Une méditation proposée par notre sœur Françoise.
Depuis plus de huit jours, nos cœurs sont déchirés devant tant de violence et d’atrocités, devant tant de peurs et de larmes. Les paroles de l’apôtre Jean résonnent en moi : Près de la croix de Jésus, sa mère se tenait debout.
Les spécialistes, les hommes politiques, les experts parlent, décryptent, supputent… C’est leur rôle. En Communion Béthanie, notre place est de nous tenir, comme Marie, debout, avec notre immense peine… Cette terre d’Israël est blessée d’une si grande blessure ! Pourra-t-elle s’en remettre ? Voilà pourquoi nous devons nous tenir debout, dans la prière et dans l’espérance, comme Marie. Cette espérance, même faiblement, brille au plus profond des ténèbres. Étrangement, la liturgie nous a donné à entendre dimanche, ces paroles du prophète Isaïe.
Le Seigneur de l’univers préparera pour tous les peuples, sur sa montagne, un festin de viandes grasses et de vins capiteux… Sur cette montagne, il fera disparaître le voile de deuil qui enveloppe tous les peuples et le linceul qui couvre toutes les nations. Il fera disparaître la mort pour toujours. Le Seigneur Dieu essuiera les larmes sur tous les visages, et par toute la terre il effacera l’humiliation de son peuple. Et ce jour-là, on dira : Voici notre Dieu, en lui nous espérions, et il nous a sauvés.
Nous tenir debout parce que c’est comme cela que Marie nous dit de faire, et parce que nous avons Pâques.
Pâques est la fête de l’espérance. Nous espérons que les larmes seront changées en perles. Cette transformation ne se fera pas toute seule : c’est à nous de venir poser nos plaies dans celles du Christ et de maintenir nos cœurs blessés dans le flot d’amour qui jaillit de celui, transpercé, du Ressuscité.
Anselm Grün
C’est à nous, frères et sœurs, de venir poser les plaies de tous ces hommes, de toutes ces femmes, de venir poser ces cœurs brisés dans les plaies, dans le cœur du Christ. Un jour viendra, nous le croyons, où les larmes des habitants de cette terre, les larmes de toute l’humanité, en perles seront changées.
Françoise,
sœur de la Communion Béthanie
Tout au long de ce Carême 2023 et jusqu’à Pâques, retrouvez les méditations proposées par notre frère Olivier de Reconnaissance, association qui réunit des chrétiens engagés dans l’Église catholique, parents de personnes homosexuelles, qui témoigne de l’accueil de l’homosexualité au sein des « églises domestiques » que sont nos familles.
En ce temps-là, il y avait quelqu’un de malade, Lazare, de Béthanie, le village de Marie et de Marthe, sa sœur. Or Marie était celle qui répandit du parfum sur le Seigneur et lui essuya les pieds avec ses cheveux. C’était son frère Lazare qui était malade. Donc, les deux sœurs envoyèrent dire à Jésus : « Seigneur, celui que tu aimes est malade. » En apprenant cela, Jésus dit : « Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié. » Jésus aimait Marthe et sa sœur, ainsi que Lazare. Quand il apprit que celui-ci était malade, il demeura deux jours encore à l’endroit où il se trouvait. Puis, après cela, il dit aux disciples : « Revenons en Judée. » Les disciples lui dirent : « Rabbi, tout récemment, les Juifs, là-bas, cherchaient à te lapider, et tu y retournes ? » Jésus répondit : « N’y a-t‑il pas douze heures dans une journée ? Celui qui marche pendant le jour ne trébuche pas, parce qu’il voit la lumière de ce monde ; mais celui qui marche pendant la nuit trébuche, parce que la lumière n’est pas en lui. » Après ces paroles, il ajouta : « Lazare, notre ami, s’est endormi ; mais je vais aller le tirer de ce sommeil. » Les disciples lui dirent alors : « Seigneur, s’il s’est endormi, il sera sauvé. » Jésus avait parlé de la mort ; eux pensaient qu’il parlait du repos du sommeil. Alors il leur dit ouvertement : « Lazare est mort, et je me réjouis de n’avoir pas été là, à cause de vous, pour que vous croyiez. Mais allons auprès de lui ! » Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), dit aux autres disciples : « Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui ! »
À son arrivée, Jésus trouva Lazare au tombeau depuis quatre jours déjà. Comme Béthanie était tout près de Jérusalem – à une distance de quinze stades (c’est-à-dire une demi-heure de marche environ) –, beaucoup de Juifs étaient venus réconforter Marthe et Marie au sujet de leur frère. Lorsque Marthe apprit l’arrivée de Jésus, elle partit à sa rencontre, tandis que Marie restait assise à la maison. Marthe dit à Jésus : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. Mais maintenant encore, je le sais, tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera. » Jésus lui dit : « Ton frère ressuscitera. » Marthe reprit : « Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour. » Jésus lui dit : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » Elle répondit : « Oui, Seigneur, je le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde. »
