Tout au long de ce Carême 2025 et jusqu’à Pâques, retrouvez les méditations proposées par notre frère Sébastien.
En ce temps-là,
les publicains et les pécheurs
venaient tous à Jésus pour l’écouter.
Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui :
Cet homme fait bon accueil aux pécheurs,
et il mange avec eux !
Alors Jésus leur dit cette parabole :
Un homme avait deux fils.
Le plus jeune dit à son père :
Père, donne-moi la part de fortune qui me revient.
Et le père leur partagea ses biens.
Peu de jours après,
le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait,
et partit pour un pays lointain
où il dilapida sa fortune en menant une vie de désordre.
Il avait tout dépensé,
quand une grande famine survint dans ce pays,
et il commença à se trouver dans le besoin.
Il alla s’engager auprès d’un habitant de ce pays,
qui l’envoya dans ses champs garder les porcs.
Il aurait bien voulu se remplir le ventre
avec les gousses que mangeaient les porcs,
mais personne ne lui donnait rien.
Alors il rentra en lui-même et se dit :
Combien d’ouvriers de mon père ont du pain en abondance,
et moi, ici, je meurs de faim !
Je me lèverai, j’irai vers mon père,
et je lui dirai :
Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi.
Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.
Traite-moi comme l’un de tes ouvriers.
Il se leva et s’en alla vers son père.
Comme il était encore loin,
son père l’aperçut et fut saisi de compassion ;
il courut se jeter à son cou
et le couvrit de baisers.
Le fils lui dit :
Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi.
Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.
Mais le père dit à ses serviteurs :
Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller,
mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds,
allez chercher le veau gras, tuez-le,
mangeons et festoyons,
car mon fils que voilà était mort,
et il est revenu à la vie ;
il était perdu,
et il est retrouvé.
Et ils commencèrent à festoyer.
Or le fils aîné était aux champs.
Quand il revint et fut près de la maison,
il entendit la musique et les danses.
Appelant un des serviteurs,
il s’informa de ce qui se passait.
Celui-ci répondit :
Ton frère est arrivé,
et ton père a tué le veau gras,
parce qu’il a retrouvé ton frère en bonne santé.
Alors le fils aîné se mit en colère,
et il refusait d’entrer.
Son père sortit le supplier.
Mais il répliqua à son père :
Il y a tant d’années que je suis à ton service
sans avoir jamais transgressé tes ordres,
et jamais tu ne m’as donné un chevreau
pour festoyer avec mes amis.
Mais, quand ton fils que voilà est revenu
après avoir dévoré ton bien avec des prostituées,
tu as fait tuer pour lui le veau gras !
Le père répondit :
Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi,
et tout ce qui est à moi est à toi.
Il fallait festoyer et se réjouir ;
car ton frère que voilà était mort,
et il est revenu à la vie ;
il était perdu,
et il est retrouvé !
Luc 15, 1-3.11-32
Longtemps je t’ai craint.
Viril et barbu, aux mains abîmées par le travail de la vigne et l’usine.
Rudesse sans noblesse, fureur de la droiture.
Noirceur du mineur, sans le livre ou la musique.
Enfant, j’ai redouté tes reproches,
Moi à l’école, toi à la terre ;
Toi l’homme accompli, moi le raffiné honteux.
Ta maison tremblait de coups et de diatribes.
Ta foudre aurait pu me cisailler.
Net, j’aurais disparu.
A moi les Arts, à toi le combat.
Sans dignité, jamais je ne pouvais T’atteindre.
J’ai fini par T’oublier pour vivre.
Je T’ai fui, je T’ai ri au nez.
J’ai vaqué sur des chemins perdus.
Je les ai tracés moi-même et sans équerre.
Je me suis abîmé dans l’outrance ;
Elle m’a fait sortir de moi avec raison.
J’ai donné mon corps tant de fois.
Ses cris d’amour me suffoquaient à mourir.
J’ai couru si loin, si vite,
Sans souffle, sans pause.
Je n’ai jamais revu Ta maison sans être vieux à mon tour.
J’avais peur de Te revenir sans me renier.
Je ne veux pas me casser dans Tes bras, Père.
Entoure-moi comme un cristal qui pleure.
