Une méditation proposée par notre frère Raphaël.
Dire d’un homme qu’il est Dieu n’a pas en soi grand intérêt.
Il en va différemment lorsque nous confessons que l’homme qui est Dieu est un homme crucifié. Nous avons à confesser et penser Dieu à partir du Crucifié. On peut essayer de dédouaner Dieu de la souffrance de Jésus en faisant de l’humanité de Jésus le seul lieu de sa souffrance, en empêchant que cette question ne déborde ce cadre. Mais nous pouvons aller plus loin : penser que la souffrance de Jésus affecte, change, bouleverse ce que nous savons de la réalité même de Dieu. En Jésus, c’est Dieu lui-même qui est engagé dans la souffrance. La Croix ne nous contraint-elle pas à changer notre représentation de Dieu ?
Au cours des premiers siècles de l’histoire de l’Église, plusieurs croyants ont estimé que Jésus ne pouvait pas être Dieu égal au Père. Cette thèse pouvait être soutenue à partir des limites dont témoigne la vie historique de Jésus : celui-ci ignore, par exemple, le jour du Jugement, Jésus se fatigue, Jésus connaît l’angoisse. Tous ces aspects de la vie du Christ sont jugés incompatibles avec l’affirmation de sa divinité. La foi de l’Église n’a pas retenu ce point de vue. Ce qui est en jeu dans ce débat est plus la nature de Dieu que l’humanité de Jésus. Lorsqu’on dit de Dieu qu’il est infini, incommensurable, immuable, sans commencement ni origine, etc., on comprend ces affirmations de telle sorte que Dieu ne peut pas entrer dans nos limites humaines.
Or, pour la foi chrétienne, être limité, souffrant, affecté par l’ignorance et l’angoisse, tous ces modes humains d’exister n’ont pas été jugés incompatibles avec le fait d’être Dieu puisque nous confessons de Jésus qu’il est Dieu Fils de Dieu. Autrement dit, il ne faut pas partir de notre idée de Dieu, qu’elle soit philosophique ou même issue de l’Ancien Testament, pour déclarer que Jésus est Dieu, Fils de Dieu, mais il nous faut réinventer notre idée de Dieu à partir de l’humanité de Jésus, et donc aussi de l’humanité crucifiée de Jésus. Il nous faut perpétuellement remettre en cause nos représentations de Dieu à partir de Jésus. Dieu doit toujours rester pour nous en chantier.
Alain Durand
in Dieu choisit le dernier
Éditions du Cerf, 2010.
Une méditation proposée par notre sœur Loan.
Toute histoire humaine commence bien par : Il était une Foi(s)…
Ne dit-on pas que la Foi Véritable soulève et transporte les montagnes ?
Alors j’imagine que la mauvaise foi fait facilement une montagne d’un trou de souris.
Combien de fois Seigneur j’ai douté de toi, moult fois, et à force de redouter cela finissait par devenir redoutable.
Combien de fois Seigneur j’ai cru que tu m’avais abandonnée, alors que c’est en m’abandonnant dans tes bras que j’ai retrouvé l’abondance de la VIE.
Combien de fois Seigneur j’ai cru que tu ne m’entendais pas alors que c’était moi qui n’étais pas à l’écoute de ta parole.
Combien de fois Seigneur j’ai laissé mes cinq sens (ouïe, vue, odorat, toucher, goût) s’altérer en raison de mon sixième sens qui est mon état d’esprit déplorable quand je me juge et juge mon prochain… plutôt que de méditer ta parole : « Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés » Matthieu 7, 1.
C’est pourtant bien toi qui nous a donné la Foi et aimés le premier.
Béni sois-tu pour ta Patience infinie envers notre humanité si pauvre parfois.
Loué sois-tu pour ta Miséricorde face à nos tribulations dans le monde.
Je te rends grâce pour un jour à la fois, pour ce bonheur d’avoir réveillé mon âme d’enfant qui se réjouit de vivre en ton Amour infiniment bon.
Je t’aime Jésus le Christ.
Sororellement et fraternellement.
Je vous embrasse chaleureusement,
votre sœur Loan.
photo Zorka Hereford
Une méditation proposée par notre sœur Marie-Agnès.
