Tout au long de ce Carême 2023 et jusqu’à Pâques, retrouvez les méditations proposées par notre frère Olivier de Reconnaissance, association qui réunit des chrétiens engagés dans l’Église catholique, parents de personnes homosexuelles, qui témoigne de l’accueil de l’homosexualité au sein des « églises domestiques » que sont nos familles.
En ce temps-là, Jésus arriva à une ville de Samarie, appelée Sykar, près du terrain que Jacob avait donné à son fils Joseph. Là se trouvait le puits de Jacob. Jésus, fatigué par la route, s’était donc assis près de la source. C’était la sixième heure, environ midi. Arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l’eau. Jésus lui dit : Donne-moi à boire. – En effet, ses disciples étaient partis à la ville pour acheter des provisions. La Samaritaine lui dit : Comment ! Toi, un Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? – En effet, les Juifs ne fréquentent pas les Samaritains. Jésus lui répondit : Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive. Elle lui dit : Seigneur, tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond. D’où as-tu donc cette eau vive ? Serais-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, avec ses fils et ses bêtes ?
Jésus lui répondit : Quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif ; mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle. La femme lui dit : Seigneur, donne-moi de cette eau, que je n’aie plus soif, et que je n’aie plus à venir ici pour puiser.
Jésus lui dit : Va, appelle ton mari, et reviens. La femme répliqua : Je n’ai pas de mari. Jésus reprit : Tu as raison de dire que tu n’as pas de mari : des maris, tu en as eu cinq, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari ; là, tu dis vrai. La femme lui dit : Seigneur, je vois que tu es un prophète !… Eh bien ! Nos pères ont adoré sur la montagne qui est là, et vous, les Juifs, vous dites que le lieu où il faut adorer est à Jérusalem. Jésus lui dit : Femme, crois-moi : l’heure vient où vous n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père. Vous, vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. Mais l’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père. Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent l’adorer. La femme lui dit : Je sais qu’il vient, le Messie, celui qu’on appelle Christ. Quand il viendra, c’est lui qui nous fera connaître toutes choses. Jésus lui dit : Je le suis, moi qui te parle. À ce moment-là, ses disciples arrivèrent ; ils étaient surpris de le voir parler avec une femme. Pourtant, aucun ne lui dit : Que cherches-tu ? ou bien : Pourquoi parles-tu avec elle ? La femme, laissant là sa cruche, revint à la ville et dit aux gens : Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Christ ? Ils sortirent de la ville, et ils se dirigeaient vers lui.
Entre-temps, les disciples l’appelaient : Rabbi, viens manger. Mais il répondit : Pour moi, j’ai de quoi manger : c’est une nourriture que vous ne connaissez pas. Les disciples se disaient entre eux : Quelqu’un lui aurait-il apporté à manger ? Jésus leur dit : Ma nourriture, c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre. Ne dites-vous pas : Encore quatre mois et ce sera la moisson ? Et moi, je vous dis : Levez les yeux et regardez les champs déjà dorés pour la moisson. Dès maintenant, le moissonneur reçoit son salaire : il récolte du fruit pour la vie éternelle, si bien que le semeur se réjouit en même temps que le moissonneur. Il est bien vrai, le dicton : L’un sème, l’autre moissonne. Je vous ai envoyés moissonner ce qui ne vous a coûté aucun effort ; d’autres ont fait l’effort, et vous en avez bénéficié.
Beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en Jésus, à cause de la parole de la femme qui rendait ce témoignage : Il m’a dit tout ce que j’ai fait. Lorsqu’ils arrivèrent auprès de lui, ils l’invitèrent à demeurer chez eux. Il y demeura deux jours. Ils furent encore beaucoup plus nombreux à croire à cause de sa parole à lui, et ils disaient à la femme : Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons : nous-mêmes, nous l’avons entendu, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde.
Peut-être nous arrive-t-il de nous sentir délaissés, isolés et peu considérés ?
