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Méditation

Pause méditation du 16 mai 2022

Une méditation proposée par notre sœur Valérie.

La mue

Dans le fond du jardin un serpent a fait sa mue.
Sa vieille peau gît là, au soleil.
Si l’on n’y prend garde, en regardant de loin, on pourrait s’y méprendre
et voir là sa dépouille quand il ne s’agit que d’une peau morte,
une vieille peau.

Le serpent s’en est allé et continue sa bonhomme de route de serpent,
laissant derrière lui cette enveloppe devenue trop étroite.
S’il s’expose ainsi, nu et fragile, c’est pour pouvoir grandir.

En ces jours de printemps où tout renaît à la vie,
où le soleil est doux,
dans ces temps suspendus entre Pâques et l’Ascension,
je m’interroge…

Oserai-je la fragilité ?
Oserai-je la nudité ?
Oserai-je regarder la naissance, la résurrection, dans toute mort ?
Oserai-je regarder la mort dans toute naissance et ne point la craindre ?

L’Amour infini de Dieu pour moi ne m’invite-t-il pas, jour après jour à cette fragilité, à cette nudité…pour pouvoir grandir en Lui et par Lui ?

Valérie
sœur de la Communion Béthanie

Pause méditation du 9 mai 2022

Une méditation proposée par notre sœur Céline.

Faim, froid, fatigue et…

J’ai faim
manger à sa faim avant la faim d’aimer.
Appétit d’ogre ou de moineau, peu importe ! Sans mesure ou avec délicatesse ? Manger « tout fait » ou « fait maison », manger seul ou accompagné ?
Manger de toute façon,
comme une nécessité vitale.
Chaque jour, une énergie, en mode automatique, pour se rassasier.

J’ai froid
chauffer le corps avant de chauffer le cœur. Feu de joie ou feu de paille, peu importe ! En bougeant ou en se recroquevillant ? Se chauffer l’esprit pour cacher sa solitude ?
Se chauffer de toute façon,
comme un besoin primaire.
Chaque jour, une énergie renouvelée pour se réchauffer.

Je suis fatigué·e
se reposer avant de se mettre en marche.
Course au long cours ou course tout court ? Questions sans réponses ou fausses certitudes. Peu importe ! Se reposer avant tout.
Comme une paix retrouvée.
Chaque jour, une énergie sans pareille pour se poser.

Faim, froid, fatigue.
Se souvenir de soi avant d’être au monde.

J’ai la frousse
Peur d’être jugé·e avant la peur de mal aimer. Petite appréhension ou peur panique ? Peu importe ! Se rasséréner avant tout comme une paix retrouvée.
Chaque jour, une énergie folle pour se rassurer.

Faim, froid, fatigue… frousse.
Les quatre sœurs du mal de mer.
Faim, froid, fatigue, frousse.
Se souvenir de soi avant d’être au monde.

Céline,
sœur de la Communion Béthanie

Pause méditation du 2 mai 2022

Une méditation proposée par notre frère Manuel.

Il était une fois un disciple du Christ

Il était une fois un disciple du Christ qui songeait à le voir, à le rencontrer. Il jalousait les apôtres et tous les personnages du Nouveau Testament qui avaient croisé son chemin et qui avaient pu le voir de leurs yeux. Il ne demandait que cela ! Il imaginait tous les scénarii possibles : le lieu de la rencontre, le moment, ce qu’on pourrait se dire l’un à l’autre… Pendant des années, il entretint ce rêve, mais petit à petit le rêve s’estompa. Cependant, il resta disciple du Christ, attaché à sa Parole et actif dans sa communauté paroissiale.

