Une méditation proposée par notre frère Sylvain.
Cela se passe au début du XXe siècle, un poète autrichien, Rainer-Maria Rilke, habitait Paris et il se promenait souvent au jardin du Luxembourg.
Devant les grilles, il croisait une vieille mendiante qui se tenait là toute la journée et tendait la main. Il avait l’habitude de déposer une pièce dans cette main, mais la femmes restait toujours impassible, sans même lever le regard vers son bienfaiteur. Elle continuait, l’air blasé, à tendre la main.
Un jour, le poète raconte qu’il avait oublié son porte-monnaie. Ennuyé il ne voulait pas changer son habitude car il savait que faire l’aumône est un devoir de la vie chrétienne. Mais un poète est créatif ! Il eut l’idée de couper une fleur d’un des magnifiques rosiers du jardin et de la tendre devant la vieille mendiante.
Celle-ci prit la rose, fit le geste que tout le monde fait dans cette occasion, de humer le parfum de la rose, mais surtout elle leva les yeux vers le poète et lui sourit. Un sourire comme il n’en avait jamais vu. Puis elle prit son sac posé à terre et quitta les lieux, la rose dans la main.
Quand il racontait cette histoire vraie, le poète concluait toujours en disant que le sourire de cette femme lui avait appris la vraie joie et le sens de la vie. Cette femme attendait ce qui la ferait sourire, et une fois reçu ce cadeau gratuit, elle avait terminé sa journée !
Cette petite histoire vraie entendue pendant l’Avent ressemble à un joli conte de Noël !
Le sens de la vraie joie et de la vie, ne serait-ce pas de saisir dans nos journées ces moments de gratuité, de douceur, de paix qu’une simple rose cueillie et offerte peut apporter ?
Proclamer que c’est Noël, c’est dire que, par son Verbe fait chair, Dieu a dit son dernier mot, le plus profond et le plus beau de tous, qu’il l’a inséré au cœur du monde et que jamais il ne pourra le reprendre, parce qu’il est une action décisive de Dieu, parce qu’il est Dieu-même dans le monde. Et ce mot n’est autre que celui-ci : « O monde, je t’aime ! O hommes et femmes, je vous aime !
Karl Rahner, L’homme au miroir de l’année chrétienne, Mame, Tours 1966, pp. 24 et suivantes.
Discrètement, Dieu s’incarne dans nos vies. Noël n’est donc pas une fête pour gommer tout ce qui cloche, dérange, inquiète ou nous fait honte. C’est le moment pour expérimenter que nos problématiques de vie sont précisément des lieux de révélation et de nativité. Il n’y a donc plus à attendre que tout aille bien dans nos vies pour se réjouir. Noël est l’occasion de se réjouir, au cœur même de ce qui nous arrive.
Marie-Laure Durand, Prions en Église, décembre 2022, p 134.
Nous réjouir parce que nous ne sommes plus seuls. Comme cette pauvre femme, nous sommes reconnus, aimés et sauvés. Et cela de manière gratuite, sans mérite de notre part.
La crèche nous dit : Ici et maintenant, tu es aimé tel que tu es, pour toujours.
Gloire à Dieu et paix à l’humanité qu’il aime !
Je n’ai qu’une chose à oser faire : sourire à cet Amour !
Sylvain,
frère de la Communion Béthanie