Peut-être nous sentons-nous jugés, dévalorisés ?
Souvent aussi nous manquons d’estime envers nous-même.
Simple voyageur fatigué, Jésus arrive très simplement dans la vie de la Samaritaine et ouvre un dialogue ; elle s’étonne, son esprit est curieux et instruit… elle questionne, elle écoute Jésus et reçoit sa parole ; alors restaurée dans sa dignité elle témoigne.
Recherchons la simplicité de rencontres fraternelles et vraies, ouvrons notre cœur et notre intelligence à Jésus dans une prière simple inscrite au cœur de notre vie ; Jésus sait ce qu’est la vie humaine dans tout ce qu’elle compte de malheurs comme de bonheurs, il a éprouvé tout cela et nous appelle parfois : Donne-moi à boire.
Olivier
de Reconnaissance.
Tout au long de ce Carême 2023 et jusqu’à Pâques, retrouvez les méditations proposées par notre frère Olivier de Reconnaissance, association qui réunit des chrétiens engagés dans l’Église catholique, parents de personnes homosexuelles, qui témoigne de l’accueil de l’homosexualité au sein des « églises domestiques » que sont nos familles.
En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmena à l’écart, sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière. Voici que leur apparurent Moïse et Élie, qui s’entretenaient avec lui. Pierre alors prit la parole et dit à Jésus : Seigneur, il est bon que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. Il parlait encore, lorsqu’une nuée lumineuse les couvrit de son ombre, et voici que, de la nuée, une voix disait : Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! Quand ils entendirent cela, les disciples tombèrent face contre terre et furent saisis d’une grande crainte. Jésus s’approcha, les toucha et leur dit : Relevez-vous et soyez sans crainte ! Levant les yeux, ils ne virent plus personne, sinon lui, Jésus, seul.
En descendant de la montagne, Jésus leur donna cet ordre : « Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts.
Quitte ton pays, ta zone de confort, comme Abram.
Pour aller à l’écart sur la montagne, comme Jésus avec Pierre, Jacques et Jean.
Ne reste pas seul et sois sans crainte, la lumière du Christ peut te rejoindre.
Cette rencontre avec le Christ est hors du temps, elle peut nous concerner tous, elle me concerne
personnellement car Il m’aime individuellement, singulièrement.
Et si j’ai le bonheur de relire dans ma vie d’humbles moments de conversion, au cœur de mes joies
ou de mes souffrances, est-ce que j’ose en témoigner, les relire avec d’autres, sans crainte, pour
laisser passer la lumière à mon tour ?
Olivier
de Reconnaissance.
Tout au long de ce Carême 2023 et jusqu’à Pâques, retrouvez les méditations proposées par notre frère Olivier de Reconnaissance, association qui réunit des chrétiens engagés dans l’Église catholique, parents de personnes homosexuelles, qui témoignent de l’accueil de l’homosexualité au sein des « églises domestiques » que sont nos familles.
En ce temps-là, Jésus fut conduit au désert par l’Esprit pour être tenté par le diable. Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim. Le tentateur s’approcha et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. » Mais Jésus répondit : « Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. »
Alors le diable l’emmène à la Ville sainte, le place au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi des ordres à ses anges, et : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. » Jésus lui déclara : « Il est encore écrit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. »
Le diable l’emmène encore sur une très haute montagne et lui montre tous les royaumes du monde et leur gloire. Il lui dit : « Tout cela, je te le donnerai, si, tombant à mes pieds, tu te prosternes devant moi. » Alors, Jésus lui dit : « Arrière, Satan ! car il est écrit : C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, à lui seul tu rendras un culte. »
Alors le diable le quitte. Et voici que des anges s’approchèrent, et ils le servaient.
Dans le texte de l’Évangile de ce jour, le Christ a faim car il sort de 40 jours de jeûne ; je peux observer son l’attitude vis-à-vis de cet étrange conseiller qui veut le séduire à la fin de son séjour au désert.
