Une méditation sélectionnée par notre frère Patrick.
Après cela, j’ai vu : et voici une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues. Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main.
Ils proclamaient à haute voix : Le salut est à notre Dieu qui siège sur le Trône et à l’Agneau.
Tous les anges se tenaient debout autour du Trône, autour des Anciens et des quatre Vivants ; se jetant devant le Trône, face contre terre, ils se prosternèrent devant Dieu.
… Femmes fortes, femmes violentées. Voilà les histoires des Tamar bibliques, belles et droites comme des palmiers.
La prière du palmier, c’est ce mélange de droiture et de lucidité devant la violence qu’il faut parfois traverser.
Le palmier sait que les victoires sont éphémères, que les distinctions passent, que la beauté s’étiole.
Il sait que la seule victoire est celle de ce roi nu, humilié sur une croix maudite, qui n’a pas choisi cette mort, qui ne l’a pas voulue, mais qui a déposé sa vie dans les mains des siens.
Ceux qui partagent sa victoire, et nul doute que nos Tamar en font partie, peuvent désormais chanter le cantique de l’Apocalypse que, secrètement, les palmes fredonnent avec les anges : Le salut est à notre Dieu qui siège sur le Trône et à l’Agneau. Ap 7, 10.
Anne Lécu,
in Et vous, les arbres et les animaux, bénissez le Seigneur
Éditions Bayard
Une méditation sélectionnée par notre frère Patrick.
Moi, je suis né dans la faute, j’étais pécheur dès le sein de ma mère.
Mais tu veux au fond de moi la vérité ; dans le secret, tu m’apprends la sagesse.
Purifie-moi avec l’hysope, et je serai pur ; lave-moi et je serai blanc, plus que la neige.
… Cette petite brindille de rien du tout était immergée dans le sang de l’agneau pascal afin de purifier tout ce que ce sang touchait. Elle porte désormais du vinaigre pour désaltérer le Fils de Dieu à sa dernière heure.
La prière de l’hysope, c’est désigner le Fils comme étant celui qui purifie définitivement nos vies et ce qui est contaminé par la mort. Qui regarde vers lui resplendira, sans ombre ni trouble au visage. Ps 33 [34], 6.
Regarder le Fils et vouloir tendre nos vies vers lui c’est déjà être pur. Pendant la Semaine sainte, il n’y a que cela à faire : contempler le Christ qui s’offre, le supplier pour ce monde et ses habitants à la passion desquels Dieu s’associe pour toujours, et s’offrir à sa victoire.
La prière de l’hysope, c’est aussi offrir à boire au Christ, désaltérer notre Dieu. Les exégètes nous assurent que le vinaigre qui lui est offert est vraiment un soulagement et non une torture de plus. Tout ce qui est gratuit, tout ce qui est donné participe à soulager sa soif.
En ces heures saintes où nous célébrons l’infini amour de Dieu pour les siens, offrons nos vies en havres de Paix, où chacun puisse se reconnaître aimé tel qu’il est, délivré définitivement de ce qui tue. Désaltéré. Purifié. Vivant.
Anne Lécu,
in Et vous, les arbres et les animaux, bénissez le Seigneur
Éditions Bayard
Une méditation sélectionnée par notre frère Patrick.
Seigneur, délivre-moi
de la langue perfide,
de la bouche qui ment.
Que t’infliger, ô langue perfide,
et qu’ajouter encore ?
La flèche meurtrière du guerrier,
et la braise des genêts.
Peut-être que dans nos vies, il y a comme cela des arbres ou des rencontres minuscules, discrètes, furtives, grâce auxquelles nous avons retrouvé des forces. La prière du genêt, c’est une prière discrète et une intercession
bienveillante pour tous ceux qui vivent dans la fournaise du désert.
Solitude et désert affectif, désert religieux dans des communautés chrétiennes très fragiles mais pourtant fidèles.
Solitude de l’âge.
C’est pour chacun de nous que cette prière du genêt existe.
Anne Lécu,
in Et vous, les arbres et les animaux, bénissez le Seigneur
Éditions Bayard
Une méditation sélectionnée par notre frère Patrick.
