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Archive de l’étiquette Raphaël

Pause méditation du 30 septembre 2024

Une méditation proposée sélectionnée par notre frère Raphaël.

La condition de créature

Jésus dit aux Juifs qui avaient cru en lui : si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libre.
Jn, 8,31-32

Ceux, en effet, qui vivent selon la chair s’affectionnent aux choses de la chair, tandis que ceux qui vivent selon l’Esprit s’affectionnent aux choses de l’Esprit. Et l’affection de la chair, c’est la mort, tandis que l’affection de l’Esprit, c’est la vie et la paix.
Rm 8,5-6

Il me semble que tout humain aspire à la vérité. Non pas à sa vérité propre, ni à ce qui lui semble vrai, en comparaison de ce qu’il définit comme faux. Mais à la vérité dont nous parle Jésus.

Le monde dans lequel nous vivons n’est pas mauvais en soi. Mais il propose à l’humain que nous sommes, beaucoup d’éléments pour nourrir « la chair ». « Sarx » en grec, c’est la chair, le corps, mais plus globalement, la condition de créature. C’est-à-dire, pour ce qui concerne l’humain, sa personne, son être, son individualité, ses besoins… son « je ».

La chair n’est donc pas mauvaise en soi non plus. Elle caractérise le penchant naturel de l’humain vers tout ce qui peut combler ses désirs légitimes (sécurité, confort, bien-être…).

Mais la Parole, qui s’est faite chair en Jésus, nous emmène plus loin. Elle nous appelle à ne pas nous laisser enfermer dans notre chair. Un attachement excessif aux besoins du « je » est mortifère. C’est pourquoi « l’affection de la chair, c’est la mort ». La Parole, en revanche, est vie et nous invite à dépasser le « je » (non à le nier), pour nous tourner vers plus grand, vers un « tu » potentiel. C’est là l’œuvre de l’Esprit.

Jésus nous invite à garder sa parole et même à « demeurer » en elle, à y vivre, à y puiser nos forces quotidiennement. C’est, pour le disciple, la seule façon de connaître la véritable liberté, qui ne consiste ni en la négation de notre condition humaine, ni à un enfermement dans celle-ci, mais au dépassement de notre vision trop étroite du monde et de la vie.

La vérité participe du vivant, elle appartient à la chair. Toujours exposée, toujours nue, elle est toujours établie dans une rencontre et en relation avec un autre (…) C’est purement dans un lien délié entre deux êtres que la liberté et la vérité prennent sens (…).
Jean-Pierre Brice Olivier, Oser la chair, Éditions du Cerf, Paris, 2014.

Raphaël,
frère de la Communion Béthanie

Pause méditation du 2 octobre 2023

Une méditation sélectionnée par notre frère Raphaël.

Alors que s’achève le temps de la Création, je vous propose de lire ou relire ce texte, certes un peu ancien mais qui a beaucoup à dire aujourd’hui encore…

La Lavande

Le royaume des cieux est semblable à une fleur de lavande, qui a poussé entre deux rochers de la montagne. Sur la pente désertique où l’herbe est rare, elle exhale son parfum délicat dont jouit seul le vent qui courbe ses tiges grêles. C’est une violette très humble, mais une violette courageuse, une vraie montagnarde d’autant plus parfumée qu’elle est plus près des cimes ; une sauvage avide de grand air, qui n’aime pas l’ombre des forêts et se rit de la solitude et des pierres.

Comme toutes les fleurs elle passe et se fane ; et de son parfum rien ne restera.

Mais un homme vieux coupe la faible plante et l’entasse dans l’alambic de cuivre auprès du ruisseau. Son industrie éternise ce parfum des soirs de juillet et dans l’essence qui coule goutte à goutte, nous respirons encore toute la beauté de la fleur sacrifiée.

Jeune fille de la montagne, jeune fille courageuse et simple, regarde la lavande qui est le lys des champs. Elle te dira que tu n’as pas à regretter d’avoir grandi dans une ferme solitaire au pied des rochers. Certainement, le sentier qui mène chez toi n’est guère fréquenté et c’est de la vallée lointaine que montent le fracas des trains et le ronflement des moteurs, bruits de la civilisation. Mais dans cette tranquillité, on entend mieux la voix divine et c’est un privilège. Jeune fille, aime ta montagne car elle est inspiratrice et pure.

Elle te dira aussi qu’il est en toi un parfum digne d’éternité, c’est ton âme.