Ayant dit cela, elle partit appeler sa sœur Marie, et lui dit tout bas : « Le Maître est là, il t’appelle. » Marie, dès qu’elle l’entendit, se leva rapidement et alla rejoindre Jésus. Il n’était pas encore entré dans le village, mais il se trouvait toujours à l’endroit où Marthe l’avait rencontré. Les Juifs qui étaient à la maison avec Marie et la réconfortaient, la voyant se lever et sortir si vite, la suivirent ; ils pensaient qu’elle allait au tombeau pour y pleurer. Marie arriva à l’endroit où se trouvait Jésus. Dès qu’elle le vit, elle se jeta à ses pieds et lui dit : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. » Quand il vit qu’elle pleurait, et que les Juifs venus avec elle pleuraient aussi, Jésus, en son esprit, fut saisi d’émotion, il fut bouleversé, et il demanda : « Où l’avez-vous déposé ? » Ils lui répondirent : « Seigneur, viens, et vois. » Alors Jésus se mit à pleurer. Les Juifs disaient : « Voyez comme il l’aimait ! » Mais certains d’entre eux dirent : « Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ? »
Jésus, repris par l’émotion, arriva au tombeau. C’était une grotte fermée par une pierre. Jésus dit : « Enlevez la pierre. » Marthe, la sœur du défunt, lui dit : « Seigneur, il sent déjà ; c’est le quatrième jour qu’il est là. » Alors Jésus dit à Marthe : « Ne te l’ai-je pas dit ? Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. » On enleva donc la pierre. Alors Jésus leva les yeux au ciel et dit : « Père, je te rends grâce parce que tu m’as exaucé. Je le savais bien, moi, que tu m’exauces toujours ; mais je le dis à cause de la foule qui m’entoure, afin qu’ils croient que c’est toi qui m’as envoyé. » Après cela, il cria d’une voix forte : « Lazare, viens dehors ! » Et le mort sortit, les pieds et les mains liés par des bandelettes, le visage enveloppé d’un suaire. Jésus leur dit : « Déliez-le, et laissez-le aller. »
Beaucoup de Juifs, qui étaient venus auprès de Marie et avaient donc vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui.
Quelle intensité dans ce récit ! Devant la mort et la séparation, Jésus est ému et pleure son ami avec ses amies. Lui-même est déjà en danger de mort dans cette province de Judée.
Dans la confiance, Il s’abandonne à Dieu : Père je te rends grâce parce que tu m’as exaucé. Son affirmation est claire : Moi je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt vivra.
Marthe part à la rencontre de Jésus pour lui demander ce qui compte le plus pour elle à ce moment de sa vie ; Jésus appelle Marie ; c’est dans l’unité d’un amour fraternel qu’il manifeste Son pouvoir sur la mort. Sa passion n’est pas loin.
Non décidément, Dieu n’est pas étranger à notre existence.
Par tous les moyens Il veut s’annoncer dans notre vie.
Sa puissance d’amour se manifeste au milieu de nous.
Rien ne lui est impossible.
Olivier
de Reconnaissance.
Méditation pour le temps de l’Avent proposée par les sœurs et les frères de la Communion Béthanie.
En ces jours-là,
Marie se mit en route et se rendit avec empressement
vers la région montagneuse, dans une ville de Judée.
Elle entra dans la maison de Zacharie
et salua Élisabeth.
Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie,
l’enfant tressaillit en elle.
Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint,
et s’écria d’une voix forte :
«Tu es bénie entre toutes les femmes,
et le fruit de tes entrailles est béni.
D’où m’est-il donné
que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?
Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles,
l’enfant a tressailli d’allégresse en moi.
Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles
qui lui furent dites de la part du Seigneur. »
Luc 1, 38
Voici un texte très classique et que nous avons sans doute souvent lu et entendu.
Classique et pourtant… Souvenons-nous : que peut-on entendre différemment cette année ?
Soyons attentifs : d’abord un enfant tressaille dans le sein de sa mère. Plus tard nous est révélée l’origine de ce mouvement : la joie ! Et ce qu’elle provoque inévitablement : Élisabeth se trouve remplie d’Esprit-Saint.
Il faut donc attendre que l’enfant tressaille de joie en elle pour qu’Élisabeth soit habitée et travaillée par l’Esprit Saint.