Je te loue, Seigneur, de n’avoir jamais donné de justification
au mal mais d’avoir, en lieu et place de tout discours, exposé
tes entrailles à la souffrance humaine
Je te loue, toi le Dieu incarné, de t’être affranchi des prisons
de nos théologies pour venir vivre
dans les limites que pose un corps, le vertige de l’insécurité
Je te loue, toi le Dieu d’ici et de maintenant,
de supporter la déchirure de la vraie compassion de laisser
à nos douleurs l’espace pour s’exprimer
sans nous pousser pour ton confort,
dans les bras d’une consolation préfabriquée
Je te loue, toi le Dieu de la délicatesse, d’avoir pour nos blessures
le respect d’un blessé
et d’ouvrir, dans le même temps, le cercueil
des jours où nous voulons nous enfermer.
Marion Muller Colard
En cette rentrée, nous reprenons notre cheminement méditatif avec les propositions de nos frères et sœurs. Le premier lundi de chaque mois, nous entrons dans la poésie de notre frère Philippe.
18
De nouveau angoissé, désespéré ?
C’est la Vie en toi, le Grand Vivant
qui crie pour que tu Le délivres,
Et tu L’as oublié !
Écoute-Le te murmurer :
« S’il te plaît, aie pitié de Moi,
demande vite de l’aide !
Ne Me laisse pas longtemps dans cet état,
ce désert sans chemin…
Si tu ne veux pour toi,
fais-le pour Moi…
Je ne veux pas mourir !
Ma soif est grande
quand tu laisses ta fatigue
et la peur t’envahir…
Il y a de l’eau sous le sable
pour nous désaltérer,
nous réjouir et nous rassurer…
Alors ne te lasse pas de creuser !
Fais-le pour Moi qui t’ai créé
et porté jusqu’ici dans Mes bras… »
Philippe
Depuis le 15 juillet, au rythme d’un épisode tous les trois jours, vous avez découvert sur communion-bethanie.org des extraits de Autrement, Dieu du père Raphaël Buyse pour nourrir votre été spirituel.
Cette aventure a pris fin le 1er septembre et reste consultable sur notre site jusqu’à la fin du mois.
Et puis ce matin, une surprise…
Un message du père Raphaël Buyse spécialement pour vous.
Il reste à poursuivre la marche.
Et à « partir vers ce qui arrive ».
L’évangile n’attend pas. L’humanité non plus.
Ne pas nous attarder.
Changer de point d’appui. En risquant s’il le faut quelques pas de côté.

Il reste à découvrir jour après jour le goût d’une Parole qui donne envie d’aimer pleinement le monde d’aujourd’hui jusque dans des incohérences et ses tâtonnements.
Il reste à croire, inconditionnellement, que chaque être humain, dans son histoire singulière, est salué par Jésus-Christ et sauvé par le Père de toute vie.
Il reste à nous tenir avec d’autres dans une foi humble et joyeuse, nous exposant au Souffle du Vivant qui renverse, élève et comble : Marie de Nazareth l’avait compris.
Il reste à accueillir à joie nouvelle cette parole entendue il y a longtemps, parole des origines : un « je veux que tu sois », un « je veux que tu vives », toujours à l’ordre du jour de Dieu.
L’ailleurs où l’homme de Nazareth nous donne rendez-vous n’est pas « un autre lieu » que celui où la vie nous place. C’est une « autre » façon d’être et de regarder la vie.
Je vous souhaite une bonne rentrée.
Père Raphaël Buyse
auteur de Autrement, Dieu…

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ou en ligne via La Procure
Autrement, Dieu
Père Raphaël Buyse
Éditions Bayard, collection J’y crois.
Du même auteur, paru le 2 septembre 2020…

« Tu m’as demandé un jour, Samuel, “c’est quoi, la vie ?” Tu venais de traverser une lourde épreuve, mais tu gardais en toi le désir profond de rebondir, de ne plus rien gâcher et d’être heureux, enfin. J’ai voulu te parler de Madeleine Delbrêl…
Une femme étonnante qui mit en acte sa foi dans les rues d’Ivry-sur-Seine au siècle dernier. Une assistante sociale. Une mystique. Bien plus que cela en fait. Son expérience spirituelle marquée par un amour profond de l’évangile et de ses contemporains est une source d’inspiration pour vivre et découvrir que toute vie est prise, bénie, rompue et appelée à être donnée. Ce qu’est la vie pour Madeleine Delbrêl ? L’entrée d’“une foule immense dans notre cœur”. Laisse-moi te raconter, Samuel… »
A découvrir chez votre libraire,
ou en ligne via La Procure
Toute cette foule dans notre cœur
Père Raphaël Buyse
Éditions Bayard.
Prêtre du diocèse de Lille, Raphaël Buyse est membre de la Fraternité diocésaine des parvis.
La Communion Béthanie tient à remercier tout spécialement le père Raphaël Buyse et les Éditions Bayard.