Avant que s’épanouisse en toi la joyeuse certitude de cette éternité, il te faudra peut-être, comme la fleur, renoncer à toi-même et beaucoup souffrir. Mais c’est dans ces épreuves que Dieu te montrera les vraies valeurs de la vie et que tu pourras t’attacher à ce qui demeure.

Voilà ce que te dira la fleur des montagnes.

Jean Cadier


Raphaël,
frère de la Communion Béthanie

Pause méditation du 19 juin 2023

Une méditation proposée par notre frère Raphaël.

Rendez-vous avec l’espérance…

Les textes bibliques montrent que l’espérance est inséparable de la confrontation au mal et à la souffrance, et qu’elle est orientée vers un futur que l’on ne peut complètement prévoir, mais qui est annoncé et d’une certaine manière déjà là, comme une imminence. Si l’espérance suppose de prendre la mesure des dangers actuels, elle enseigne aussi à habiter le présent et à croire en l’avenir, sans ressasser le passé et en abandonnant toute rancœur. Elle est enfin, ce dont notre âme a faim et dont l’absence nous rend amers ou violents. Comme l’amour dans le Cantique des cantiques, l’espérance redonne de la vie à notre corps que le désir avait déserté (…)

L’attente qu’implique l’espérance n’a rien à voir avec celle qui est propre à l’espoir. (…) Dans l’espoir, nous sommes encore préoccupés de nous-même et habitons le monde ou regardons les autres en fonction de ce que nous voulons obtenir. (…) Cet espoir est un désespoir qui s’ignore. (…) Au contraire, l’espérance suppose que nous ne demandions rien pour nous-mêmes ; l’attente et l’horizon qu’elle ouvre pour le sujet qui a confiance en l’avenir et se sent porté par cette confiance en dépit des difficultés se situent sur un autre plan. (…)

L’espérance est la certitude que quelque chose est déjà là, même si les évènements semblent donner tort à celles et ceux qui annoncent un progrès, c’est-à-dire une évolution positive inévitable et irréversible. L’espérance confère cette plénitude parce que, dans l’espérance, je n’attends rien pour moi-même, mais suis déjà exaucé, quelles que soient par ailleurs les insatisfactions que je peux éprouver dans les différents domaines de ma vie.

Corine Pelluchon, L’espérance, ou la traversée de l’impossible, Editions Payot & Rivages, 2023.

Raphaël,
frère de la Communion Béthanie.

Pause méditation du 9 janvier 2023

Une méditation sélectionnée par notre frère Raphaël.

Notre pain, celui qui est surnaturel, donne-le-nous aujourd’hui

Je vous propose cette semaine de suivre la méditation de Simone Weil (1909-1943) au sujet du Notre Père. Elle nous offre ici, plus particulièrement, sa vision de la demande du pain quotidien qui a été diversement traduite et reçue au cours de l’histoire.

Le Christ est notre pain. Nous ne pouvons le demander que pour maintenant. Car il est toujours là, à la porte de notre âme, qui veut entrer, mais il ne viole pas le consentement. Si nous consentons à ce qu’il entre, il entre; dès que nous ne voulons plus, aussitôt, il s’en va. Nous ne pouvons pas lier aujourd’hui notre volonté de demain, faire aujourd’hui un pacte avec lui pour que demain il soit en nous même malgré nous. Notre consentement à sa présence est la même chose que sa présence. Le consentement est un acte, il ne peut être qu’actuel. (…) C’est le consentement, le oui du mariage. Un oui prononcé dans l’instant, mais prononcé comme une parole éternelle, car c’est le consentement à l’union du Christ avec la partie éternelle de notre âme.

Il nous faut du pain. Nous sommes des êtres qui tirons continuellement notre énergie du dehors, car à mesure que nous la recevons nous l’épuisons dans nos efforts. Si notre énergie n’est pas quotidiennement renouvelée, nous devenons sans force et incapables de mouvement. En dehors de la nourriture proprement dite, au sens littéral du mot, tous les stimulants sont pour nous des sources d’énergie. L’argent, l’avancement, la considération, les décorations, la célébrité, le pouvoir, les êtres aimés, tout ce qui met en nous de la capacité d’agir est comme du pain. Si un de ces attachements pénètre assez profondément en nous, jusqu’aux racines vitales de notre existence charnelle, la privation peut nous briser et même nous faire mourir. On appelle cela mourir de chagrin. C’est comme mourir de faim. Tous ces objets d’attachement constituent, avec la nourriture proprement dite, le pain d’ici-bas. Il dépend entièrement des circonstances de nous l’accorder ou de nous le refuser. Nous ne devons rien demander au sujet des circonstances, sinon qu’elles soient conformes à la volonté de Dieu. Nous ne devons pas demander le pain d’ici-bas.