Le carême a débuté pour moi, temps de discernement, de clarification et d’apaisement.
Quelle est mon attente, quelles questions voudrais-je formuler, quelles rencontres aimerais-je vivre ?
C’est le moment de nourrir ma vie intérieure et d’ouvrir mon cœur, le Christ me précède sur ce chemin.
Olivier
de Reconnaissance.
Tout au long de ce Carême 2022 et jusqu’à Pâques, retrouvez les méditations proposées par notre sœur Françoise.
D’après Prier 15 jours avec Christian de Chergé, par Christian Salenson
Et si nous parlions de la croix ? me demandait récemment l’un de nos amis soufis.
L’ami soufi avait dit : peut-être trois ? Cette troisième croix, n’était-ce pas moi, n’était-ce pas lui, dans cet effort qui nous portait, l’un et l’autre, à nous démarquer de la croix de derrière, celle du mal et du péché, pour adhérer à celle de devant, celle de l’amour vainqueur.
Christian de Chergé
Devant
L’homme a été créé en forme de croix. Aussi l’homme ouvre-t-il les bras. Le jeune enfant se précipite et trouve refuge dans les bras ouverts de son père ou de sa mère. Homme et femme se prennent dans les bras l’un de l’autre. Rien de tel que les bras ouverts pour être à l’image et à la ressemblance du Père ! Dieu a créé l’homme en forme de croix, inscrivant en son corps sa vocation, corps ouvert aux dimensions de l’univers et de l’accueil de l’autre.
Mais la croix de devant est fragile. L’homme a vite fait de se replier. Craintif ou menacé par la peur de perdre son bonheur, l’homme court le risque de refermer les bras.
La croix de devant, c’est l’homme créé bras ouverts en acceptant de ne pas posséder ceux qu’il aime.
Derrière
La croix de derrière est une invention des hommes. Elle consiste à prendre la croix de devant et à l’enchaîner brutalement au bois. Jésus n’était qu’amour et liberté, accueillant bras ouverts ceux qu’il rencontrait. Il a été cloué au bois par les chefs religieux et le pouvoir politique.
Le baiser de trahison, tel une lance, a ouvert son côté. Les reniements de ses proches ont tressé la couronne d’épines. La croix de derrière fut celle de l’amour trahi.
Chacun fait l’expérience de la croix de derrière. Il est des hommes qui vivent des drames inqualifiables, victimes innocentes, corps torturés, méprisés, tués…
De manière moins criante, chacun peut être crucifié à l’endroit où il aime.
Si l’homme qui ouvre les bras prend la ressemblance de Dieu, Dieu, en son fils crucifié prend la ressemblance des hommes, de ceux qui ont pris le risque de l’amour et qui en souffrent.
Cette deuxième croix ne sauve pas ! Point n’est besoin de la justifier, et par là même de blasphémer ! Elle est la souffrance que le monde sans Dieu impose à Dieu disait le théologien Dietrich Bonhoeffer, mort en camp de concentration.
Les crucifix de la période moderne présentent des Christ tourmentés. Ils expriment la souffrance bien réelle de notre humanité. Ils risquent cependant de voiler la troisième croix. Les Christ romans n’étaient pas défigurés, offrant au contraire un visage serein, rayonnant la paix. Ils nous initient à un autre aspect de la croix, celle entrevue par l’ami musulman : celle où la souffrance y est déjà transfigurée par l’amour.
Peut-être trois…
Dans la troisième croix s’accomplit le salut. En quoi consiste cette troisième croix ? Elle consiste à ouvrir les bras ou à réapprendre à ouvrir les bras, précisément là où la vie nous blesse. La tendance spontanée consiste à se refermer, à se replier sur soi, sur sa solitude ou sa souffrance. C’est bien naturel et compréhensible ! Le risque est grand de s’aigrir, de se dessécher, de fuir… Pourtant, un autre chemin est possible, ouvert par la croix du Christ.