Un été spirituel avec Autrement, Dieu, une série proposée par la Communion Béthanie disponible sur le site communion-bethanie.org du 15 juillet au 30 septembre 2020.
« Être à l’écoute », c’était mon engagement lors de mon entrée dans le Temps de Nazareth, le 9 décembre 2018. C’était le service auquel je me sentais appelée alors auprès de mes sœurs et de mes frères en Communion Béthanie et dans le monde.
« Être à l’écoute », c’est plus que jamais ma vocation singulière, au sortir de ce temps si particulier, après des mois d’existence pas comme les autres, à ceci près que je parlerais plus volontiers aujourd’hui de « l’écoute du mouvement de la vie ».
Laissez-moi, en cette rentrée, tenter de vous emmener avec moi dans cette mise en mouvement…
Nous avons connu… l’obligation de réduire nos déplacements, de renoncer à certaines de nos activités. Nous avons dû nous habituer à ne rien pouvoir programmer, ni anticiper.
Lorsque les conditions le permettaient pourtant, ralentir notre rythme de vie nous a conduits à redécouvrir le silence extérieur et à goûter au silence intérieur.
La Vie alors s’est faite Maître dans l’apprentissage de l’accueil de l’inattendu, dans le consentement à ne pas savoir, à ne pas pouvoir, à nous laisser faire par les circonstances… et à accueillir ce qui est.
Chacun, chacune, nous avons pu entendre l’invitation simple à vivre, au jour le jour, instant après instant, dans le présent, en proximité avec nos très proches, avec nous-mêmes et avec le Vivant. Invitation à être là, simplement, à goûter chaque jour la Vie être en nous. Sans vouloir la posséder, la contrôler. S’enraciner dans ce que nous portons de plus précieux au plus profond de nous-mêmes, le Souffle du Vivant. Et nous mettre à Son écoute.
Le chemin pour cela, nous le connaissons : nous retirer à l’intérieur de nous-mêmes et nous rendre présent à Sa présence, dans le silence.
Accueillir le présent de Sa présence à chaque instant présent.
Nous rendre pleinement disponible, corps et âme, attentifs à la Présence lumineuse du Souffle.
De là, consentir (et non se soumettre ou subir) au non-savoir, au non-pouvoir, au non-comprendre dans l’immédiat.
Nous laisser désamarrer et dépouiller de l’inessentiel.
Puis, suivre le mouvement de la Vie ! Trouver l’équilibre entre l’intérieur et l’extérieur, l’immobilité et la mobilité, la solitude et la relation.
Parfois, la route débouche sur l’un de ces carrefours de l’existence où la Vie parle. Qui sait si le temps que nous venons de vivre dans l’immobilité du confinement ou encore ce temps de rentrée, n’en sont pas, de ces carrefours ?
Alors quoi ? Sinon s’y tenir un instant et risquer ensuite des pas nouveaux ?
Marcher Sa parole en Sa présence.
Vibrer la lumière que nous sommes.
Se laisser mettre en actes par le Souffle du Vivant.
Ne pas empêcher la musique que l’on porte au fond de soi de résonner : écouter le chant que nous recevons de la Source, les vibrations qui nous relient à tous les êtres vivants, et offrir au monde, aux autres, sa note particulière, sa couleur singulière, parce qu’unique et essentiel à la co-écriture de la Symphonie de la Vie à laquelle nous convie le Vivant.

C’est permettre la Vie en soi et autour de soi qui fait de nous des passeurs et des passeuses de Vie.
Nous avons je crois la responsabilité de nourrir quotidiennement notre cœur et nos sens de beauté, de lumière, d’amour et le choix du mouvement.
Ainsi…
Marchant sur le chemin vers la Vie, en Fraternité, en Sororité, avec nos fragilités, nos fractures, nos doutes, nos ombres, et en même temps nos forces, nos découvertes, nos couleurs, nos espérances ;
Marchant au rythme du Souffle du Vivant, dans l’accueil confiant de l’inattendu, de l’imprévu, qui peut parfois être chaotique, mais toujours abritant des braises qui ne demandent qu’à reprendre vie ;
Vivant un monachisme intériorisé, un monachisme du cœur, dans la contemplation de Jésus ;
Vivant la présence de Dieu en plein monde ;
Goûterons-nous à toutes les promesses de nos chemins d’engagement ou d’amitié en Communion Béthanie et dans nos communautés respectives !
Une très bonne rentrée à toutes et à tous !
Lætitia,
votre sœur en Communion Béthanie.
Une méditation estivale proposée par notre sœur Marie-Agnès.