(…)

Nous devons demander cette nourriture (le pain « céleste »). Au moment que nous la demandons et par le fait même que nous la demandons, nous savons que Dieu veut nous la donner. Nous ne devons pas supporter de rester un seul jour sans elle (…) (mais) nous ne pouvons pas en faire des provisions.

Simone Weil, in Le Notre père, Bayard, mars 2017.

Raphaël,
frère de la Communion Béthanie

Pause méditation du 14 novembre 2022

Une prière sélectionnée par notre frère Raphaël.

Le Dieu de nos routes

Lorsque nous parcourons la Bible, nous découvrons qu’un autre nous rejoint, un plus grand que nous qui mystérieusement s’abaisse jusqu’à nous, un étranger qui nous rejoint sur nos chemins et se fait tout proche de nous, un visiteur qui nous fait l’offrande d’une présence et se retire aussitôt, un murmure qui chante dans nos silences et qui est plus léger qu’un souffle, une présence qui parfois se fait absence.

Mais voilà mon assurance : Il est le Dieu de la libération des opprimés et de la traversée du désert. Il est le Dieu de ceux qui fuient en exil et qui espèrent un retour. Il est le Dieu de Jésus dans ses déambulations sur les routes de Galilée ou lors de sa montée à Jérusalem. Il est le Dieu des premiers chrétiens envoyés dans le monde pour annoncer la bonne nouvelle. Il est le Dieu des détours et des routes sinueuses. Il est le Dieu des sommets ensoleillés et des vallées obscures.

Et toujours, Il est le Dieu du pardon,
Toujours, Il est celui qui relève et met en route.

Francine Carillo

Raphaël,
frère de la Communion Béthanie

Pause méditation du 27 juin 2022

Une méditation proposée par notre frère Raphaël

Dans le train

Ce matin dans le train bondé, il y avait une petite fille et sa maman.
Une petite fille difforme.
Toute petite, un peu grosse, avec des bras très courts et des mains minuscules, une grosse tête et d’épaisses lunettes.

Elle portait un t-shirt Dragon-Ball Z comme on en portait dans les années 90. Elle n’avait rien des petites filles à la mode qu’on croise parfois en ville avec le sac à dos dernier cri, des chaussures de marques flambant neuves ou même parfois…un smartphone !

Elle était assise à côté de moi, entre le pauvre type en route pour le boulot qui ne sait jamais bien ce qu’il fait là (moi, donc…) et sa maman.

Elle ne savait rien dire d’autre semble-t-il que mama…ma…ma…mama….ma-ma…mama…

Pris dans mon train-train quotidien, dans le TER rien de plus banal, je suis monté en regardant mes pieds, ou mon smartphone ou, non, ce matin j’avais le nez dans mon bouquin… peu importe. Dans le flot de voyageurs entassés là, je n’ai pas vu cette enfant.

Mais au bout de quelques minutes, elle m’a dérangé !
Me comprenez-vous? Elle m’a dé-rangé !

Je ne pouvais pas rester le nez dans mon livre à tenter de m’évader dans un univers qui n’était pas le mien. Je ne pouvais plus essayer d’échapper à mon quotidien pas forcément agréable du TER bondé en pleine canicule. Il y avait une enfant qui criait. Qui criait fort : mama ! ma…ma…ma-ma ! mama !

Mais enfin, personne n’allait faire taire cette enfant ! Je ne peux pas me concentrer sur ma lecture. Je mérite bien un peu de tranquillité, je vais quand même passer les huit prochaines heures au boulot !

Et bien non ! Personne ne l’a fait taire. Mieux, sa maman la regardait avec une infinie tendresse et lui répondait encore plus tendrement des mots très doux en espagnol que je n’ai pas compris.

Alors… alors j’ai rangé mon livre.
Et je n’ai plus rien fait.

J’ai regardé cette petite. Dérangeante. Déroutante. J’ai regardé cet échange incroyable qu’elle avait avec sa mère. Juste avec cette syllabe répétée en continu : ma…ma…ma… rien d’autre !

