Une méditation proposée par notre frère Raphaël.
Les textes bibliques montrent que l’espérance est inséparable de la confrontation au mal et à la souffrance, et qu’elle est orientée vers un futur que l’on ne peut complètement prévoir, mais qui est annoncé et d’une certaine manière déjà là, comme une imminence. Si l’espérance suppose de prendre la mesure des dangers actuels, elle enseigne aussi à habiter le présent et à croire en l’avenir, sans ressasser le passé et en abandonnant toute rancœur. Elle est enfin, ce dont notre âme a faim et dont l’absence nous rend amers ou violents. Comme l’amour dans le Cantique des cantiques, l’espérance redonne de la vie à notre corps que le désir avait déserté (…)
L’attente qu’implique l’espérance n’a rien à voir avec celle qui est propre à l’espoir. (…) Dans l’espoir, nous sommes encore préoccupés de nous-même et habitons le monde ou regardons les autres en fonction de ce que nous voulons obtenir. (…) Cet espoir est un désespoir qui s’ignore. (…) Au contraire, l’espérance suppose que nous ne demandions rien pour nous-mêmes ; l’attente et l’horizon qu’elle ouvre pour le sujet qui a confiance en l’avenir et se sent porté par cette confiance en dépit des difficultés se situent sur un autre plan. (…)
L’espérance est la certitude que quelque chose est déjà là, même si les évènements semblent donner tort à celles et ceux qui annoncent un progrès, c’est-à-dire une évolution positive inévitable et irréversible. L’espérance confère cette plénitude parce que, dans l’espérance, je n’attends rien pour moi-même, mais suis déjà exaucé, quelles que soient par ailleurs les insatisfactions que je peux éprouver dans les différents domaines de ma vie.
Corine Pelluchon, L’espérance, ou la traversée de l’impossible, Editions Payot & Rivages, 2023.
Raphaël,
frère de la Communion Béthanie.