Chemin de croix
Alors commence pour chacun un chemin de croix où passant de la croix de derrière, celle de la souffrance infligée, à la croix de devant, l’amour encore offert, il va apprendre encore et toujours à dénouer les bras…
La troisième croix ressemble à s’y méprendre à la croix de devant. Apparemment rien n’a changé ! La personne est à nouveau capable d’ouvrir les bras, sauf qu’elle les ouvre en traversant la blessure. Souffrance transfigurée… chemin de résurrection et de vie nouvelle !
Christian Salenson
Frères et sœur nous savons bien que ce passage de l’une à l’autre croix, c’est bien là notre chemin de croix et aussi notre chemin de gloire, car c’est par là que Jésus nous élève, avec lui, vers le Père qui nous attend tous, bras ouverts.
Christian de Chergé
Tout au long de ce Carême 2022 et jusqu’à Pâques, retrouvez les méditations proposées par notre sœur Françoise.
Comment ne pas être saisi de compassion pour cette femme ! Amenée sans ménagement au milieu d’une foule. Mise à l’index par l’accusation d’adultère portée à son encontre ! Sa vie, dont la fin est annoncée par la loi qui la condamne, est suspendue à la réponse d’un homme.
Jésus, appelé Maître par ceux-là mêmes qui ne comprennent pas, n’entendent pas ses paroles de vie, se comporte mystérieusement ! Il s’abaisse et il écrit sur la terre.
Il ne veut pas se tenir face à eux, en position de rabbi… Ne pas les surplomber… Alors, il se fait petit. Il ne les regarde pas, il écrit sur le sol, non par mépris, mais peut-être pour ne pas heurter ces hommes prisonniers de cette sorte de suffisance que procure l’application stricte de la loi.
Il s’abaisse, se faisant humble, dans une attitude qui désamorce la violence.
Attitude de prière, de réflexion… Il entre dans la grande compassion qui le fait rencontrer chacune et chacun à l’endroit de la vérité de sa vie.
Et la vérité de la vie est que personne ne peut se prévaloir de n’avoir jamais péché. Celui qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre.
Jésus se baisse à nouveau, aussitôt. Pour que, scribes et pharisiens, ne se sentent pas jugés, mais convoqués à être vrais avec eux-mêmes.
L’agir de Jésus, qu’il manifeste tout au long des évangiles, est là : pour chacune de ses rencontres, atteindre le cœur de l’être humain à l’endroit de cette vérité qui le rendra libre. Là où souffle l’Esprit ! Car il sait ce que la loi, appliquée comme une sentence, provoque : la désespérance, l’enfermement, la mort, la difficulté d’un retour à une vie bonne, tournée vers Dieu, ce Père plein d’amour à qui rien n’est impossible. Or, le désir du Père est qu’aucun de ceux qu’il a confié à son Fils ne soit perdu !
La femme est restée là, debout, au milieu, saisie ! Jésus se redresse. Il s’adresse à elle : femme.. Elle existe pour lui, même si son nom est inconnu. Elle peut ainsi poser sa propre parole et mesurer la remise en question fondamentale dont ses accusateurs ont fait preuve pour s’en aller, les uns après les autres, et ne pas la condamner !
Oui, il est vraiment Seigneur, celui qui nous dit : Moi non plus je ne te condamne pas. Va… Va vers une vie plus ajustée à ton vrai désir, plus ajustée au désir de Dieu pour toi. C’est un appel à une vie nouvelle et en même temps, à une exigence de vérité avec soi-même. Un appel à avancer sur nos chemins pas toujours très droits sans crainte, ni trouble au visage, une belle invitation à marcher en enfant de lumière.
Françoise,
sœur de la Communion Béthanie
Tout au long de ce Carême 2022 et jusqu’à Pâques, retrouvez les méditations proposées par notre sœur Françoise.