Lorsque Jésus voit Nathanaël venir à lui, il déclare à son sujet : « Voici vraiment un Israélite : il n’y a pas de ruse en lui. »
Nathanaël lui demande : « D’où me connais-tu ? »
Jésus lui répond : « Avant que Philippe t’appelle, quand tu étais sous le figuier, je t’ai vu. »
Nathanaël lui dit : « Rabbi, c’est toi le Fils de Dieu ! C’est toi le roi d’Israël ! »
Jésus reprend : « Je te dis que je t’ai vu sous le figuier, et c’est pour cela que tu crois ! Tu verras des choses plus grandes encore. »
Et il ajoute : « Amen, amen, je vous le dis : vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l’homme. »
La prière du figuier nous rappelle que toute recherche spirituelle est un secret entre un homme et son Dieu. Cela explique la surprise de Nathanaël : D’où me connais-tu ? Jn, 48.
Le figuier est le témoin de ce que c’est d’être vu par le Christ : c’est être relevé, connu du dedans, innocenté, détaché de tout ce qui tue. Le figuier sait cela, lui qui a entendu cette parole terrible : Que plus jamais aucun fruit ne vienne de toi, Mt 21, 19. Sa stérilité fut maudite !
Ce jour-là, il a compris que la parole du Christ révèle à la claire conscience ce qui se passe au fond de notre cœur et qu’elle sépare en nous ce qui est promis à la vie de ce qui nous rend esclaves. Il a compris que la figue n’était pas le fruit de son effort, qu’il n’en était pas le propriétaire, mais qu’elle était un don qu’il devait accueillir pour en faire cadeau aux passants.
La prière du figuier, c’est de mendier le fruit qu’il pourra offrir à d’autres et de demander à son Seigneur la grâce de savoir accueillir ce fruit, afin de le donner à son tour.
Anne Lécu,
in Et vous, les arbres et les animaux, bénissez le Seigneur
Éditions Bayard
Une méditation sélectionnée par notre frère Patrick.
Aux chênes de Mambré, le Seigneur apparut à Abraham, qui était assis à l’entrée de la tente. C’était l’heure la plus chaude du jour.
Abraham leva les yeux, et il vit trois hommes qui se tenaient debout près de lui. Dès qu’il les vit, il courut à leur rencontre depuis l’entrée de la tente et se prosterna jusqu’à terre.
Il dit : « Mon seigneur, si j’ai pu trouver grâce à tes yeux, ne passe pas sans t’arrêter près de ton serviteur.
Permettez que l’on vous apporte un peu d’eau, vous vous laverez les pieds, et vous vous étendrez sous cet arbre.
Je vais chercher de quoi manger, et vous reprendrez des forces avant d’aller plus loin, puisque vous êtes passés près de votre serviteur ! » Ils répondirent : « Fais comme tu l’as dit. »
[…] Le chêne est l’arbre de l’alliance. A son ombre, nous pourrons échanger des confidences et renforcer les liens qui nous unissent. Par son envergure, il couvre ceux qui s’abritent sous son feuillage. Il permet une certaine discrétion bienvenue pour ceux qui se font des serments. Il abrite les amours naissantes, et protège les réconciliations qui s’ébauchent loin du bruit du monde. C’est à son ombre que des visiteurs ont annoncé à Abraham qu’il serait père d’une multitude.
Peut-être certains d’entre nous ont-ils aussi rencontré des anges de passage au pied d’un chêne ?
Peut-être le chêne nous invite-t-il à une prière extrêmement simple et paisible, pour que Dieu bénisse ce monde que nous aimons et permettre que nous sachions vivre de cette Alliance qu’il a scellée par son Fils sur le bois de la Croix ?
Anne Lécu,
in Et vous, les arbres et les animaux, bénissez le Seigneur
Éditions Bayard
Une méditation sélectionnée par notre frère Patrick.
Les impies croissent comme l’herbe,
ils fleurissent, ceux qui font le mal.
Mais pour disparaître à tout jamais.
Toi, qui habites là-haut, tu es pour toujours le Seigneur.
Vois tes ennemis, Seigneur, vois tes ennemis qui périssent,
et la déroute de ceux qui font le mal.
Tu me donnes la fougue du taureau,
tu me baignes d’huile nouvelle :
J’ai vu, j’ai repéré mes espions,
j’entends ceux qui viennent m’attaquer.
Le juste grandira comme un palmier,
il poussera comme un cèdre du Liban ;
Planté dans les parvis du Seigneur,
il grandira dans la maison de notre Dieu.
Vieillissant, il fructifie encore,
il garde sa sève et sa verdeur pour annoncer :
Le Seigneur est droit !
Pas de ruse en Dieu, mon rocher !
[…] Peut-être le bois de la Croix en était-il ? Nul ne peut le dire. Le cèdre peut aussi être une figure de l’orgueil. Ezékiel compare Pharaon à un cèdre magnifique qui s’est enorgueilli de sa hauteur et qui est tombé.