Un jour, il faisait couler le café chez lui. Il était de mauvaise humeur, mécontent des autres et de lui-même ; une journée sans, en somme ! La sonnette retentit : la dernière chose dont il avait envie c’était d’une visite surprise, mais il alla ouvrir la porte, quand même. Et il était là, le Christ lui-même, avec un grand sourire dans ses lèvres : Bonjour lui dit-il. Le disciple resta bouche bée, mais dans un poli automatisme, il laissa entrer le Christ chez lui. Qu’est-ce qu’il pourrait bien lui dire ? Le disciple réfléchit à toute vitesse : lui parler de ses mérites ? Oh, ça ne se fait pas. Lui avouer tous ses péchés et lui demander pardon ? Ou lui demander pourquoi il avait mis si longtemps à répondre à son rêve d’antan… Le disciple s’avisa : le mieux était de laisser l’initiative au Christ.

Le Christ gardait toujours son sourire, il accepta le café de son disciple et attendit qu’il prenne une autre tasse. Assis tous les deux sur de confortables fauteuils, le Christ demanda :

— Est-ce que tu m’aimes plus que les autres ?

Alors là, le disciple perdit tous ses moyens. Il ne savait pas quoi répondre à cette question, et il ne songeait même pas à jouer le rôle de Pierre. C’était à lui que le Christ posait cette question, et c’était à lui seul d’y répondre. Il allait demander quelques minutes de réflexion supplémentaires quand le Christ continua à parler :

— Laisse-toi aimer plus que les autres. Aujourd’hui c’est le seul effort que je te demande, c’est la conversion à laquelle je t’invite. Laisse-toi aimer, et ne mets pas de limites à mon amour, à la grâce que je veux te donner. Laisse-toi aimer dans les jours où tu es satisfait de toi, mais aussi dans les jours comme aujourd’hui, où tu nages dans le mécontentement, la honte et les regrets. Laisse-toi aimer, car c’est toi que j’aime, et pas l’image que tu voudrais donner ou avoir de toi-même. C’est l’effort que je te demande. Laisse-toi aimer : tu découvriras la simplicité et tu pourras courir léger sur mes chemins, car mon amour saura refaire ce que tu aurais défait. Laisse-toi aimer, et tu répandras cet amour à tous ceux qui t’entourent. Tu vois ? C’est une conversion à la joie, celle que je te propose en te demandant de te laisser aimer.

Il était une fois un-e disciple du Christ qui lisait cette histoire, et qui décida…

Manuel,
frère de la Communion Béthanie,
inspiré très librement de Laisse-toi aimer, d’Élisabeth de la Trinité

Pause méditation du 25 avril 2022

Une méditation sélectionnée par notre frère Raphaël.

Le dit de Cléophas d’Emmaüs

Marchions fourbus
vers Emmaüs,
le profil bas
à reculons
avec nos pas
de feuilles mortes.

Marchions si las
clopin-clopant.
Le ciel aussi
boitait si bas
sans horizon.

Nous rejoignit
un inconnu
nous questionnant
sur nos tourments.

Le soir tombait
mais l’étranger
trouvait des mots
comme des lampes.

Des mots si simples
et si immenses,
c’étaient des portes
à deux battants
qui nous ouvraient
les Écritures.

Or, parvenus
au carrefour,
à la pliure
du grand livre,
sans un détour
il fit semblant
de s’éloigner
nous laissant seuls
abasourdis
avec nos cœurs
meurtris, brûlants.

Où irions-nous
si tu t’en vas ?
Reste avec nous !
Vois : l’ombre
gagne
sur nos jours.
Reste avec nous
quand tout
s’éloigne.

Sur le chemin
de la déroute
tu as des mots
qui nous éclairent
et qui dissipent
notre doute.
Voici l’auberge
où nous refaire.
Ta compagnie
nous avoisine ?

A peine entré,
notre invité
passa commande
à la serveuse,
et nous, ses hôtes,
vîmes le Maître
rompre le pain
avec un geste
rayonnant
d’infinitude,
mais reconnu
il disparut
laissant la table
ouverte à tous.

Foi de disciples,
à n’y pas croire !
C’était donc lui
notre Sauveur
et notre ami
encore tout frais
ressuscité
et nous restés
à nos tombeaux !