En ce temps-là, les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter. Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux !
Alors il entra en lui même et dit… Je me lèverai.
Il fallait bien qu’elles arrivent, ces récriminations ! Nous y voilà… Jésus a une attitude libre qui dérange. Il va devoir faire front au légalisme desséchant.
Écoute et prête l’oreille de ton cœur, nous dit saint Benoît dans sa règle. Il en est ainsi des publicains et des pécheurs qui viennent TOUS à Jésus pour l’écouter !
Les pécheurs prêtent l’oreille de leur cœur et accueillent une parole qui les rejoint au profond de leurs pauvretés, de leurs exclusions, au profond de leur désir. Ils entendent une parole de vie qui les relève. C’est une parole forte et douce à la fois, simple et sans équivoque, comme lorsqu’ils s’émerveillent de la conversion de Zachée : Aujourd’hui le salut est entré dans cette maison.
Jésus est proche et il ne craint pas de manger avec eux. Et peu importe que cela plaise ou non aux pharisiens et aux scribes, dont il relèvera la dureté de cœur.
C’est pourquoi Jésus leur dit cette parabole : Un homme avait deux fils…
C’est une histoire où il est question de mort et de vie. Une réponse aux pharisiens et aux scribes, que Jésus qualifiera de sépulcres blanchis, c’est tout dire !
Ce père, Père de chacun de nous, se tient jour après jour dans l’espérance du retour de son jeune fils. Où est-il ? Quelles épreuves traverse-t-il ? Il l’a guetté fidèlement pour l’apercevoir de loin ! Lui demande-t-il des comptes ? Lui fait-il reproche d’avoir dilapidé sa fortune ? Il court se jeter à son cou et le couvre de baisers. Magnifique geste d’amour qui ne condamne pas. La miséricorde de Dieu va bien au-delà de toutes les institutions légalistes qui se vivent comme une fin en soi et n’ont d’autres horizons que le péché commis. Bien au-delà de tous les conformismes religieux qui veulent faire tomber et non vivre – Véronique Margron, La douceur inespérée.
Car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu et il est retrouvé.
C’est l’unique raison, la véritable raison du festin. Une si belle manière de partager cette joie incommensurable de voir son enfant revenu de la mort ! Repas de fête et de bénédiction !
Lorsque Jésus mange avec les publicains et les pécheurs, c’est le festin du Royaume qu’il inaugure. Chaque fois que nous prêtons l’oreille de notre cœur à la Parole qui réveille notre désir profond de revenir à la vie, chaque fois que nous entrons en nous même pour nous reconnaître humblement pauvre mais tellement aimé du Père, nous goûtons la joie d’être à nouveau debout.
C’est le sens de l’être au monde de Jésus : révéler la puissance de la résurrection à l’œuvre. Son immense désir est que chacun, chacune, dans l’amour du Père, puisse se tenir debout, en ressuscité. Il le paiera de sa vie mais désormais le péché pas plus que la mort n’auront le dernier mot.
Françoise,
sœur de la Communion Béthanie
Tout au long de ce Carême 2022 et jusqu’à Pâques, retrouvez les méditations proposées par notre sœur Françoise.
Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même.
Jésus leur disait encore cette parabole : Un homme avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint chercher du fruit sur ce figuier, et n’en trouva pas. Il dit alors à son vigneron : « Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n’en trouve pas. Coupe-le. A quoi bon le laisser épuiser le sol ? » Mais le vigneron lui répondit : « Seigneur, laisse-le encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier. Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. Sinon, tu le couperas.»
Jésus nous invite à la conversion, de manière radicale ! La vie, en effet, ne nous épargne pas les épreuves, les catastrophes, et ce n’est pas parce que nous serions plus pécheurs, ou plus coupables… Jésus nous lance un appel pressant parce que la vie est fragile.
