Une méditation proposée par notre frère Raphaël.
Le 1er novembre est un jour férié en France ! « C’est la fête des morts » entend-on souvent.
En réalité, le 1er novembre est la fête de la Toussaint dans l’Église catholique, la fête de tous les saints. C’est le lendemain, le 2 novembre, qui est consacré au souvenir des défunts.
Et la veille, le 31 octobre ?
« C’est Halloween » vous diront sans doute les plus jeunes. Mais c’est aussi le jour où les protestants font mémoire de l’acte fondateur de la Réforme, en 1517, quand Luther afficha ses 95 thèses au portail de l’église de Wittenberg. On est ici loin d’Halloween et aussi du culte des saints, dont les abus étaient dénoncés par Luther.
Pas de fête de la Toussaint chez les protestants donc.
Pourtant cette conscience, que nous sommes « tous saints » et saintes !, habitait aussi les réformateurs. Ainsi, Luther redécouvre dans l’Écriture que l’homme n’est pas saint mais reste pécheur. La sainteté, elle, vient de Dieu et c’est Lui qui nous rend saints.
Cette fête de « Tous-saints » pourrait ainsi être un signe, une passerelle entre nos églises. Car tous les chrétiens sont « des saints et saintes en devenir » grâce à Jésus-Christ qui nous appelle à vivre de sa sainteté même. Ceci n’est une aberration ni pour les uns, ni pour les autres. C’est bien plutôt notre commun appel.
Et Dieu sait qu’il y a du travail ! Car si nous sommes saints aux yeux de Dieu, comment notre façon d’être au monde aujourd’hui reflète-t-elle vraiment cette sainteté ?
Loin de moi l’idée d’un discours moralisateur ! Souvenons-nous de ce qu’à découvert Luther : nous restons et resterons pécheurs. Réjouissons-nous plutôt en ces jours, ensemble, de notre commune vocation à la sainteté !
Que cette belle promesse de notre Dieu sous la plume du prophète Ézéchiel (28,25) soit notre espérance : Ainsi parle le Seigneur, l’Éternel : Lorsque je rassemblerai la maison d’Israël du milieu des peuples où elle est dispersée, je manifesterai en elle ma sainteté aux yeux des nations.
Belle fête à vous tous, Saints et Saintes de Dieu !
Raphaël,
frère de la Communion Béthanie
Une méditation proposée par notre frère Manuel.
J’aime beaucoup le Magnificat, cette prière de louange prononcée par Marie dans l’évangile de Luc. En fait j’aime beaucoup la prière de louange : elle me dilate à l’intérieur, elle me fait me sentir bien, mais parfois je ne trouve pas quoi dire… Aussi parfois le doute m’assaille : à quoi bon dire à Dieu qu’il est beau, qu’il est grand ? Là, j’avoue, je me laisse piéger doublement : car je me place en termes d’utilité (est-il ajusté de lier prière et utilité ?) et en plus je me limite à ma bouche, à ce que je dis, éventuellement à ce que je ressens ; je ne vais donc pas au fond de moi, je ne vais pas au fond de cette rencontre qui est la prière. Alors ?
En effet, la grandeur de Dieu est ce qu’elle est, nous n’y pouvons rien ajouter. Mais ce que nous pouvons faire grandir en nous, c’est la connaissance que nous avons de lui, connaissance qui nous incite à le glorifier et à le magnifier, en particulier pour sa bienveillance et sa bonté à notre égard. Aussi la sainte mère de Jésus ne dit pas : Ma voix ou ma bouche exalte le Seigneur ; elle ne dit pas non plus : Ma main ou mes pensées ou ma raison ou ma volonté exaltent le Seigneur. Mon âme, c’est-à-dire mon être tout entier, toutes mes puissances et toutes mes facultés. Marie est, pour ainsi dire, perdue en Dieu.
Martin Luther, Commentaire au Magnificat.
Se perdre en Dieu… Cela me laisse songeur, et me ramène à la mémoire un poème de Thérèse d’Avila, où elle nous confie une parole reçue dans sa prière :
Âme, en Moi tu as à te chercher,
et en toi tu as à Me chercher.
La relation avec Dieu, comme toute relation sérieuse, nous prend les tripes, pour ainsi dire. Elle nous prend dans nos entièretés à tous les deux, dans tout l’être des deux partenaires, et pas uniquement dans le mental ou la sensibilité. Dieu a fait en Marie de grandes choses. Mais la plus grande, nous dit Marie elle-même, c’est qu’il ait jeté les yeux sur elle, car tout dépend et découle de cette grâce initiale. En effet quand Dieu se penche sur une âme et jette les yeux sur elle, c’est pour la sauver par pure bonté, et de ce premier bienfait dériveront tous les autres.
Martin Luther
Car lorsque Dieu nous regarde, il nous regarde en profondeur, et c’est en profondeur que nous pouvons consentir à son regard, consentir à tous ses bienfaits ; c’est ainsi que nous pouvons entonner notre propre Magnificat. Chantons-le, alors, et marchons mettre ces bienfaits au service de nos frères et sœurs ; eux aussi glorifieront le Seigneur.
Mt 5, 16
Manuel,
frère de la Communion Béthanie.