Gilles Baudry
Demeure le veilleur
éditions Ad Solem, 2013



Arcabas
Les disciples d’Emmaüs

Pause méditation du 28 février 2022

Une méditation proposée par notre frère Manuel.

Le pardon

Dieu tout-puissant,
aide-nous à supporter en souriant
le mal qu’on nous fait ;
chasse de nous tout désir de revanche.

Accorde-nous de ne pas rendre coup pour coup,
mais de trouver notre joie dans ta volonté,
en sorte que nous soyons portés
à te remercier et à te louer.

Dieu tout-puissant,
rappelle-nous toujours
que personne ne peut nous faire du mal,
sans se nuire mille fois plus à tes yeux.

Fais que nous soyons ainsi portés
à pardonner plutôt qu’à frapper,
à prendre en pitié plutôt qu’en haine.

Dieu tout-puissant,
fais qu’aucun de nous ne recherche
son propre avantage
au détriment du bonheur de son prochain.

Accorde-nous de rejeter toute haine
et tout esprit de discorde,
pour vivre ensemble
comme de vrais enfants de Dieu,
disant en parfaite amitié
non pas « mon Père »,
mais « notre Père ».

Martin Luther King

Je ne voudrais pas faire un exposé ici sur le pardon : parce que ce n’est ni le lieu ni le moment, et aussi parce que je ne suis pas un spécialiste. Je sais qu’on peut lire énormément de choses sur le sujet, et cela à partir d’angles très divers et complémentaires. Et c’est très bien. Je ne peux que rendre grâce pour l’effort que tant et tant de personnes font pour nous aider à réfléchir sur qu’est-ce que pardonner.

Pourtant je me sens invité à ne pas trop intellectualiser le pardon, mais à le vivre au jour le jour du mieux que je peux ; le vivre comme une course de longue haleine, sans être trop pressé d’arriver, mais sans me décourager et laisser tomber. Car le pardon n’est pas seulement un acte isolé, il conduit à une autre manière de vivre les relations difficiles et les mauvais coups que l’on reçoit.

Je vous dis, à vous qui écoutez : aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous détestent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous injurient. […] Aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer. Votre récompense sera grande et vous serez fils du Très-Haut, car il est bon pour les ingrats et pour les mauvais. Soyez généreux comme votre Père est généreux. Luc 6, 27-36

Manuel,
frère de la Communion Béthanie

Pause méditation du 21 février 2022

Une méditation proposée par notre sœur Céline.

Dire adieu

S’il fallait dire au revoir définitivement à tout ça maintenant…

On a tous ces fourmis écrasées comme sur des champs de batailles imaginaires dans une cour de récréation.

La vie. Minuscule. Un moment ici, un moment parti·e.

On a tous son bébé souris recueilli orphelin au fond d’une grange et qu’on essaie de nourrir en vain.

La vie. Exposée. Un moment ici. Un moment parti·e.

On a tous un proche, ou moins proche, parti pour de vrai. Famille. Ami. Ami d’un ami. Voisin. Migrant dans la mer. Idole de sa jeunesse. Maître à penser, second de cordée. Champion olympique.

La vie. Multiple et arc-en-ciel. Un moment ici. Un moment parti·e.

S’il fallait dire au revoir définitivement à tout ça maintenant… histoire de voir.

Je suis. Je ne suis plus. Un court moment ici. Un long moment parti·e.

Dire adieu.
En vérité.

Et la vie, la miséricorde et le pardon surgissent dans mon cœur !

En vérité,
La Vie comme une urgence et un miracle !

Céline,
sœur de la Communion Béthanie

Pause méditation du 14 février 2022

Une méditation proposée par notre sœur Élisabeth.

Les vieux moines

J’ai été accueilli par ces vieux moines comme un des leurs. Aimé par chacun d’eux comme un ami. J’étais chez moi chez eux. On aurait dit que j’étais attendu. Je me sentais à ma bonne place comme jamais je ne l’avais été.

