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Pause méditation du 27 juin 2022

Pause méditation du 27 juin 2022

Une méditation proposée par notre frère Raphaël

Dans le train

Ce matin dans le train bondé, il y avait une petite fille et sa maman.
Une petite fille difforme.
Toute petite, un peu grosse, avec des bras très courts et des mains minuscules, une grosse tête et d’épaisses lunettes.

Elle portait un t-shirt Dragon-Ball Z comme on en portait dans les années 90. Elle n’avait rien des petites filles à la mode qu’on croise parfois en ville avec le sac à dos dernier cri, des chaussures de marques flambant neuves ou même parfois…un smartphone !

Elle était assise à côté de moi, entre le pauvre type en route pour le boulot qui ne sait jamais bien ce qu’il fait là (moi, donc…) et sa maman.

Elle ne savait rien dire d’autre semble-t-il que mama…ma…ma…mama….ma-ma…mama…

Pris dans mon train-train quotidien, dans le TER rien de plus banal, je suis monté en regardant mes pieds, ou mon smartphone ou, non, ce matin j’avais le nez dans mon bouquin… peu importe. Dans le flot de voyageurs entassés là, je n’ai pas vu cette enfant.

Mais au bout de quelques minutes, elle m’a dérangé !
Me comprenez-vous? Elle m’a dé-rangé !

Je ne pouvais pas rester le nez dans mon livre à tenter de m’évader dans un univers qui n’était pas le mien. Je ne pouvais plus essayer d’échapper à mon quotidien pas forcément agréable du TER bondé en pleine canicule. Il y avait une enfant qui criait. Qui criait fort : mama ! ma…ma…ma-ma ! mama !

Mais enfin, personne n’allait faire taire cette enfant ! Je ne peux pas me concentrer sur ma lecture. Je mérite bien un peu de tranquillité, je vais quand même passer les huit prochaines heures au boulot !

Et bien non ! Personne ne l’a fait taire. Mieux, sa maman la regardait avec une infinie tendresse et lui répondait encore plus tendrement des mots très doux en espagnol que je n’ai pas compris.

Alors… alors j’ai rangé mon livre.
Et je n’ai plus rien fait.

J’ai regardé cette petite. Dérangeante. Déroutante. J’ai regardé cet échange incroyable qu’elle avait avec sa mère. Juste avec cette syllabe répétée en continu : ma…ma…ma… rien d’autre !

Quand le train est arrivé en gare, je les ai regardées descendre, main dans la main. Je les ai trouvées magnifiques. Oui oui, même la petite fille, si différente pourtant des codes de beauté. J’ai senti en regardant cette petite main boudinée dans celle de sa maman un tel amour ! J’ai pensé : cette petite est invincible ! Le monde ne peut rien contre elle, aucune méchanceté ne pourra l’atteindre. Parce qu’elle est aimée. De sa maman. De Dieu aussi.

Et ce soir, c’est à lui que je rends grâce pour cette rencontre. Pour cet inattendu. Pour la vie de cette petite fille qui a rencontré la mienne. Et tant d’autres… Pour cette petite fille pas très jolie qui a changé ma journée.
Merci mon Dieu de savoir si bien nous surprendre au détour de nos journées, toi l’Inattendu absolu. Toi qui nous aime.

Raphaël,
frère de la Communion Béthanie

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