Mais comment faire ? Comment vivre ce retournement ? Et surtout, avec quelles ressources pour que ce ne soit pas un feu de paille, bien vite éteint ? Bien sûr, nous portons en nous le désir de revenir à Dieu, de tourner le dos une bonne fois pour toutes à des conduites qui blessent, des attitudes qui font mal. Mais voilà, ça ne fonctionne pas ! Comme saint Paul, je peux dire : Je ne fais pas le bien que je voudrais, mais je commets le mal que je ne voudrais pas.
Dans ces moments-là, il se peut que nous nous considérions comme le figuier qui ne donne pas de fruits. Nous nous jugeons et nous nous condamnons. Si seulement nous pouvions purement et simplement couper, éliminer ce qui ne va pas ! Notre regard sur nous-même manque tellement d’amour, de compréhension, de reconnaissance bienveillante de qui nous sommes ! Avec ou sans fruits…
Il n’en est pas de même pour le vigneron. Quel beau regard il a sur ce figuier ! Voici qu’il intercède pour le sauver de la coupe. En parlant au maître de la vigne, c’est à moi-même qu’il s’adresse, ce moi qui regarde bien souvent ma vie, la vie des autres, en maître exigeant.
Que me dit-il, ce vigneron qui n’est autre que le Christ Jésus ? Ce n’est pas à toi de juger de la fécondité de la vie !
Laisse-moi bêcher ta terre, laisse-moi prendre soin de toi…Cette terre n’est pas aussi aride que tu ne le penses, je vais la retourner, ôter les pierres lourdes et acérées, elle va s’alléger, devenir plus souple… Accueille ma présence, accepte ma sollicitude pour toi.
Laisse-moi faire… Laisse-toi faire ! C’est de moi que tu reçois la fécondité de ta vie !
Alors oui, avec le psaume 50, je peux chanter : Détourne ta face de mes fautes… Rends-moi la joie d’être sauvé·e… Seigneur ouvre mes lèvres et ma bouche annoncera ta louange.
Françoise,
sœur de la Communion Béthanie
Tout au long de ce Carême 2022 et jusqu’à Pâques, retrouvez les méditations proposées par notre sœur Françoise.
Habituellement, Jésus quitte ses disciples pour prier seul ! Ici Il prend avec lui Pierre, Jean et Jacques et gravit la montagne. Ils seront témoins d’un événement spectaculaire : L’aspect du visage de Jésus devient autre, son vêtement devint d’une blancheur éblouissante. La relation que Jésus vit avec son Père a des conséquences…Cette intimité profonde, cette union de l’un à l’autre transforme, non seulement le visage, mais aussi le vêtement ! Quelque chose de divin se passe… L’invisible devient visible !
Pour nos disciples fatigués, l’étonnement est à son comble : Moïse et Élie sont là ! Pour parler avec Jésus de quelque chose de grave : son départ à Jérusalem. Comme si le ciel s’ouvrait pour que sa mission s’enracine effectivement dans l’histoire de l’Alliance.
J’ose imaginer qu’un sens et une force nouvelle lui sont donnés. Des forces et une paix véritable pour l’heure de la confrontation. Il n’y sera pas seul, le ciel est convoqué pour le soutenir et le confirmer.
Et s’il en était un peu de même pour nous. Notre expérience de la prière aux moments décisifs, si petite soit-elle, nous a fait goûter cette présence de Dieu, ce ciel ouvert pour que nous recevions des forces nouvelles. Nos inquiétudes s’amenuisent, notre esprit est plus serein, notre cœur et tout notre être sont en paix. Cela doit bien transparaître sur notre visage !
Nous savons aussi combien parler de ce que nous traversons comme épreuves ou comme joies, avec les témoins de notre histoire, inscrit plus profondément le sillon de notre chemin avec Dieu.
La tentation alors serait, comme Pierre qui propose de dresser 3 tentes, de nous installer dans cet espace ouvert sur le ciel. Parce que oui, il est bon que nous soyons ici !