Dans le jardin qui domine la nouvelle Alliance, il n’y a qu’un arbre plus haut que les autres et c’est l’arbre de la Croix. Comme une poutre, il porte l’unique temple qui tienne bon : le Christ en qui nous pouvons nous abriter.
La prière du cèdre, c’est peut-être de ne pas s’enorgueillir, de ne pas se prendre pour ce que l’on n’est pas. Lui seul est fort. Le plus bel arbre de la terre, fût-il le plus majestueux, peut être déraciné par des tempêtes. Paul, qui s’est parfois cru plus fort qu’il n’était, l’a appris et n’a cessé de nous l’enseigner : Lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort (2 Co 12,10).
Dans cet esprit, la prière du cèdre, c’est devenir un temple pour Dieu.
Anne Lécu,
in Et vous, les arbres et les animaux, bénissez le Seigneur
Éditions Bayard
Une méditation sélectionnée par notre frère Patrick.
Avant même de te façonner dans le sein de ta mère, je te connaissais ; avant même que tu viennes au jour, je t’ai consacré ; je fais de toi un prophète pour les nations. Et je dis : Ah ! Seigneur mon Dieu ! Vois donc : je ne sais pas parler, je suis un enfant !
Le Seigneur reprit : Ne dis pas « Je suis un enfant ! » Tu iras vers tous ceux à qui je t’enverrai ; tout ce que je t’ordonnerai, tu le diras. Ne les crains pas, car je suis avec toi pour te délivrer – oracle du Seigneur. Puis le Seigneur étendit la main et me toucha la bouche. Il me dit : Voici, je mets dans ta bouche mes paroles ! Vois : aujourd’hui, je te donne autorité sur les nations et les royaumes, pour arracher et renverser, pour détruire et démolir, pour bâtir et planter.
La parole du Seigneur me fut adressée : Que vois-tu, Jérémie ? Je dis : C’est une branche d’amandier que je vois. Le Seigneur me dit : Tu as bien vu, car je veille sur ma parole pour l’accomplir.
La prière de l’amandier, ce n’est pas d’abord veiller de toutes nos forces (ce qui est le plus sûr moyen de s’endormir), mais entrer dans la veille de Dieu. C’est lui le premier veilleur. C’est lui qui, aujourd’hui encore, veille sur sa parole pour l’accomplir. C’est lui qui se choisit des prophètes n’ayant rien demandé, ne sachant pas parler. C’est lui qui met ses paroles dans leur bouche. Ceux qui, parmi nous, ont été baptisés et configurés au Christ, sont devenus membres d’un peuple de prêtres, de prophètes et de rois.
Tous nous pouvons un jour être amenés à dire cette parole que Dieu a déposée en nous.
Entrer dans la veille de Dieu, c’est lui donner nos bouches pour qu’il y dépose sa parole. C’est devenir des instruments de veille. Devenir avec lui veilleurs, enracinés dans sa veille à lui. Fleurir l’hiver, quand il fait froid encore. Annoncer un printemps auquel personne ne croit.
Donner notre corps à notre Dieu pour qu’il fasse de nos vies des crèches.
Le laisser naître en nous et entre nous, comme un petit enfant tout nu, et sans défense, et veiller sur cette naissance, éblouis comme les jeunes parents le sont. Mais c’est veiller sans crainte, car ce nouveau-né porte le nom de la grande veille de Dieu, l’accomplissement de sa Parole,
« Dieu-avec-nous. »
Anne Lécu,
in Et vous, les arbres et les animaux, bénissez le Seigneur
Éditions Bayard
Une méditation proposée par notre sœur Brigitte.
Jésus leur disait :
« Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison. »
Se rendre dans son lieu d’origine, se rendre dans le lieu de tous les possibles, de tous les commencements et de tous les conditionnements.
Dans nos lieux d’origine nous avons vécu l’émerveillement et bien souvent aussi nos plus grandes épreuves ; humiliations, défis. Nos lieux d’origine nous demandent de mettre sans cesse le genou à terre.
Dans l’évolution, le déploiement, l’épanouissement du souffle de Vie en nous, puissions-nous garder cette épine dans le pied de nos lieux d’origine, et dans le même temps puissions-nous poser un regard étonné et tendre envers tout ce qui nous a étriqué.
Puissions-nous reconnaître en l’autre le déploiement du vêtement nouveau dans sa vie, vêtement qui ne supporte pas que l’ancien soit cousu trop serré. Oui, même nos premiers éblouissements sont appelés à passer et à faire place neuve.