Il y eut
un Unique,
pour que tous
soient visités,
chacun dans son lieu,
en son plein milieu,
là où se croisent
la chair et le nom.
C’est toujours
par le singulier
que s’annonce
l’éternité.
Déchiffrer
ce visage
pour la lumière
qu’il porte :
notre humanité
enfin née
de consentir
aux mains du potier.
Nous sommes
poussières de terre,
mais enfants
d’un seul Père
et voués à une illimitée
fraternité
par l’Amour
qui a tout donné.
Francine Carrillo
Vers l’inépuisable, 52 traversées pour 52 semaines
Éditions Labor et Fides
Photo de Oumaima Dadaoua.
Une méditation estivale proposée par notre sœur Marie-Agnès.
Nous ne sommes plus
simplement seuls,
pliés sur nos colères
ou nos rancunes.
Mais reliés
à plus large
que nous :
un appel à être,
un appel de l’être,
qui est, qui était
et qui vient.
Survient alors
ce que nous n’avions pas
entendu,
une passerelle jetée
vers une autre profondeur,
vers un juste bonheur,
si nous osions
nous risquer
sur l’autre versant
de nos peurs.
C’est sur le sable du non-savoir
dans l’absolue nudité du croire,
que se tient la Présence
qui délivre de l’errance.
Il suffirait d’un rien
pour goûter à cet éblouissement.
Francine Carrillo
Vers l’inépuisable, 52 traversées pour 52 semaines
Éditions Labor et Fides
Une méditation estivale proposée par notre sœur Marie-Agnès.
On s’en prend à Dieu
pour son silence,
son absence, son indifférence.
Pourquoi ce monde
si boiteux
et tant d’humains
malheureux ?
Pourquoi
cette impuissance
du Tout-Puissant ?
La question
est si ancienne
qu’elle en devient
sempiternelle.
On gagnerait
à la quitter
en s’ouvrant
à une autre démesure.
L’étonnement peut
avoir lieu aux marges
d’une conversation
ou d’une lecture.
Il arrive qu’on soit
emmené
par la justesse d’une pensée
ou la caresse d’une mélodie
qui soudain nous délivre
de nos rigidités
et nous ouvre
à une neuve porosité.
Francine Carrillo
Vers l’inépuisable, 52 traversées pour 52 semaines
Éditions Labor et Fides
Une méditation estivale proposée par notre sœur Marie-Agnès.
On se construit
en se cognant,
à des parents,
à des lois,
à des événements.
Apprendre
à ne pas esquiver
ce combat.
Nous y sommes
de toute façon envoyés
par la voix embuissonnée
dans les épines.
Celle qui a foi
en nous
jusqu’à faire taire
nos frilosités
quand il s’agit
de débusquer
la violence
dont nous sommes traversés.
On voudrait parfois
que l’appel se détourne
et nous rende
à la tranquillité d’être.
Mais la voix est là
qui fait corps
avec notre glaise.
On ne l’esquive pas
impunément
car c’est elle
qui veille sur notre liberté.
Francine Carrillo
Vers l’inépuisable, 52 traversées pour 52 semaines
Éditions Labor et Fides
Photo pxhere.com.
Une méditation estivale proposée par notre sœur Marie-Agnès.
On aimerait que vivre
aille de soi.
Que les cailloux fondent
et que l’amour réponde !
On voudrait aller
dans ses journées
le coeur accordé
et les gestes libres
dans la simple tranquillité
d’être ce que l’on est.
Quelquefois il est vrai,
le miracle s’accomplit.
Pour certains d’ailleurs
plus que pour d’autres.
On perdrait son temps
à questionner cette inégalité.
Regarder plutôt
vers cette clarté d’en haut
qui ne s’habitue pas
à nos obscurités.
Francine Carrillo
Vers l’inépuisable, 52 traversées pour 52 semaines
Éditions Labor et Fides
Une méditation estivale proposée par notre sœur Marie-Agnès.
On sait si peu
le nom de Dieu,
seulement qu’il est
la question
et parfois une parole
au bout du silence.
On veut parler
et ce n’est déjà plus lui
que les mots emmènent.
Mais on parle
et c’est une trace.
Un jour pourtant,
on risque un
« Me voici. » .
C’est donc
que la rencontre a eu lieu
et que l’on consent enfin
à tutoyer le mystère !
Francine Carrillo
Vers l’inépuisable, 52 traversées pour 52 semaines
Éditions Labor et Fides
Photo de fdecomite, Traces dans le sable de l’exposition de robots au PASS (Mons, Belgique).
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