• contact@communion-bethanie.org

Archive de l’étiquette Noël

Noël 2023

Méditation pour le jour de Noël proposée par Timothée de Rauglaudre.

« Un royaume incarné »
Jean 1, 1-18

Cette dernière méditation sera conclusive. Du moins synthétique. Car aujourd’hui est un début, non une fin. Et le Christ est celui qui ouvre, celui qui récapitule. À sa suite, récapitulons donc. Durant ces quatre dimanches de l’Avent, j’ai exploré pour vous quatre figures bibliques, ou plutôt trois et demi. D’abord celle du veilleur, de l’éveillé, qui guette l’aurore, qui attend la venue du Christ et prête attention au plus petit, à l’opprimé. Celle du prophète ensuite, à travers le dernier des prophètes (avant la venue du Messie), Jean le Baptiste : un prophète qui annonce le temps du Messie, un prophète de paix, de sobriété et de folie, un prophète d’humilité, qui s’abaisse. La figure de Marie enfin, celle qui a la foi révolutionnaire, qui réconcilie l’accueil de l’ange Gabriel et l’annonce libératrice du Magnificat.

Le Verbe s’est fait chair

Chacun de nous, chaque croyant, est appelé à habiter tous ces rôles, à un moment ou à un autre de sa vie, à son échelle. À veiller, à prophétiser, à faire activement confiance. Tous ces rôles nous sanctifient et nous font entrer un peu dans la Jérusalem céleste. Telle est la joie du chrétien. Mais aucune de ces figures n’est un visage évanescent, fantomatique. Ce sont des visages de chair. C’est ce que nous enseigne l’Évangile en ce jour béni de la Nativité de notre Seigneur Jésus-Christ. Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous (Jean 1, 14). Nous connaissons bien cette formule. Mais avons-nous vraiment compris sa portée ? Avons-nous vraiment assimilé ce que signifie ce mystère de l’Incarnation, le mystère de ce Dieu tout-puissant qui a pris notre condition d’hommes, une condition de petit parmi les petits, qui plus est ?

Un matérialisme spirituel

Matthieu nous raconte que les disciples, voyant Jésus marcher sur la mer, sont d’abord effrayés, croyant voir un fantôme (Matthieu 14, 26). C’est là un de nos plus grands péchés. Spiritualiser à l’excès la promesse de l’Évangile. Refuser le monde en attendant l’avènement d’un royaume lointain, dans les hauteurs de l’esprit, sans comprendre que ce royaume est déjà au milieu de [nous] (Luc 17, 21). Que le Christ a pris chair, qu’il est mort en souffrant dans sa chair, qu’il a ressuscité dans sa chair. Qu’il s’est incarné dans une époque, avec ses spécificités, ses paysages, ses souffrances, ses rapports de pouvoir. Que ses paraboles parlent de la terre, de l’humus, parce que la conscience de la matière, de la poussière, est le premier pas sur le chemin de l’humilité. Le christianisme est un matérialisme spirituel, ou un spiritualisme matériel. L’Évangile, c’est une promesse d’universel qui est apparue dans un contexte particulier. Aussi, c’est de façon incarnée, contextualisée dans notre époque, que nous devons recevoir ce message qui, lui, n’a pas bougé. Nous devons être des veilleurs incarnés, des prophètes incarnés, des « servantes du Seigneur » incarnées. C’est seulement avec cette conscience que nous pourrons honorer notre Sauveur, cette faible lueur qui resplendit dans la crèche, et que nous pourrons commencer à voir le royaume qui se bâtit, patiemment, discrètement, autour de nous.

Ce chant pour accompagner la méditation : The Kingdom of God de Taizé.

Timothée de Rauglaudre
Journaliste et auteur

Pause méditation du 25 septembre 2023

Une méditation proposée par notre frère Sylvain.

C’est l’automne… et dans trois mois, c’est Noël !

C’est pour sortir que le Christ est venu, pour aller en plein vent, au plus dur de nos tempêtes, de nos haines et de nos peurs. Tel un film moderne le montre, marchant, marchant sans cesse, en quête non d’un toit mais de l’humain.

Sortir avec le Christ, c’est prendre part à l’avènement d’un monde revisité. C’est entrer dans le mouvement de délivrance inauguré par le Christ. C’est travailler pour que paraissent dès ici-bas quelques empreintes de Dieu, venant nous hisser hors de nos morts. Et ce sera parfois entrer en résistance, en clandestinité, en martyre. Ce sera enfin d’entendre chanter le bruit d’une source, la musique d’une vie qui invente et féconde nos vies. Il vaudra la peine d’entrer dans l’étable. Il vaudra la peine d’en sortir.

Quant aux bergers qui adoraient l’enfant dans la nuit de Noël, ils sont les prémices de toute une race : une race d’hommes, de femmes et d’enfants, que ni pauvreté, ni richesse ne désespèreront d’espérer, de se faire attentifs et fraternels, les yeux ouverts sur ce monde réel, sans quitter de vue le Seigneur du monde.

D’après Continuer l’Évangile – Diaconesses de Reuilly

Dans trois mois, c’est Noël !

Christ,
manifesté dans la chair,
justifié dans l’Esprit,
apparu aux anges,
proclamé dans les nations,
cru dans le monde,
enlevé dans la gloire !

Viens, Seigneur Jésus !

Sylvain,
frère de la Communion Béthanie

Noël 2022

Une méditation proposée par notre frère Jean-Michel.

