Tout au long de ce Carême 2025 et jusqu’à Pâques, retrouvez les méditations proposées par notre frère Sébastien.
Ainsi parle le Seigneur,
Lui qui fit un chemin dans la mer,
un sentier dans les eaux puissantes,
Lui qui mit en campagne des chars et des chevaux,
des troupes et de puissants guerriers ;
les voilà tous couchés pour ne plus se relever,
ils se sont éteints, consumés comme une mèche.
Le Seigneur dit :
Ne faites plus mémoire des événements passés,
ne songez plus aux choses d’autrefois.
Voici que je fais une chose nouvelle :
elle germe déjà, ne la voyez-vous pas ?
Oui, je vais faire passer un chemin dans le désert,
des fleuves dans les lieux arides.
Les bêtes sauvages me rendront gloire,
– les chacals et les autruches –
parce que j’aurai fait couler de l’eau dans le désert,
des fleuves dans les lieux arides,
pour désaltérer mon peuple, celui que j’ai choisi.
Ce peuple que je me suis façonné
redira ma louange.
Livre d’Isaïe 43, 16-21
Arbrisseau plein de promesses qui veut déjà redevenir graine.
Drôle d’enfant que celui qui s’enterre lui-même,
Si jeune, si lourd.
Plus d’innocence quand la gravité l’habite.
Bagarreur ou fuyant. Pas de demi-mesure: ne saurait-il pas aimer ?
S’écarterler à lui-même,
Une torture qui n’en finit pas, chaque matin reprise.
Se défaire à tout prix de ce qui le trouble.
Douleur sourde et lancinante.
Étrange vigilance à tenir, si lourde pour le gosse.
Il veut sortir ce qui cloche du dedans de lui-même.
Il veut s’ouvrir seul une travée dans les flots.
Différence, anomalie, cabosse ou malformation,
A peine esquissée, mais qui ne laisse pas de doute.
Peur qu’elle se dévoile. Terreur qu’elle trahisse.
Être nu et spolié de soi.
Oui le gamin veut déjà disparaître.
Il se vit taupe en chemin.
Obscurité et frayeur, seul en galeries souterraines, toujours la tête baissée.
Où étais-Tu Seigneur pour ce drôle?
Quand s’est-il vu contemplé par Toi ?
Il ne Te connaissait pas encore.
Il ne se savait pas tant aimé.
Impensable de Ta grâce sur sa différence.
Gossicide que Tu as pourtant empêché, net et tard.
J’en témoigne : Tu m’as sauvé.
Tu étais déjà dans ma poche à billes.
Il se répare encore ce drôle d’adulte.
C’est lui mon trésor.
Pauvreté sans solitude, au final.
Ta Croix lui a évité la terre battue, je le sais aujourd’hui.
Racines de l’oppression précoce qui m’irriguent désormais en Toi.
Seigneur, fais donc jaillir tôt la vie féconde, dès les enfances différentes.
Sébastien,
frère de la Communion Béthanie
Une méditation proposée par notre sœur Françoise.
Depuis plus de huit jours, nos cœurs sont déchirés devant tant de violence et d’atrocités, devant tant de peurs et de larmes. Les paroles de l’apôtre Jean résonnent en moi : Près de la croix de Jésus, sa mère se tenait debout.
Les spécialistes, les hommes politiques, les experts parlent, décryptent, supputent… C’est leur rôle. En Communion Béthanie, notre place est de nous tenir, comme Marie, debout, avec notre immense peine… Cette terre d’Israël est blessée d’une si grande blessure ! Pourra-t-elle s’en remettre ? Voilà pourquoi nous devons nous tenir debout, dans la prière et dans l’espérance, comme Marie. Cette espérance, même faiblement, brille au plus profond des ténèbres. Étrangement, la liturgie nous a donné à entendre dimanche, ces paroles du prophète Isaïe.
Le Seigneur de l’univers préparera pour tous les peuples, sur sa montagne, un festin de viandes grasses et de vins capiteux… Sur cette montagne, il fera disparaître le voile de deuil qui enveloppe tous les peuples et le linceul qui couvre toutes les nations. Il fera disparaître la mort pour toujours. Le Seigneur Dieu essuiera les larmes sur tous les visages, et par toute la terre il effacera l’humiliation de son peuple. Et ce jour-là, on dira : Voici notre Dieu, en lui nous espérions, et il nous a sauvés.
Nous tenir debout parce que c’est comme cela que Marie nous dit de faire, et parce que nous avons Pâques.
Pâques est la fête de l’espérance. Nous espérons que les larmes seront changées en perles. Cette transformation ne se fera pas toute seule : c’est à nous de venir poser nos plaies dans celles du Christ et de maintenir nos cœurs blessés dans le flot d’amour qui jaillit de celui, transpercé, du Ressuscité.
Anselm Grün
C’est à nous, frères et sœurs, de venir poser les plaies de tous ces hommes, de toutes ces femmes, de venir poser ces cœurs brisés dans les plaies, dans le cœur du Christ. Un jour viendra, nous le croyons, où les larmes des habitants de cette terre, les larmes de toute l’humanité, en perles seront changées.
Françoise,
sœur de la Communion Béthanie
Méditation pour le temps de l’Avent proposée par les sœurs et les frères de la Communion Béthanie.
L’an quinze du règne de l’empereur Tibère,
Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée,
Hérode étant alors au pouvoir en Galilée,
son frère Philippe dans le pays d’Iturée et de Traconitide,
Lysanias en Abilène,
les grands prêtres étant Hanne et Caïphe,
la parole de Dieu fut adressée dans le désert
à Jean, le fils de Zacharie.
Il parcourut toute la région du Jourdain,
en proclamant un baptême de conversion
pour le pardon des péchés,
comme il est écrit dans le livre des oracles d’Isaïe, le prophète :
Voix de celui qui crie dans le désert :
Préparez le chemin du Seigneur,
rendez droits ses sentiers.
Tout ravin sera comblé,
toute montagne et toute colline seront abaissées ;
les passages tortueux deviendront droits,
les chemins rocailleux seront aplanis ;
et tout être vivant verra le salut de Dieu.
Luc 3, 1-16
Le texte semble vouloir nous parler du Salut qui vient. Mais de quelle manière ?
La parole de Dieu est adressée à un homme, dans le désert, un homme simple. Pas un empereur, pas un gouverneur, ni un grand prêtre. Il est Jean, fils de Zacharie, deux prénoms sans doute très courants à l’époque.
En même temps, la parole prend place dans une histoire, celle de l’humanité, à un moment donné, dans une période précise, avec des personnages bien concrets. La Parole de Dieu s’incarne dans le temps de l’humanité…
Bien plus, le passage du prophète Isaïe nous annonce que le salut concerne « tout être vivant ». Nous pouvons entendre tout le Vivant. Pas uniquement l’humain. Le Salut de Dieu est la manifestation de son amour inconditionnel, en son Fils, pour la Création dans son ensemble. C’est cet amour infini qu’il nous est demandé d’accueillir dans la foi.
Mais la foi n’est pas une simple attente passive. Elle est aussi (et surtout ?) action.
En effet, avant de voir advenir le Salut de Dieu, nous sommes invités à apporter notre contribution, à abaisser les collines, combler les ravins, porter notre regard au-delà des chemins rocailleux et des passages tortueux.
En 2021, comment recevons-nous cet oracle du prophète ?
Comment allons-nous nous y prendre très concrètement pour préparer le chemin du Seigneur ?
Lætitia et Raphaël,
sœur et frère de la Communion Béthanie