Dans l’expérience pourtant inconfortable de la vie commune, j’ai goûté une paix qui surpasse tout entendement : j’en suis encore surpris. Ces frères bénédictins m’ont appris à me tenir là, immobile. A marcher sans bouger. A partir sans quitter. A être silencieux en même temps que conduit à ma propre parole. A me tenir à distance de ceux que j’aime en demeurant cependant très proche.

Ouvrant leurs portes tout autant que leur cœur, faisant de leur vie une table ouverte.

Indépendants mais s’aidant autant qu’ils le peuvent à être des amis. Plus d’une fois, … j’ai été touché par les petites attentions qu’ils se faisaient l’un à l’autre.

Père Raphaël Buyse, L’autrement Dieu, 2019 Bayard Éditions

Les frères et sœurs de la Communion Béthanie ne sont pas de « vieux moines », comme Raphaël Buyse nomme très respectueusement les frères bénédictins de l’abbaye de Clerlande qui l’ont accueilli. Je vous partage ici une réflexion personnelle et j’emprunte les mots du père. Mais lorsque j’ai lu ce beau livre et témoignage, ce passage m’a immédiatement fait penser à ce que je ressens lorsque je retrouve mes frères et sœurs de la Communion Béthanie lors de nos retraites annuelles : aimé par chacun d’eux, j’étais attendu, à la bonne place, goûté la paix, conduit à ma propre parole, une table ouverte…

Seigneur, c’est Toi qui rassembles, qui permets le respect, les échanges du cœur. Tu nous donnes à vivre des moments joyeux, heureux, dans des lieux apaisants.
En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. Matthieu, 18, 20

Merci Seigneur pour ces rencontres, les regards et attentions de mes frères et sœurs.
En action de grâce, dans Ta Paix.

Élisabeth,
sœur de la Communion Béthanie

Pause méditation du 7 février 2022

Une méditation proposée par notre sœur Valérie.

Le repos du corps et de l’esprit

Longtemps je me suis couché de bonne heure.
Marcel Proust, A la recherche du temps perdu
Qui n’a pas lu ou entendu ces mots ?

Apprends dans le repos du corps et de l’esprit la calme lenteur de toute germination.
Reçois la Paix du Christ.
Ne te hâte pas afin de mieux courir dans la voie des commandements, le cœur au large
. Règle de Reuilly
Qui a lu ou entendu ceux-là ?
Qui les recevra ?

L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt, dit le célèbre adage.
Qui ne le connaît pas ?

Le cœur humain, même le plus généreux, n’est pas inépuisable.
Dieu seul est illimité.
A exiger sans cesse le maximum de lui-même, l’être profond se dissocie et se perd.
La parole devient vide et la prière inquiète
. Règle de Reuilly
Qui n’a pas fait cette expérience-là ?

Alors, oui chers frères, chères sœurs, cher·es ami·es,
du lever au coucher, du coucher au lever,
recevez la Paix du Christ.
Et surtout, surtout,
que votre Joie demeure,
et que Sa Joie demeure en vous.

Valérie,
sœur de la Communion Béthanie

Pause méditation du 31 janvier 2022

Une méditation proposée par notre frère Sylvain.

« Le règne de Dieu est au milieu de vous »
Luc 17, 21

Notre esprit, notre corps, les lieux dans lesquels nous vivons, sont interdépendants.

Le monde extérieur affecte notre être profond et notre tranquillité d’esprit. (…)
L’esprit parvient difficilement à la paix quand le corps ne se trouve pas dans un espace physique paisible.

Quand nous disposons d’un espace en paix, nous pouvons revenir à nous-mêmes. Telle est l’intention de l’espace sacré. Mais pourquoi attendre de trouver une église, un temple, une mosquée, une synagogue ou un lieu réservé à la contemplation spirituelle. Un sentier, un bout de trottoir, un carré d’herbe ou un recoin de notre bureau feront l’affaire. Si nous faisons place à la contemplation et à la méditation à l’intérieur de notre maison, alors la paix et la joie nous seront toujours accessibles.

