Tout au long de ce Carême 2025 et jusqu’à Pâques, retrouvez les méditations proposées par notre frère Sébastien.
Lorsqu’ils approchèrent de Jérusalem, et qu’ils furent arrivés à Bethphagé, vers la montagne des Oliviers, Jésus envoya deux disciples, en leur disant : Allez au village qui est devant vous ; vous trouverez aussitôt une ânesse attachée, et un ânon avec elle ; détachez-les, et amenez-les-moi.
Si, quelqu’un vous dit quelque chose, vous répondrez : Le Seigneur en a besoin. Et à l’instant il les laissera aller.
Or, ceci arriva afin que s’accomplît ce qui avait été annoncé par le prophète :
Dites à la fille de Sion : Voici, ton roi vient à toi, Plein de douceur, et monté sur un âne, Sur un ânon, le petit d’une ânesse.
Les disciples allèrent, et firent ce que Jésus leur avait ordonné.
Ils amenèrent l’ânesse et l’ânon, mirent sur eux leurs vêtements, et le firent asseoir dessus.
La plupart des gens de la foule étendirent leurs vêtements sur le chemin; d’autres coupèrent des branches d’arbres, et en jonchèrent la route.
Ceux qui précédaient et ceux qui suivaient Jésus criaient : Hosanna au Fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna dans les lieux très hauts !
Lorsqu’il entra dans Jérusalem, toute la ville fut émue, et l’on disait : Qui est celui-ci ?
La foule répondait : C’est Jésus, le prophète, de Nazareth en Galilée.
Mathieu 21, 1-11
L’âne est l’humble qui soutient le Christ pour l’ultime rentrée dans la ville.
La tête basse, il se sait en marche vers le Haut.
Depuis l’enclos, toujours inutile, il s’était balancé au-dessus du vide de sa vie.
Il se sentait peureux. Le danger le guettait.
Si faible depuis que sa mère l’avait à ce point dressé contre le plaisir des chevaux.
Renonçant servile, il les apercevait pourtant bien, les autres.
Ânes aux enfants rieurs qui savaient se cabrer pour une carotte !
Qu’il est drôle ce monde qui se vit dans l’innocence du plaisir.
Comment peut-on galoper quand on ne connaît pas la route, déclamer quand on sait combien la joie s’effrite ?
Il s’y était essayé pourtant, à marcher à l’abri du troupeau des autres.
Mais il ne résistait jamais bien longtemps.
Il reprenait toujours une bassesse mystérieuse.
Il se redéplaçait à l’envers.
Il pressentait son destin d’humble grandi.
Il ne sait toujours pas pourquoi il fut choisi ce jour-là.
Un éclair, une lumière. Il était seul sous le porche.
Un jour tout ordinaire pour lui, à l’abri de l’olivier.
Puis soudain, la foule avait grandi de joie.
Une clameur, des regards partout posés sur cet homme au manteau aveuglant, son compagnon de route.
L’évidence lui avait rendu sa fierté.
Sa main l’avait effleuré comme une caresse immensément soignante.
Il n’avait jamais ressenti l’âme d’une peau. Elle exhalait.
Enfin sa petite gloire à lui de servir le Seigneur,
Sa joie immense d’animal déclassé d’être le premier sous Lui.
Libre et fier enfin, ce petit d’âne sur le tapis des rameaux.
Comme tu m’es modèle, toi le gris des champs, quand tu crois enfin à ta dignité.
Merci Seigneur de m’avoir relevé.
Sébastien,
frère de la Communion Béthanie
Tout au long de ce Carême 2021 et jusqu’à Pâques, retrouvez les méditations du collectif LGBT+ & Croyant·e·s Anjou.
Quelle est ma place dans cette foule criant vers cet homme sur l’âne ?
A quel cri ma voix va-t-elle s’associer, celui de la louange, celui de l’espoir, celui de la détresse ?
Où suis-je dans cette foule, au premier rang, parmi les disciples ?
En réalité ma place c’est celle de l’âne.
Dans l’Ancien Testament, l’âne et l’homme vivent la même condition puisqu’ils étaient les deux seuls êtres vivants à ne pouvoir être sacrifiés.
Comme il est dit au début de l’Évangile, le Christ a « besoin de l’âne » mais en réalité c’est de l’Homme dont il a besoin. L’homme entier, sincère avec, comme l’écrivit Michel Rondet, un grand jésuite disparu le mois dernier, la reconnaissance de sa « ressemblance particulière ».
La célébration des rameaux vient ainsi nous rappeler que derrière tous nos cris, le Christ nous invite à nous retrouver autour de notre humanité propre, en communion avec lui.