Une méditation sélectionnée par notre frère Raphaël.
Regardant la terre, le vigneron se disait :
« Le sol travaille dans l’ombre pour nourrir des racines. Mais que deviennent ces racines ? Le sol n’y voit rien, il sait seulement qu’au-delà de lui-même poussent des ceps. »
Travaillant sa vigne, il se disait :
« Voilà qu’au fil des saisons, les ceps se développent et cachent encore des fruits à venir. Mais pourquoi ces grappes ? La vigne n’y goûte pas, elle sait seulement qu’au-delà d’elle-même, il y a la joie des vendanges. »
En pressant sa vendange, il se disait encore :
« Voilà que les raisins patiemment cultivés sont maintenant tout écrasés. Que va devenir ce moût sucré ? La vendange n’en sait rien, peut-être devine-t-elle qu’au-delà d’elle-même on attend le bon vin. »
En mettant son vin en bouteilles, il se disait encore :
« Voilà que ce vin sera maintenant consommé. Chaque bouteille sera partagée entre amis ou dégustée en tête-à-tête. Que devient le vin une fois bu ? Son au-delà lui échappe, mais celui qu’il préfère, c’est la convivialité. »
Le vigneron se disait finalement:
« L’au-delà est toujours devant soi. C’est ce que l’on devient au-delà de soi-même lorsqu’on est généreux, comme un sol, comme un cep, comme une vendange et un vin. »
Blaise Perret