Et bien non, Il ne savait pas ce qu’il disait, nous relate l’évangéliste avec humour… Nous devons quitter la haute montagne, rejoindre la vallée de notre vie pétrie de relations bienveillantes ou non, de tentations, de joies et de combats, de larmes et de belles fraternités ou de belles sororités spirituelles.
Pour notre marche, nous qui avons notre citoyenneté dans les cieux, Paul aux Philippiens 3, 20, Dieu ne nous laisse pas sans rien. Il nous donne sa Parole : Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le. Jésus, Parole faite corps, qui sera livré pour nous et pour la multitude, pain rompu, sang versé… en signe de l’Alliance nouvelle et éternelle.
Françoise,
sœur de la Communion Béthanie
Tout au long de ce Carême 2022 et jusqu’à Pâques, retrouvez les méditations proposées par notre sœur Françoise.
Et si nous entrions dans le Carême avec Moïse ?
Moïse disait au peuple : Lorsque tu présenteras les prémices de tes récoltes…
Apporter les prémices en offrande, cela demande de cueillir les premiers fruits arrivés à maturité, les premiers légumes du jardin, les premiers épis dorés… Nous les avons regardés s’épanouir au fil des jours, nous avons travaillé le sol, apportant engrais et soins, n’est-il pas normal que nous soyons les premiers à les croquer et nous régaler de ce goût incomparable ! Nous sommes si fiers de ce que nous avons produit…Et bien, contre toute attente, nous allons nous en dessaisir. Mais pas n’importe comment !
Cela se fait en prononçant des paroles devant le Seigneur : Mon père était un Araméen nomade... Ces paroles nous invitent à relire notre histoire, telle que Moïse la relit pour son peuple. Aux origines : un Araméen nomade, puis un petit clan qui devient une nation puissante. La maltraitance et la pauvreté, l’esclavage, les cris et la misère que Dieu entend et voit, puis la délivrance à mains fortes, par des signes et des prodiges.
N’en est-il pas de même pour moi ? N’est ce pas Dieu qui me conduit, sans se lasser, me faisant grandir, me délivrant de mes peurs, de mes pauvretés, me faisant sortir de mes terres d’exil et d’esclavage pour que je puisse porter du fruit ?
Oui, à la suite de Moïse, je peux dire : Et maintenant, voici Seigneur, que je t’apporte les prémices de ma vie. Ce sont les fruits que tu m’as donnés de porter. Tu as travaillé la terre de mon être, tu en as pris soin, Ils sont les fruits de ton Alliance indéfectible. Les voici en offrande, en action de grâce.
Par toi, avec toi, ils sont Eucharistie….
Voici peut-être une manière différente d’aborder ce Carême : Tu n’as voulu, ni offrande, ni sacrifice, mais tu m’as fait un corps… alors j’ai dit : Me voici. Épître aux Hébreux, 10, 5-7
Françoise,
sœur de la Communion Béthanie
Tout au long de ce Carême 2021 et jusqu’à Pâques, retrouvez les méditations du collectif LGBT+ & Croyant·e·s Anjou.
« Ne juge pas la journée en fonction de la récolte du soir mais d’après les graines que tu as semées » écrivait Robert Louis Stevenson, quelques années après les paroles du Christ : « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il demeure seul. S’il meurt, il porte beaucoup de fruit. »
Dans l’Évangile du jour, Jésus n’a pas encore vécu la mort, mais il la sait inévitable, et l’annonce presque explicitement. Et il a confiance. Il sait que son sacrifice ne sera pas inutile, puisqu’elle montrera à tous que la Vie surgit de la Mort.
En annonçant sa propre résurrection, il sème aussi la graine de l’espoir, celle d’une intuition : le don de soi est toujours fécond. Si la graine plantée en terre donne d’autres graines, c’est grâce à sa disparition et à sa métamorphose, sans possibilité de retour. Et à sa patience : il faut du temps avant que la plante ne germe.