L’objectif du lieu sacré est de libérer l’espace afin de nous permettre de revenir à nous-mêmes et de toucher quelque chose au plus profond de nous. C’est une merveilleuse façon de communiquer.

Votre manière d’aménager une pièce est une chose très simple, mais elle révèle ce qui compte pour vous. Vous pouvez créer chez vous un espace dédié à la méditation et au renouveau. Pas besoin de beaucoup de place, un petit coin suffira. A condition de demeurer un lieu ouvert et paisible réservé à la contemplation en pleine conscience, il peut transformer votre maison.

Thich Nhat Hahn
Commencer à méditer


Il ne suffit plus, s’il a jamais suffit, de s’engager ici ou là au nom de Dieu. C’est en Dieu même qu’il faut s’engager comme en un lieu différent de tous les autres lieux si l’on veut connaître le chemin de bonne volonté.

Si l’ermite se retire du monde, ce n’est pas par désertion de celui-ci ni de ses frères. C’est au contraire pour se recueillir plus intensément à la source divine où s’originent les forces qui poussent le monde en avant, et pour comprendre à cette lumière les grands desseins de l’homme.

C’est au désert que l’inspiration la plus haute est souvent accueillie par l’âme. C’est là que Dieu a façonné son peuple, c’est là qu’il le ramène après sa faute. C’est là aussi que le Seigneur Jésus, après avoir vaincu le diable, a déployé toute sa puissance et a préludé à sa victoire de Pâques. N’est-ce pas d’une expérience analogue que, à chaque génération, le Peuple de Dieu doit renaître et se renouveler ?

Tout le monde, bien sûr, ne peut ni ne doit vivre en moine ou en ermite. Mais il n’est pas de chrétien qui puisse se passer d’un ermitage intérieur où il puisse rencontrer Dieu.

Un moine chartreux
L’Ermitage


Aide-moi, Seigneur à te rencontrer
dans le silence de ta présence,
dans le silence de ton amour,
dans le silence de ta grâce.
Ô toi, Mystère de silence,
Ô toi, Source de silence,
Ô toi, Océan de silence,
Ô toi, Plénitude de silence,
Ô toi, Silence des silences.

Agenda Prier, 1989

Pause méditation du 24 janvier 2022

Une méditation sélectionnée par notre frère Raphaël.

Vivre dans le monde

Ami,
Dieu n’est pas aux limites de nos connaissances
mais au centre de nos existences,
au cœur de la réalité,
dans la vie et la bonté de chaque être humain.

Dieu nous rappelle qu’il nous faut vivre dans le monde.

Seul le Dieu de la croix, qui se laisse déloger du monde et choisit la faiblesse,
seul celui-là demeure avec nous et nous aide.

Les promesses de Dieu valent pour chaque jour et pour chaque nuit,
et elles les remplissent tous,
semaine après semaine, année après année.

Il suffit de les saisir !

Merveilleusement gardé par des forces bienveillantes,
nous attendons sans crainte ce qui adviendra.

Dieu est auprès de nous, soir et matin.

Dietrich Bonhoeffer

Pause méditation du 17 janvier 2022

Une méditation sélectionnée par notre sœur Isabelle.

L’Amour n’a pas d’autre puissance que celle de se manifester dans l’impuissance

Dans ma communauté évangélique, je réalise que nous témoignons toujours de notre foi au culte, mais seulement une fois qu’on a dépassé les épreuves.

Jamais on ne témoigne au moment-même où on nage en plein doute ou en plein désespoir.
Et si c’était différent ? Et si on osait cette parole vraie ?

Ce sont les paroles et les questions échangées avec une personne la semaine dernière en toute confiance et authenticité.

J’évoquais alors avec elle que cela me faisait penser à une sorte de théologie de la « toute-puissance ».

La foi qui gagne toujours, la persévérance de la prière toujours exaucée, les bénédictions de Dieu qui finissent toujours par être données.

On ne peut que témoigner quand on a « réussi » d’une certaine manière.