L’appellation traditionnelle de ce passage de l’Évangile est la Visitation. Encore une histoire de rencontre !
Salutation, tressaillement, bénédiction, fruit, allégresse, accomplissement.
A l’aube de la Nativité, d’une (re)naissance tant attendue, nous sommes invités à accueillir toutes les bénédictions, les fruits de nos rencontres et les tressaillements en nous.
Au cours de cette dernière semaine avant la Naissance de celui qui donne Vie à nos visitations, lors de nos rencontres, laissons nous déjà visiter par Lui.
Soyons attentifs aux tressaillements d’allégresse en nous… Ne pourrions-nous pas aussi être actrice, acteur, de cette visitation en formulant une bénédiction pour les personnes que nous rencontrerons ?
Célébrer la visitation de Dieu en nous, comme le début d’une nouvelle naissance, le début du chemin de notre accomplissement.
Souvenons-nous que dans le passé, Noël marquait le début d’une nouvelle année…
Lætitia et Raphaël,
sœur et frère de la Communion Béthanie
Une méditation proposée par notre sœur Françoise.
J’imagine assez bien que nous sommes dans cette situation de Marie qui va voir sa cousine Élisabeth et qui porte en elle un secret vivant qui est encore celui que nous pouvons porter nous-mêmes, une Bonne Nouvelle vivante.
Elle l’a reçue d’un ange. C’est son secret et c’est aussi le secret de Dieu. Et elle ne doit pas savoir comment s’y prendre pour livrer ce secret. Va-t-elle dire quelque chose à Élisabeth ? Peut-elle le dire ? Comment le dire ? Comment s’y prendre ? Faut-il le cacher ?
Et pourtant, tout en elle déborde, mais elle ne sait pas. D’abord c’est le secret de Dieu. Et puis, il se passe quelque chose de semblable dans le sein d’Élisabeth. Elle aussi porte un enfant. Et ce que Marie ne sait pas trop, c’est le lien, le rapport, entre cet enfant qu’elle porte et l’enfant qu’Élisabeth porte. Et ça lui serait plus facile de s’exprimer si elle savait ce lien. Mais sur ce point précis, elle n’a pas eu de révélation, sur la dépendance mutuelle entre les deux enfants.
Elle sait simplement qu’il y a un lien puisque c’est le signe qui lui a été donné : sa cousine Élisabeth.
Et il en est ainsi de notre Église qui porte en elle une Bonne Nouvelle – et notre Église c’est chacun de nous – et nous sommes venus un peu comme Marie, d’abord pour rendre service (finalement c’est sa première ambition)… mais aussi, en portant cette Bonne Nouvelle, comment nous allons nous y prendre pour la dire… et nous savons que ceux que nous sommes venus rencontrer, ils sont un peu comme Élisabeth, ils sont porteurs d’un message qui vient de Dieu. Et notre Église ne nous dit pas et ne sait pas quel est le lien exact entre la Bonne Nouvelle que nous portons et ce message qui fait vivre l’autre.
Finalement, mon Église ne me dit pas quel est le lien entre le Christ et l’Islam.
Et je vais vers les musulmans sans savoir quel est ce lien.
Et quand Marie arrive, voici que c’est Élisabeth qui parle la première. Pas tout à fait exact car Marie a dit : as salam alaikum ! Que la paix soit avec vous ! Et ça c’est une chose que nous pouvons faire. Cette simple salutation a fait vibrer quelque chose, quelqu’un en Élisabeth. Et dans sa vibration, quelque chose s’est dit… qui était la Bonne Nouvelle, pas toute la Bonne Nouvelle, mais ce qu’on pouvait en percevoir dans le moment. D’où me vient-il que l’enfant qui est en moi a tressailli ? Et vraisemblablement, l’enfant qui était en Marie a tressailli le premier. En fait, c’est entre les enfants que cela s’est passé cette affaire-là…
Et Élisabeth a libéré le Magnificat de Marie.
Finalement, si nous sommes attentifs et si nous situons à ce niveau-là notre rencontre avec l’autre, dans une attention et une volonté de le rejoindre, et aussi dans un besoin de ce qu’il est et de ce qu’il a à nous dire, vraisemblablement, il va nous dire quelque chose qui va rejoindre ce que nous portons, montrant qu’il est de connivence… et nous permettant d’élargir notre Eucharistie, car finalement, le Magnificat que nous pouvons, qu’il nous est donné de chanter : c’est l’Eucharistie.
La première Eucharistie de l’Église, c’était le Magnificat de Marie.
Ce qui veut dire le besoin où nous sommes de l’autre pour faire Eucharistie : pour vous et pour la multitude…
Christian de Chergé