Quand le train est arrivé en gare, je les ai regardées descendre, main dans la main. Je les ai trouvées magnifiques. Oui oui, même la petite fille, si différente pourtant des codes de beauté. J’ai senti en regardant cette petite main boudinée dans celle de sa maman un tel amour ! J’ai pensé : cette petite est invincible ! Le monde ne peut rien contre elle, aucune méchanceté ne pourra l’atteindre. Parce qu’elle est aimée. De sa maman. De Dieu aussi.

Et ce soir, c’est à lui que je rends grâce pour cette rencontre. Pour cet inattendu. Pour la vie de cette petite fille qui a rencontré la mienne. Et tant d’autres… Pour cette petite fille pas très jolie qui a changé ma journée.
Merci mon Dieu de savoir si bien nous surprendre au détour de nos journées, toi l’Inattendu absolu. Toi qui nous aime.

Raphaël,
frère de la Communion Béthanie

Pause méditation du 25 avril 2022

Une méditation sélectionnée par notre frère Raphaël.

Le dit de Cléophas d’Emmaüs

Marchions fourbus
vers Emmaüs,
le profil bas
à reculons
avec nos pas
de feuilles mortes.

Marchions si las
clopin-clopant.
Le ciel aussi
boitait si bas
sans horizon.

Nous rejoignit
un inconnu
nous questionnant
sur nos tourments.

Le soir tombait
mais l’étranger
trouvait des mots
comme des lampes.

Des mots si simples
et si immenses,
c’étaient des portes
à deux battants
qui nous ouvraient
les Écritures.

Or, parvenus
au carrefour,
à la pliure
du grand livre,
sans un détour
il fit semblant
de s’éloigner
nous laissant seuls
abasourdis
avec nos cœurs
meurtris, brûlants.

Où irions-nous
si tu t’en vas ?
Reste avec nous !
Vois : l’ombre
gagne
sur nos jours.
Reste avec nous
quand tout
s’éloigne.

Sur le chemin
de la déroute
tu as des mots
qui nous éclairent
et qui dissipent
notre doute.
Voici l’auberge
où nous refaire.
Ta compagnie
nous avoisine ?

A peine entré,
notre invité
passa commande
à la serveuse,
et nous, ses hôtes,
vîmes le Maître
rompre le pain
avec un geste
rayonnant
d’infinitude,
mais reconnu
il disparut
laissant la table
ouverte à tous.

Foi de disciples,
à n’y pas croire !
C’était donc lui
notre Sauveur
et notre ami
encore tout frais
ressuscité
et nous restés
à nos tombeaux !

Gilles Baudry
Demeure le veilleur
éditions Ad Solem, 2013



Arcabas
Les disciples d’Emmaüs

3e dimanche de l’Avent 2021

Méditation pour le temps de l’Avent proposée par les sœurs et les frères de la Communion Béthanie.

« Que devons-nous faire ? »

En ce temps-là,
les foules qui venaient se faire baptiser par Jean lui demandaient :
« Que devons-nous faire ? »
Jean leur répondait :
« Celui qui a deux vêtements,
qu’il partage avec celui qui n’en a pas ;
et celui qui a de quoi manger,
qu’il fasse de même ! »
Des publicains, c’est-à-dire des collecteurs d’impôts,
vinrent aussi pour être baptisés ;
ils lui dirent :
« Maître, que devons-nous faire ? »
Il leur répondit :
« N’exigez rien de plus que ce qui vous est fixé. »
Des soldats lui demandèrent à leur tour :
« Et nous, que devons-nous faire ? »
Il leur répondit :
« Ne faites violence à personne,
n’accusez personne à tort ;
et contentez-vous de votre solde. »
Or le peuple était en attente,
et tous se demandaient en eux-mêmes
si Jean n’était pas le Christ.
Jean s’adressa alors à tous :
« Moi, je vous baptise avec de l’eau ;
mais il vient, celui qui est plus fort que moi.
Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales.
Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu.
Il tient à la main la pelle à vanner
pour nettoyer son aire à battre le blé,
et il amassera le grain dans son grenier ;
quant à la paille,
il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas. »
Par beaucoup d’autres exhortations encore,
il annonçait au peuple la Bonne Nouvelle.

Luc 3, 10-18

Dans la continuité d’une retraite particulièrement nourrissante, vécue le week-end dernier, nous offrons ici le fruit d’un partage à la résonance de vos cœurs.

Puissent ces mots être pour vous parole de Vie…

L’Évangile de ce jour est fait de dialogue et de rencontres.
Jean le Baptiste est là. Différents groupes de personnes viennent à lui et l’interrogent.

Que leur dit-il ?
A chacun d’eux, il propose une réflexion, un travail à partir de ce qui lui est essentiel.