Puissions-nous détacher, laisser l’autre se déployer sans le garder dans les reproches du passé, de l’ancien, de nos conditionnements, sans le garder à l’étroit dans nos étiquettes mentales.
Puissions-nous le laisser se déployer dans toute sa plénitude et dans toute la nouveauté du souffle infiniment créateur, inépuisablement nouveau.
Amen
Brigitte,
sœur de la Communion Béthanie.
Une méditation proposée par notre frère Raphaël.
Il me semble que nous avons toutes et tous, à un moment donné, connu cette espèce de tension entre le désir sincère de (nous) donner et celui légitime de nous préserver. La situation semble impossible alors. Et pourtant…
« Dégage-toi dans la mesure même où tu t’engages sans compter. Prends de la distance dans la mesure même où tu communies fraternellement à autrui. Le cœur humain, même le plus généreux, n’est pas inépuisable. Dieu seul est illimité. À exiger sans cesse le maximum de lui-même, l’être profond se dissocie et se perd. La parole alors, devient vide et la prière inquiète. Pour retrouver un regard libre sur les événements, il faut fuir et se tenir, tranquille et rassemblé, devant le maître de tout. Pars donc vers la source cachée de toute chose. Quitte tout et tu trouveras tout. Prends le temps de vivre amicalement avec toi-même. Respire. Reprends haleine. Apprends, dans le repos du corps et de l’esprit, le calme de toute germination. Reçois la paix du Christ. Ne te hâte pas afin de mieux courir dans la voie des commandements, le cœur au large. »
Prière de la Communauté des Diaconesses de Reuilly,
Raphaël,
frère de la Communion Béthanie
Une méditation proposée par notre sœur Céline.
Ce fut long
Rien ne transpira
Ni peines ni bonheur
Ni fatigue ni élans
Rien de ressenti
Ni lumière ni obscurité
Ni bruit ni solitude
Pas de fêtes ni d’épreuves non plus
Ce fut long
Et puis soudain
Tout d’un coup
De l’air dans les poumons et des cris alentours
Des frissons et des caresses
De la faim aussi et des séparations
De la musique et des crimes
De la peste et de la Covid
Comme de l’amour et de l’amitié
Et puis soudain
Tout d’un coup
Reconfinement
Pour toujours
Que ferons-nous lorsque nous renaîtrons de nouveau ?
Céline,
sœur de la Communion Béthanie
Une méditation proposée par notre sœur Loan.
En voilà une bonne nouvelle Seigneur, moi qui si souvent a douté de ta parole. A force de redouter, cela devenait redoutable.
Combien de fois ai-je expérimenté le fait qu’entre mon avis et l’avis de l’autre, ce qui prime c’est l’avis de la Vie, qui est Toi, le tout Autre.
C’est bien en me nourrissant de ta parole et en méditant sur les Écritures que mon âme se ressource à tes eaux vives.
C’est bien en le partageant avec mes sœurs et mes frères en humanité et en Christ que le sang de ta vie réjouit mon cœur.
C’est bien Toi mon soleil, qui de ses rayons réchauffe mon âme et éclaire ma conscience de ton Amour et de ta Lumière.
Je t’aime, Toi l’au-delà de tout, mon et ma meilleur·e ami·e.
Loan,
sœur de la Communion Béthanie.
Une méditation sélectionnée par notre sœur Marie-Agnès.
Un sage prit la parole et dit :
« Cultivez le courage et la force. Apprenez à dépasser vos peurs. Confrontez-vous à elles et, petit à petit, vous apprendrez à les vaincre. Certaines disparaîtront totalement, d’autres subsisteront mais ne vous paralyseront plus. Vous découvrirez que vous êtes plus forts qu’elles. »
Un autre sage prit la parole et dit :
« Cultivez la souplesse. La vie est en devenir permanent. La souplesse vous permet de vous adapter au mouvement de la vie. Elle vous permet de réagir avec justesse à un événement imprévu, à une attitude d’autrui qui vous surprend. »
Un sage prit la parole et dit :
« Cultivez la tolérance. Ne soyez pas convaincus que vous seuls possédez la vérité. Le monde est divers, les sensibilités sont variées et ce qui est bon pour l’un ne l’est pas forcément pour l’autre. De même, ce qui est tenu pour vrai dans telle culture n’est pas forcément vrai dans telle autre. L’esprit de tolérance nous permet d’élargir notre compréhension de la vie et du monde. Il ne signifie pas pour autant que tout se vaut. »
Frédéric Lenoir,
L’âme du monde, Éditions Nil ou Pocket.