La lumière luit dans les ténèbres.
Jean 1, 5

Si dans nos vies, chaque nuit pouvait devenir comme une nuit de Noël, une nuit illuminée de l’intérieur.
Frère Roger de Taizé

Pour les personnes prostituées dont on achète l’amour dans l’obscurité de la nuit, pour ceux qui sont pris au piège de la drogue dans les ténèbres,

Pour les voleurs, les assassins et les criminels qui font le mal avec la complicité de la nuit,

Pour ceux qui sont en prison, pour ceux que l’on torture et que l’on dégrade dans le secret de la nuit, pour les condamnés à mort qui attendent la nuit de leur exécution,

Pour les pauvres sans abri, pour ceux qui errent solitaires dans la nuit, au milieu de l’indifférence des autres,

Pour ceux qui, dans leur nuit, cherchent à te rejoindre sans y parvenir, pour les vieillards qui souffrent et s’éteignent dans la nuit de leur solitude,

Pour les aveugles dont la nuit n’a pas de fin, pour les malades mentaux dans la nuit de leur folie,

Pour ceux qui travaillent et peinent dans la nuit, pour ceux qui voyagent dans l’insécurité de la nuit,

Pour toutes et pour tous,

La lumière luit dans les ténèbres.
Jean 1, 5

Jean-Michel+,
frère prieur de la Communion Béthanie

Noël 2021

Méditation de Noël proposée par les sœurs et les frères de la Communion Béthanie.

L’Après de l’Avent

En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre – ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie. Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville d’origine. Joseph, lui aussi, monta de Galilée, depuis la ville de Nazareth, vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem. Il était en effet de la maison et de la lignée de David. Il venait se faire recenser avec Marie, qui lui avait été accordée en mariage et qui était enceinte.
Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter fut accompli. Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. Dans la même région, il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux. L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte. Alors l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. »

Luc 2, 1-14

Noël, la rencontre d’un nouveau-né pas comme les autres
J’éprouve de la méfiance vis-à-vis d’un imaginaire un peu trop chaleureux, romantique, sucré. Noël n’est pas une jolie histoire, un joli rêve.
A Noël, je vois venir à ma rencontre un nouveau-né qui, déjà, est mon maître. Un enfant qui va me donner à manger comme on donne à manger à un nourrisson. Un enfant qui va m’apprendre des vérités élémentaires et pourtant tellement essentielles.
Il va m’apprendre que d’un côté il y a les stratégies, les calculs, la force, la puissance, l’argent, la jalousie. Et que, de l’autre, il y a l’attention à l’autre, l’oubli de soi, le don, l’ouverture, la bonté.
A Noël, arrive un enfant qui va nous rendre la vie impossible, mais sans cet impossible, il n’y a rien.
Christian Bobin

Pendant le temps de l’Avent, nous écoutons les promesses de Dieu telles que les prophètes nous les ont rapportées. Il nous est annoncé que l’eau jaillira dans le désert, que les épées seront forgées pour faire des charrues, que le loup et l’agneau, la panthère et la chèvre, vivront ensemble dans la paix. Ce ne sont pas de pieuses illusions, avec lesquelles les prophètes veulent nous endormir, mais plutôt des rêves dans lesquels nous découvrons nos propres possibilités. Ce sont les rêves de Dieu pour nous.
Anselm Grün, Une méditation pour chaque jour

Rien n’est à la fois plus beau et plus fragile que d’accueillir l’Après de l’Avent, au
cœur de nos vies toujours en désir d’avenir, toujours à guérir de certains souvenirs.

Aussi, laissons-nous saisir par les promesses de Dieu qui peuvent nous paraître insensées ou
irréalistes, et laissons-nous conduire par son Fils unique à qui nous pouvons offrir, dès aujourd’hui, la crèche de notre cœur.

De cette belle et intense oraison de la veillée de Noël naîtront la volonté du Père et les rêves de Dieu pour chacun·e de nous pour tout horizon.

Oui, la nouvelle année nous ouvre déjà ses portes et, surtout, un passage !

Marie-Agnès et Patrick,
sœur et frère de la Communion Béthanie



peinture de Bernadette Lopez, alias Berna.

Jour de Noël 2019

Méditation du jour de Noël par Sœur Elisabeth, prieure du monastère de la Paix-Dieu à Cabanoule.

Dans sa Bible des contrastes, le pasteur et peintre Henri Lindegaard réalise un dessin biblique intitulé : « Une ligne qui s’incline ».
C’est ainsi que l’artiste évoque le mystère de Noël : une ligne verticale qui peu à peu devient horizontale.

La ligne verticale d’abord : le bâton de Joseph le juste qui dans la foi surmonte l’incertitude.
La ligne s’incline et devient les barreaux d’une mangeoire.
La ligne s’incline encore et devient une femme fatiguée d’avoir marché longtemps, cherchant un lieu pour accoucher : Marie.
La ligne s’incline lentement encore vers une crèche et devient ce tout-petit couché, horizontal.

C’est ainsi que Dieu sous le poids de sa gloire devient homme.
Et nous voilà ensemble aujourd’hui contemplant ce mystère de Noël.

Regardons doucement ce Dieu qui fait une inclination profonde devant chacun de nous dans un respect infini.
Divine doxologie :  Gloire à toi, homme. Gloire à toi, femme.

Sœur Elisabeth





Image La ligne qui s’incline de Henri Lindegaard, extraite de La Bible des contrastes, Méditations par la plume et le trait du même auteur, 224 pages, 2005, Olivétan éditeur.

1