Il invite la foule, nous, le monde, au partage des ses biens fondamentaux.
Les publicains à la justice et à l’équité.
Les soldats à la bienveillance.

Il renvoie l’être à ce qui lui est fondamental : l’Amour qui doit habiter nos actes, même les plus fonctionnels. Chaque action peut être orientée vers l’Amour.

La Communion Béthanie aurait pu aussi interroger : qu’est-ce qui est notre essentiel aujourd’hui ?

Jean qu’as tu à nous dire ?
Comme le peuple d’alors, nous sommes en attente… Mais en attente de quoi ?
Comment dès maintenant pouvons-nous renouveler notre regard sur Noël ?
Que désirons-nous célébrer au plus profond de nous même en ces jours ?

Oserons-nous faire le pari de célébrer quelque chose de neuf cette année ? Quelque chose qui serait véritablement pour nous, pour moi, Bonne Nouvelle ?

Lætitia et Raphaël
sœur et frère de la Communion Béthanie

1er dimanche de l’Avent 2021

Méditation pour le temps de l’Avent proposée par les sœurs et les frères de la Communion Béthanie.

Il suffira des signes

En ce temps-là, Jésus parlait à ses disciples de sa venue : Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur terre, les nations seront affolées et désemparées par le fracas de la mer et des flots. Les hommes mourront de peur dans l’attente de ce qui doit arriver au monde, car les puissances des cieux seront ébranlées. Alors, on verra le Fils de l’homme venir dans une nuée, avec puissance et grande gloire. Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche. Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s’alourdisse dans les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie, et que ce jour-là ne tombe sur vous à l’improviste comme un filet ; il s’abattra, en effet, sur tous les habitants de la terre entière. Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous aurez la force d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme.
Lc, 21, 25-28, 34-36

En ces temps d’appréhension face à l’avenir, la lecture de ce texte nous semble d’une actualité redoutable.

Le vocabulaire employé évoque un événement cosmique (qui implique la totalité du cosmos) : soleil, lune, étoiles, nations, mer, flots, terre…
En même temps, il s’agit d’une mise en garde : Les hommes mourront de peur dans l’attente de ce qui doit arriver au monde : peur, attente, ébranlement… Il se pourrait que nous nous enfermions dans le malheur du monde ou le nôtre.
N’y aurait-il que ça à voir dans les signes ? Rien à voir au-delà ?
Ne sommes-nous pas invités à redresser la tête, à nous tenir debout ? Car c’est bien cela qui est en jeu : notre accomplissement, notre rédemption, ou comment nous serons rendus à notre être véritable.

Pour cela, il faut commencer par porter notre regard au loin, nous laisser traverser par le Souffle de Vie qui nous entraîne au-delà de nos soucis et de nos crispations. Nous tenir debout devant le Fils de l’Homme, nous tenir accomplis face à ce Dieu qui nous rejoint pour nous parler face à face !

Quelle vocation pour l’Humain !

Alors, cette semaine, que verrons-nous autour de nous ? Les signes d’une catastrophe annoncée ? Ou les signes annonciateurs d’une naissance, d’une vie nouvelle, d’une vie en abondance que nous annonce la venue du Fils de l’Homme ?

Lætitia et Raphaël,
sœur et frère de la Communion Béthanie

barreaux prison

Pause méditation du 1er février 2021

Une méditation proposée par notre frère Raphaël.

Heureux les pauvres
Pas les fauchés
Mais ceux dont le cœur est libre.

Heureux ceux qui pleurent
Pas ceux qui pleurnichent
Mais ceux qui crient.

Heureux les doux
Pas les mous
Mais les patients et les tolérants.

Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice
Pas ceux qui braillent
Mais ceux qui luttent.

Heureux les miséricordieux
Pas ceux qui oublient
Mais ceux qui pardonnent.

Heureux les cœurs purs
Pas ceux qui font les anges
Mais ceux dont la vie est transparente.

Heureux les pacifiques
Pas ceux qui éludent les conflits
Mais ceux qui les affrontent.

Heureux les persécutés pour la justice
Non parce qu’ils souffrent
Mais parce qu’ils aiment.

Thierry Grenier,
aumônier régional des prisons région pénitentiaire de Lyon,
in Réveil, presse régionale protestante janvier 2021.

monde, univers

Pause méditation du 26 octobre 2020

Une méditation proposée par notre frère Raphaël.