Oui mais alors…

Qu’en est-il quand les personnes n’y arrivent tout simplement pas ?
Ce sont quoi des loosers de Dieu ?
Quand la prière n’est plus possible ?
Quand la Bible ne nous parle plus ?
Quand on faillit et qu’on n’arrive plus à se relever ?
Quand justice n’est pas faite ?
Quand on finit même par envisager le suicide ?

Les évangiles ne témoignent-ils pas justement d’une forme profonde d’impuissance de Dieu parfois ?
Qu’en est-il du massacre des enfants à Bethléem… que Dieu n’a pas pu éviter ?
De l’assassinat injuste de Jean le Baptiste… que Dieu n’a pas pu éviter ?
De Jésus lui-même qui doit souvent fuir des situations où sa vie est menacée… et que finalement Dieu n’a pas pu éviter comme le raconte la passion du Christ ?

Pourquoi ?

Pourquoi un frère doit-il perdre sa sœur, unique membre de sa famille qui lui reste, au moment où lui-même devient père ?
Et il devrait être d’accord avec ça et abdiquer devant Dieu dont les voies sont impénétrables ?

Pourquoi une femme doit-elle mourir sous les coups de son conjoint face à ses enfants et on dirait que Dieu a mis cela dans son plan ?

Pourquoi un enfant doit-il être violé par son oncle et entendre que Dieu a des projets de bonheur ?

Où es-tu Seigneur lorsque l’obscurité se fait si forte et semble si toute-puissante, elle ?

Moi aussi, face à ces questions ultimes, je ne sais pas !
Moi aussi je crie à l’injustice…mais la vie est-elle juste ?
Ne faisons-nous pas l’expérience en permanence que non ?

Alors pourquoi Seigneur ?

Quelque chose monte pourtant en moi là tout au fond…sous forme de question.

Notre indignation, notre sentiment d’injustice, notre cri de désespoir, ne sont-ils pas les signes qui nous rappellent justement ce qui est si essentiel et précieux à nos yeux ?

Nous ne ressentirions pas toutes ces émotions si cela n’avait pas une importance vitale pour nous n’est-ce pas ?

N’est-ce pas justement parce que mon cœur ressent, souffre, résonne avec tout l’univers que je suis vivante et vivant et que je comprends que j’aime profondément ?

Savais-tu qu’une personne psychopathe ou perverse narcissique est privée de toute émotion et de tout sentiment ?

Elle ne ressent littéralement aucune empathie ni pour les autres, ni pour elle-même.

Oh elle peut parfaitement te faire croire que oui, mais en réalité rien, c’est le vide émotionnel.

J’avoue que je n’y croyais pas jusqu’à l’année dernière, pourtant cela existe bel et bien malheureusement.
C’est comme si l’obscurité les avait englouties avec elles.
Et comme un trou noir, elles vont aspirer toute lumière et vie qui s’approcheraient trop d’elles.

A Noël, nous le savons, la nuit se fait plus longue de manière culminante…
L’obscurité semble tout envelopper.

L’origine du Noël chrétien s’appuie sur une fête païenne qui célébrait le retour du Dieu soleil dans cette période justement.

Nos récits de Noël racontent à leur manière la naissance de ce Dieu qui va s’incarner dans le Christ justement lors d’une nuit noire.

Une toute petite lueur dans l’obscurité du monde…qui a pourtant le pouvoir immense de l’éclairer si on la met bien en hauteur, pour que tout le monde la voie.

Un Dieu qui dès le commencement est tributaire de la vie et des autres.
Car si Marie n’avait pas accueilli en son sein ce petit être… Rien !

Si Joseph n’avait pas accueilli Marie dans sa situation périlleuse, elle serait probablement morte lapidée.
Si l’aubergiste n’avait pas laissé le couple s’installer dans la crèche, le bébé serait peut-être mort dans le froid…
Ou par l’épée sanglante de la main d’un soldat d’Hérode…

La foi dans ces récits (au-delà de leur véracité historique) n’a pour moi rien avoir avec le fait de bien lire la Bible, de bien prier ou d’être dans une relation juste à Dieu.

