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Pause méditation du 17 janvier 2022

Pause méditation du 17 janvier 2022

Une méditation sélectionnée par notre sœur Isabelle.

L’Amour n’a pas d’autre puissance que celle de se manifester dans l’impuissance

Dans ma communauté évangélique, je réalise que nous témoignons toujours de notre foi au culte, mais seulement une fois qu’on a dépassé les épreuves.

Jamais on ne témoigne au moment-même où on nage en plein doute ou en plein désespoir.
Et si c’était différent ? Et si on osait cette parole vraie ?

Ce sont les paroles et les questions échangées avec une personne la semaine dernière en toute confiance et authenticité.

J’évoquais alors avec elle que cela me faisait penser à une sorte de théologie de la « toute-puissance ».

La foi qui gagne toujours, la persévérance de la prière toujours exaucée, les bénédictions de Dieu qui finissent toujours par être données.

On ne peut que témoigner quand on a « réussi » d’une certaine manière.

Oui mais alors…

Qu’en est-il quand les personnes n’y arrivent tout simplement pas ?
Ce sont quoi des loosers de Dieu ?
Quand la prière n’est plus possible ?
Quand la Bible ne nous parle plus ?
Quand on faillit et qu’on n’arrive plus à se relever ?
Quand justice n’est pas faite ?
Quand on finit même par envisager le suicide ?

Les évangiles ne témoignent-ils pas justement d’une forme profonde d’impuissance de Dieu parfois ?
Qu’en est-il du massacre des enfants à Bethléem… que Dieu n’a pas pu éviter ?
De l’assassinat injuste de Jean le Baptiste… que Dieu n’a pas pu éviter ?
De Jésus lui-même qui doit souvent fuir des situations où sa vie est menacée… et que finalement Dieu n’a pas pu éviter comme le raconte la passion du Christ ?

Pourquoi ?

Pourquoi un frère doit-il perdre sa sœur, unique membre de sa famille qui lui reste, au moment où lui-même devient père ?
Et il devrait être d’accord avec ça et abdiquer devant Dieu dont les voies sont impénétrables ?

Pourquoi une femme doit-elle mourir sous les coups de son conjoint face à ses enfants et on dirait que Dieu a mis cela dans son plan ?

Pourquoi un enfant doit-il être violé par son oncle et entendre que Dieu a des projets de bonheur ?

Où es-tu Seigneur lorsque l’obscurité se fait si forte et semble si toute-puissante, elle ?

Moi aussi, face à ces questions ultimes, je ne sais pas !
Moi aussi je crie à l’injustice…mais la vie est-elle juste ?
Ne faisons-nous pas l’expérience en permanence que non ?

Alors pourquoi Seigneur ?

Quelque chose monte pourtant en moi là tout au fond…sous forme de question.

Notre indignation, notre sentiment d’injustice, notre cri de désespoir, ne sont-ils pas les signes qui nous rappellent justement ce qui est si essentiel et précieux à nos yeux ?

Nous ne ressentirions pas toutes ces émotions si cela n’avait pas une importance vitale pour nous n’est-ce pas ?

N’est-ce pas justement parce que mon cœur ressent, souffre, résonne avec tout l’univers que je suis vivante et vivant et que je comprends que j’aime profondément ?

Savais-tu qu’une personne psychopathe ou perverse narcissique est privée de toute émotion et de tout sentiment ?

Elle ne ressent littéralement aucune empathie ni pour les autres, ni pour elle-même.

Oh elle peut parfaitement te faire croire que oui, mais en réalité rien, c’est le vide émotionnel.

J’avoue que je n’y croyais pas jusqu’à l’année dernière, pourtant cela existe bel et bien malheureusement.
C’est comme si l’obscurité les avait englouties avec elles.
Et comme un trou noir, elles vont aspirer toute lumière et vie qui s’approcheraient trop d’elles.

