte contre l’homophobie, la biphobie et la transphobie. Des vents mauvais soufflent en tout sens et font du mal à tous les enfants de lumière qui veulent vivre authentiquement et en vérité. La violence des prises de position et les menaces qu’elles induisent ne doivent pas nous effrayer au point de perdre toute espérance, alors que cette année jubilaire lui est consacrée.
Le décès du pape François qui a ouvert bien des portes, dans une actualité souvent dramatique (génocide à Gaza, guerres en Ukraine, au Congo, en Ethiopie, guerres civiles en Birmanie, au Soudan, montée des régimes autoritaires qui oppriment leur population), sans oublier les deuils auxquels chacun de nous sommes confrontés. La liste des raisons de perdre espoir est longue. Pourtant, à l’exemple d’Etty Hillesum, nous pouvons faire nôtre sa prière préférée, Mon Dieu, je vais t’aider à ne pas t’éteindre en moi, inscrite dans la tradition juive.
Pour cela, nous pouvons nous inspirer des conseils de l’apôtre Paul adressés aux Colossiens (3, 12-17).
Puisque vous avez été choisis par Dieu, que vous êtes sanctifiés, aimés par lui, revêtez-vous de tendresse et de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience.
Supportez-vous les uns les autres, et pardonnez-vous mutuellement si vous avez des reproches à vous faire. Le Seigneur vous a pardonnés : faites de même.
Par-dessus tout cela, ayez l’amour, qui est le lien le plus parfait.
Et que, dans vos cœurs, règne la paix du Christ à laquelle vous avez été appelés, vous qui formez un seul corps. Vivez dans l’action de grâce.
Que la parole du Christ habite en vous dans toute sa richesse ; instruisez-vous et reprenez-vous les uns les autres en toute sagesse ; par des psaumes, des hymnes et des chants inspirés, chantez à Dieu, dans vos cœurs, votre reconnaissance.
Et tout ce que vous dites, tout ce que vous faites, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus, en offrant par lui votre action de grâce à Dieu le Père.
Etty Hillesum
En ce 17 mai 2025, comment faire communion ?
On ne peut pas installer une vraie relation si on s’efface trop. C’est le lien qu’on met en place qui est consolant et confortant, le fait d’être relié et de faire partie d’une communauté, d’une communion, qui ne peut pas exister si « je » s’efface devant « tu ». Ce qui est consolant, c’est de tisser une relation, et de la sentir, de la nourrir chacun. En dépit de la différence des situations, nous pouvons nous rejoindre dans la similitude de nos conditions, au cœur de la condition humaine la plus dépouillée, la plus désarmée. Surtout dans les épreuves.
Tanguy Châtel
Pierre,
frère de la Communion Béthanie
Une méditation proposée par notre frère Raphaël.
Les textes bibliques montrent que l’espérance est inséparable de la confrontation au mal et à la souffrance, et qu’elle est orientée vers un futur que l’on ne peut complètement prévoir, mais qui est annoncé et d’une certaine manière déjà là, comme une imminence. Si l’espérance suppose de prendre la mesure des dangers actuels, elle enseigne aussi à habiter le présent et à croire en l’avenir, sans ressasser le passé et en abandonnant toute rancœur. Elle est enfin, ce dont notre âme a faim et dont l’absence nous rend amers ou violents. Comme l’amour dans le Cantique des cantiques, l’espérance redonne de la vie à notre corps que le désir avait déserté (…)
L’attente qu’implique l’espérance n’a rien à voir avec celle qui est propre à l’espoir. (…) Dans l’espoir, nous sommes encore préoccupés de nous-même et habitons le monde ou regardons les autres en fonction de ce que nous voulons obtenir. (…) Cet espoir est un désespoir qui s’ignore. (…) Au contraire, l’espérance suppose que nous ne demandions rien pour nous-mêmes ; l’attente et l’horizon qu’elle ouvre pour le sujet qui a confiance en l’avenir et se sent porté par cette confiance en dépit des difficultés se situent sur un autre plan. (…)
L’espérance est la certitude que quelque chose est déjà là, même si les évènements semblent donner tort à celles et ceux qui annoncent un progrès, c’est-à-dire une évolution positive inévitable et irréversible. L’espérance confère cette plénitude parce que, dans l’espérance, je n’attends rien pour moi-même, mais suis déjà exaucé, quelles que soient par ailleurs les insatisfactions que je peux éprouver dans les différents domaines de ma vie.
Corine Pelluchon, L’espérance, ou la traversée de l’impossible, Editions Payot & Rivages, 2023.
Raphaël,
frère de la Communion Béthanie.