La foi dans ces récits évoque des attitudes et des actes qui marquent une profonde confiance en Dieu malgré les situations justement extra-ordinaires ou hors-normes.

Des femmes et des hommes qui se mettent à l’écoute de leur cœur et des messagers (anges) qu’ils reconnaissent comme venant de la part de Dieu…

…Quand bien même cela ne semble pas forcément cohérent avec la Parole de la Torah !

Les versets ne sont pas nombreux et pourtant, n’entendez-vous pas le profond doute qui submerge Marie, Joseph, les mages dans les évangiles ?

Leurs résistances intérieures ? Tous les comment cela se fera-t-il ? Leurs peurs ?

Ils témoignent justement de ce moment profond de questionnement sur le désir (volonté) de Dieu et le sens des événements.

Une comédienne très connue en Suisse, Claude-Inga Barbey a dit un jour :
« Quand je ne sais pas quoi faire dans une situation, je me demande toujours ce que ferait l’Amour ? »

Je crois que c’est une des plus belles phrases que j’aie entendu sur la foi !
C’est pour moi un résumé parfait de la Voie de l’Amour du Christ.

On s’apercevra alors que souvent l’Amour n’a pas d’autre puissance que celle de se manifester dans l’impuissance.

L’Amour révèle ce qu’il y a d’essentiel dans notre vie et dans la vie tout court.
Et si c’est essentiel c’est peut-être précisément parce que c’est fragile et vulnérable.
Car alors, il faut déployer tout notre être pour le préserver et lui trouver un abri.

A Noël, nous célébrons un Dieu impuissant qui a besoin de nous pour vivre mais qui est tout-puissant si nous Le laissons nous habiter pour traverser toutes nos épreuves.

L’Amour ne donne pas du sens au non-sens.
L’Amour donne une Présence dans le silence.

Oui, osons-nous dire, nous parler de ces moments de doute, d’obscurité et de peur.

Car ensemble, nous pouvons devenir un rempart d’Amour et témoigner d’une présence sororale et fraternelle dans notre vulnérabilité.

Alors là dans le secret, le Dieu tout puissant d’Amour se dévoilera sûrement.

Si tu as l’élan d’approfondir les questions sur « Les origines de Noël », découvre le texte de Karine Michel sur ma vidéo.

Dans l’élan de la Lumière qui guide nos pas jusqu’au mystère de Noël.


Carolina Costa,
pasteure protestante réformée,
que vous pouvez suivre sur carolina-costa.com

Pause méditation du 10 janvier 2022

Une méditation proposée par notre sœur Céline.

Dedans, dehors

Dans ma campagne où la rosée hésite entre la cristallisation et la source ;

Dans l’isolement que la nature nous propose avec son messager omicron ;

A l’heure où le désir de festoyer le dispute à la douceur du recroquevillement ;

Je lis les messages, les prières et les comptes rendus de retraite et je pressens qu’une attention se déploie autour du dedans et du dehors, comme un besoin de dire, de redire le fragile et puissant équilibre du JE au milieu du NOUS.

Paradoxe en apparence entre …
… le dedans et le dehors.

Je me souviens d’une prière collective dans un oratoire avec un frère dominicain.
Cela commençait par ces mots d’accueil : « Réjouissons-nous d’accomplir ENSEMBLE et en même temps, un temps de prière qui nous renvoie à chacun, j’ajouterais dans nos intériorités. »

Le dedans et le dehors.
Le ensemble et l’intime.

En Communion Béthanie, je suis et ne manque de rien ;

En communion Béthanie, nous sommes les verts pâturages ;

Rien de plus, rien de moins.
Inconditionnels et bienveillants.

C’est tout.

Merci à vous d’être là, merci à moi d’être présente à moi-même.

Céline,
sœur de la Communion Béthanie






Oratoire de l’abbaye de Baumgarten, vitraux et tabernacle par Sylvie Lander, 2018.