De la même manière, si nous regardons nos vies et nos actes comme des graines plantées en terre, les épreuves et les échecs n’auront jamais le dernier mot. L’espoir et la confiance que nous mettons en nous-mêmes, en nos qualités, en les autres et en Dieu… ne suppriment ni la difficulté, ni la douleur mais nous permettent de les dépasser, de voir et viser plus loin et plus haut.
Et si nous laissions germer en nous cette conviction que la difficulté fait grandir, pour partager la beauté du don gratuit, sans attentes et sans conditions ?
Chaque personne est féconde, dès lors qu’elle choisit de donner et de se donner.
Tout au long de ce Carême 2021 et jusqu’à Pâques, retrouvez les méditations du collectif LGBT+ & Croyant·e·s Anjou.
Dans le passé, les juifs élevaient ce serpent de bronze dans le désert.
Ils n’étaient alors qu’un petit groupe sans terre, encore attaché à des superstitions.
Mais déjà Dieu veillait sur eux en les guérissant des morsures des serpents.
Il leur redonnait vie.
Jésus annonce sa mort, mais il parle de Vie.
Il va mourir, aux yeux de ses contemporains, comme un criminel.
Humilié, exclu, sous les insultes et les crachats.
Mais, bien qu’humain et sensible à la peur, il n’adopte pas le regard des gens de son temps.
Il change le point de vue, pour prendre celui de Dieu :
Il sera élevé.
Dans toute vie, il y a des moments de souffrance et d’autres de bonheur.
Jésus nous invite à une conversion de notre regard.
Cet Évangile fait écho à celui de Mathieu : « Vous êtes la lumière du monde » Matthieu 5 :14-15.
Bien sûr, nos vies ne sont pas que lumière ou ténèbres.
Mais dans toutes ces nuances, « tout homme » peut croire à l’amour inconditionnel du Père.
Choisis la vie !
Tout au long de ce Carême 2021 et jusqu’à Pâques, retrouvez les méditations du collectif LGBT+ & Croyant·e·s Anjou.
C’est un des rares passages de l’Évangile où Jésus laisse éclater sa colère. C’est pourtant sa première visite à Jérusalem au moment de la fête de la Pâque, et son premier geste est de se fabriquer un fouet pour chasser les marchands, leurs bœufs et leurs brebis, ainsi que les changeurs de monnaie.
On peut alors s’étonner de cette violence, de cette spontanéité, de la liberté que se donne Jésus, petit nouveau en ville. Et les marchands et les changeurs sont choqués. Ils sont après tout de bonne volonté. Ils permettaient aux pèlerins accourus de tout Israël d’offrir un sacrifice au temple et de remplir leurs devoirs de croyants ! Leur présence est légitime, justifiée, et l’habitude de leur présence est devenue légale.
Jésus se rebelle non pas au nom de la loi, mais de la justice. Il ne vise pas le commerce, mais sa mauvaise utilisation, et les réflexes trop humains des hommes dans leur rapport à Dieu. Le culte devient un trafic, un échange de bon procédés un marchandage qui est sans doute un leurre : un cadeau à Dieu contre une faveur de sa part.
La colère de Jésus est un déclencheur, un moteur, une énergie qui détruit pour interroger et reconstruire. Son bouillonnement intérieur face à la naïveté, à l’égoïsme, à l’injustice, est aussi le nôtre parfois.
Comment pouvons-nous écouter, utiliser et dominer cette colère ?
Comment est-elle symboliquement un refus de ce qui ne nous paraît pas essentiel, pas ajusté, dans notre vie, dans notre foi, dans notre rapport à Dieu et aux autres ?
Comment faire pour comprendre nos propres colères, et celles des autres ?
Ce temps de Carême est un temps de conversion, autrement dit un basculement choisi : un moment idéal pour accueillir nos colères, et transformer protestations, refus, confrontations, en autant d’espace d’échanges, de dialogues et d’écoute.