A Noël, nous le savons, la nuit se fait plus longue de manière culminante…
L’obscurité semble tout envelopper.

L’origine du Noël chrétien s’appuie sur une fête païenne qui célébrait le retour du Dieu soleil dans cette période justement.

Nos récits de Noël racontent à leur manière la naissance de ce Dieu qui va s’incarner dans le Christ justement lors d’une nuit noire.

Une toute petite lueur dans l’obscurité du monde…qui a pourtant le pouvoir immense de l’éclairer si on la met bien en hauteur, pour que tout le monde la voie.

Un Dieu qui dès le commencement est tributaire de la vie et des autres.
Car si Marie n’avait pas accueilli en son sein ce petit être… Rien !

Si Joseph n’avait pas accueilli Marie dans sa situation périlleuse, elle serait probablement morte lapidée.
Si l’aubergiste n’avait pas laissé le couple s’installer dans la crèche, le bébé serait peut-être mort dans le froid…
Ou par l’épée sanglante de la main d’un soldat d’Hérode…

La foi dans ces récits (au-delà de leur véracité historique) n’a pour moi rien avoir avec le fait de bien lire la Bible, de bien prier ou d’être dans une relation juste à Dieu.

La foi dans ces récits évoque des attitudes et des actes qui marquent une profonde confiance en Dieu malgré les situations justement extra-ordinaires ou hors-normes.

Des femmes et des hommes qui se mettent à l’écoute de leur cœur et des messagers (anges) qu’ils reconnaissent comme venant de la part de Dieu…

…Quand bien même cela ne semble pas forcément cohérent avec la Parole de la Torah !

Les versets ne sont pas nombreux et pourtant, n’entendez-vous pas le profond doute qui submerge Marie, Joseph, les mages dans les évangiles ?

Leurs résistances intérieures ? Tous les comment cela se fera-t-il ? Leurs peurs ?

Ils témoignent justement de ce moment profond de questionnement sur le désir (volonté) de Dieu et le sens des événements.

Une comédienne très connue en Suisse, Claude-Inga Barbey a dit un jour :
« Quand je ne sais pas quoi faire dans une situation, je me demande toujours ce que ferait l’Amour ? »

Je crois que c’est une des plus belles phrases que j’aie entendu sur la foi !
C’est pour moi un résumé parfait de la Voie de l’Amour du Christ.

On s’apercevra alors que souvent l’Amour n’a pas d’autre puissance que celle de se manifester dans l’impuissance.

L’Amour révèle ce qu’il y a d’essentiel dans notre vie et dans la vie tout court.
Et si c’est essentiel c’est peut-être précisément parce que c’est fragile et vulnérable.
Car alors, il faut déployer tout notre être pour le préserver et lui trouver un abri.

A Noël, nous célébrons un Dieu impuissant qui a besoin de nous pour vivre mais qui est tout-puissant si nous Le laissons nous habiter pour traverser toutes nos épreuves.

L’Amour ne donne pas du sens au non-sens.
L’Amour donne une Présence dans le silence.

Oui, osons-nous dire, nous parler de ces moments de doute, d’obscurité et de peur.

Car ensemble, nous pouvons devenir un rempart d’Amour et témoigner d’une présence sororale et fraternelle dans notre vulnérabilité.

Alors là dans le secret, le Dieu tout puissant d’Amour se dévoilera sûrement.

Si tu as l’élan d’approfondir les questions sur « Les origines de Noël », découvre le texte de Karine Michel sur ma vidéo.

Dans l’élan de la Lumière qui guide nos pas jusqu’au mystère de Noël.


Carolina Costa,
pasteure protestante réformée,
que vous pouvez suivre sur carolina-costa.com

admin

1 comment so far

EmmanuelPublié le6:26 pm - Jan 17, 2022

Merci pour cette très belle interpellation de notre foi. Car c’est bien au plus profond de nos nuits que sa lumière, aussi faible soit-elle, nous guide et nous permet d’espérer l’aurore.