Au Ciel, enfin réconciliés,
Toi et moi,
Dans la lumière de Ton amour inconditionnel.
Se pardonner l’errance et la fuite.
Les mots injustes, ceux qui ne se disent plus,
Les saints écrits qui te disent en colère.
Tu me manques enfin, papa de cette terre.
Seigneur Père, accueille-le lui aussi, frêle et doux.
Sébastien,
frère de la Communion Béthanie
Tout au long de ce Carême 2025 et jusqu’à Pâques, retrouvez les méditations proposées par notre frère Sébastien. .
En ce temps-là,
après son baptême,
Jésus, rempli d’Esprit Saint,
quitta les bords du Jourdain ;
dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert
où, pendant quarante jours, il fut tenté par le diable.
Il ne mangea rien durant ces jours-là,
et, quand ce temps fut écoulé,
il eut faim.
Le diable lui dit alors :
Si tu es Fils de Dieu,
ordonne à cette pierre de devenir du pain.
Jésus répondit :
Il est écrit :
L’homme ne vit pas seulement de pain.
Alors le diable l’emmena plus haut,
et lui montra en un instant tous les royaumes de la terre.
Il lui dit :
Je te donnerai tout ce pouvoir,
et la gloire de ces royaumes,
car cela m’a été remis et je le donne à qui je veux.
Toi donc, si tu te prosternes devant moi,
tu auras tout cela.
Jésus lui répondit :
Il est écrit :
C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras,
à lui seul tu rendras un culte.
Puis le diable le conduisit à Jérusalem,
il le plaça au sommet du Temple
et lui dit :
Si tu es Fils de Dieu,
d’ici jette-toi en bas ;
car il est écrit :
Il donnera pour toi, à ses anges,
l’ordre de te garder ;
et encore :
Ils te porteront sur leurs mains,
de peur que ton pied ne heurte une pierre.
Jésus lui fit cette réponse :
Il est dit :
Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu.
Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations,
le diable s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé.
Saint Luc, 4,1-13
En ce temps de Carême, nous sommes invités chères sœurs, chers frères, à entrer au Désert, cette oasis de cœur, ce lieu de ressourcement, cet Eden d’espace d’intimité avec Toi.
Oui Seigneur Jésus, tu as connu ce Désert.
Tu as su y vivre le dépouillement ; tu as su rendre plein ce lieu d’absence ; tu as su y affronter l’Adversaire.
Notre désert à nous n’est parfois pas le Tien.
Nous en traversons un pourtant, aride et malmené par les vicissitudes des hommes,
Un désert mondain qui nous agite, qui accable et nous éloigne de l’autre,
Un désert d’agitation vaine, tenté par la voix du désespoir,
Un désert qui se nourrit de nos craintes, de ces émotions tristes qui nous emportent.
Notre désert à nous, nous isole. Uniforme et plat, il nous assoiffe,
Son horizon sans limites nous enclave,
Nos doutes s’y renforcent, nos insécurités intérieures y deviennent tragiques,
Quand nos souffrances résonnent alors avec celles du Monde.
Le Désert où tu nous invites, Seigneur en ce temps de Carême, transforme le nôtre.
Lieu d’intériorité et de silence,
Lieu d’une solitude habitée par Dieu, reliée à Toi,
Lieu de dialogue avec nous-mêmes en Toi,
Lieu de traversée libre de ta Parole silencieuse qui étanche notre soif.
C’est Le Désert où nos fragilités sont grandes et acclamées, luxuriantes et pleines de sève.
C’est le Désert des Vulnérabilités gracieuses où nous nous confions et nous abandonnons à Toi.
C’est le Désert qui n’est pas repli,
C’est le Désert qui nous abreuve,
C’est le Désert qui fait sens.
Tu nous y guides et tu nous y transformes.
Doux et exigeant compagnonnage, à la manière d’Israël et d’Elie.
Se laisser guider par Toi vers ce Désert, Seigneur, c’est Te faire pleine place, enfin.
Accorde-nous donc Seigneur la grâce d’oser T’y rencontrer,
Déjà en ce tout début de Carême,
Car déjà Pâques germe en nous…
Sébastien,
frère de la Communion Béthanie