« Aimer le monde »

Comment pouvons-nous ne pas aimer le monde si ce monde est un don que le Père a fait au Fils et qu’il a créé pour Lui, le Lui remettant, et le Lui destinant ? Comment pouvons-nous ne pas aimer le monde, si Dieu lui-même l’a aimé au point de lui donner son Fils bien-aimé ?
Comment pouvons-nous ne pas aimer le monde, si ce monde est la matière par laquelle nous devons construire le Royaume de Dieu ?

Les anciens auteurs chrétiens disaient : « En Dieu il y a un abîme de paternité », car le Père regarde toujours miséricordieusement notre monde avec toutes ses peines, ses péchés et sa perdition et donne son fils premier-né afin que le monde soit sauvé et renouvelé.
Le regard du père doit devenir notre regard sur le monde et sur ce qui s’y passe, même le mal, « car le Dieu Tout-Puissant (…), puisqu’il est souverainement bon, ne laisserait jamais un mal quelconque exister dans ses œuvres s’il n’était assez puissant et bon pour faire sortir le bien du mal lui-même. » Saint Augustin.

« Nous savons d’autre part que tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu. » Rm 8,28

Donc, dans le monde, pour un cœur qui aime Dieu, rien ne s’oppose à Lui, si ce n’est le péché, commis et poursuivi consciemment en tant qu’objectif.
Lorsque quelqu’un décide délibérément de faire le mal, il se place contre Dieu et contre le monde. Il n’y a rien dans le monde qui soit un obstacle à notre rapport avec Dieu, si ce n’est le mal volontairement accompli. Et même ce mal – une fois commis – devient pour Dieu l’occasion d’en tirer du bien.
Un chrétien sait que le mal existe, mais il ne se laisse jamais arrêté par lui.

Prier dans le monde de Antonio-Maria Sicardi, o.c.d.
hors-série Vives Flammes, Éditions du Carmel, 2015.

beauté humanité Jésus

Pause méditation du 28 septembre 2020

Une méditation proposée par notre frère Raphaël.

« Dieu doit toujours rester pour nous en chantier. »

Dire d’un homme qu’il est Dieu n’a pas en soi grand intérêt.

Il en va différemment lorsque nous confessons que l’homme qui est Dieu est un homme crucifié. Nous avons à confesser et penser Dieu à partir du Crucifié. On peut essayer de dédouaner Dieu de la souffrance de Jésus en faisant de l’humanité de Jésus le seul lieu de sa souffrance, en empêchant que cette question ne déborde ce cadre. Mais nous pouvons aller plus loin : penser que la souffrance de Jésus affecte, change, bouleverse ce que nous savons de la réalité même de Dieu. En Jésus, c’est Dieu lui-même qui est engagé dans la souffrance. La Croix ne nous contraint-elle pas à changer notre représentation de Dieu ?

Au cours des premiers siècles de l’histoire de l’Église, plusieurs croyants ont estimé que Jésus ne pouvait pas être Dieu égal au Père. Cette thèse pouvait être soutenue à partir des limites dont témoigne la vie historique de Jésus : celui-ci ignore, par exemple, le jour du Jugement, Jésus se fatigue, Jésus connaît l’angoisse. Tous ces aspects de la vie du Christ sont jugés incompatibles avec l’affirmation de sa divinité. La foi de l’Église n’a pas retenu ce point de vue. Ce qui est en jeu dans ce débat est plus la nature de Dieu que l’humanité de Jésus. Lorsqu’on dit de Dieu qu’il est infini, incommensurable, immuable, sans commencement ni origine, etc., on comprend ces affirmations de telle sorte que Dieu ne peut pas entrer dans nos limites humaines.

Or, pour la foi chrétienne, être limité, souffrant, affecté par l’ignorance et l’angoisse, tous ces modes humains d’exister n’ont pas été jugés incompatibles avec le fait d’être Dieu puisque nous confessons de Jésus qu’il est Dieu Fils de Dieu. Autrement dit, il ne faut pas partir de notre idée de Dieu, qu’elle soit philosophique ou même issue de l’Ancien Testament, pour déclarer que Jésus est Dieu, Fils de Dieu, mais il nous faut réinventer notre idée de Dieu à partir de l’humanité de Jésus, et donc aussi de l’humanité crucifiée de Jésus. Il nous faut perpétuellement remettre en cause nos représentations de Dieu à partir de Jésus. Dieu doit toujours rester pour nous en chantier.


Alain Durand
in Dieu choisit le dernier
Éditions du Cerf, 2010.

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