Une méditation proposée par notre sœur Christine.
Il y a tant de blessures dans la vie. Nous sommes tous des handicapés.
Chacun est crucifié à l’endroit ou il aime. Dans mon sacerdoce, je tenterai toujours, jusqu’au bout, avec mes équipiers, de dessiner le visage de l’espérance.
Société sans espérance clament les marchands de pessimisme. D’accord, les atteintes à notre humanité existent cruellement, mais une spiritualité laïque faite de courage, de solidarité peut dynamiser à fond ceux et celles qui la pratiquent.
Nous, chrétiens, avons un trésor prestigieux où nous pouvons puiser, à condition de croire aux paroles du Christ : Sois sans crainte, je suis avec toi. Nos innombrables appels ne lassent pas le Christ, toujours prêt à nous transmettre sa force. La prière est la source de notre propre force.
Extrait de Nos fragilités. Comment les accepter et les surmonter, de Guy Gilbert, Éditeur Philippe Rey.
Christine,
sœur de la Communion Béthanie.
Une méditation proposée par notre frère Manuel.
J’aime beaucoup le Magnificat, cette prière de louange prononcée par Marie dans l’évangile de Luc. En fait j’aime beaucoup la prière de louange : elle me dilate à l’intérieur, elle me fait me sentir bien, mais parfois je ne trouve pas quoi dire… Aussi parfois le doute m’assaille : à quoi bon dire à Dieu qu’il est beau, qu’il est grand ? Là, j’avoue, je me laisse piéger doublement : car je me place en termes d’utilité (est-il ajusté de lier prière et utilité ?) et en plus je me limite à ma bouche, à ce que je dis, éventuellement à ce que je ressens ; je ne vais donc pas au fond de moi, je ne vais pas au fond de cette rencontre qui est la prière. Alors ?
En effet, la grandeur de Dieu est ce qu’elle est, nous n’y pouvons rien ajouter. Mais ce que nous pouvons faire grandir en nous, c’est la connaissance que nous avons de lui, connaissance qui nous incite à le glorifier et à le magnifier, en particulier pour sa bienveillance et sa bonté à notre égard. Aussi la sainte mère de Jésus ne dit pas : Ma voix ou ma bouche exalte le Seigneur ; elle ne dit pas non plus : Ma main ou mes pensées ou ma raison ou ma volonté exaltent le Seigneur. Mon âme, c’est-à-dire mon être tout entier, toutes mes puissances et toutes mes facultés. Marie est, pour ainsi dire, perdue en Dieu.
Martin Luther, Commentaire au Magnificat.
Se perdre en Dieu… Cela me laisse songeur, et me ramène à la mémoire un poème de Thérèse d’Avila, où elle nous confie une parole reçue dans sa prière :
Âme, en Moi tu as à te chercher,
et en toi tu as à Me chercher.
La relation avec Dieu, comme toute relation sérieuse, nous prend les tripes, pour ainsi dire. Elle nous prend dans nos entièretés à tous les deux, dans tout l’être des deux partenaires, et pas uniquement dans le mental ou la sensibilité. Dieu a fait en Marie de grandes choses. Mais la plus grande, nous dit Marie elle-même, c’est qu’il ait jeté les yeux sur elle, car tout dépend et découle de cette grâce initiale. En effet quand Dieu se penche sur une âme et jette les yeux sur elle, c’est pour la sauver par pure bonté, et de ce premier bienfait dériveront tous les autres.
Martin Luther
Car lorsque Dieu nous regarde, il nous regarde en profondeur, et c’est en profondeur que nous pouvons consentir à son regard, consentir à tous ses bienfaits ; c’est ainsi que nous pouvons entonner notre propre Magnificat. Chantons-le, alors, et marchons mettre ces bienfaits au service de nos frères et sœurs ; eux aussi glorifieront le Seigneur.
Mt 5, 16
Manuel,
frère de la Communion Béthanie.
Une méditation proposée par notre frère Sylvain.
Il leur dit alors : « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? » Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait.
Luc 24, 25-26
Depuis longtemps je ne cesse de recommander à tous un contact direct avec les évangiles. Pourquoi ? Parce que si nous n’avons pas un contact journalier avec l’être cher, il nous sera difficile de l’aimer. L’amour ne se vit pas par correspondance, il ne peut s’entretenir uniquement à distance : bien sûr cela peut exister, mais il s’agit là d’exceptions. L’amour nécessite un contact permanent, un dialogue permanent ; l’amour c’est écouter l’autre, l’accueillir, le regarder. Ça consiste à partager sa vie. Si nous n’avons pas l’expérience du Christ vivant, celui avec lequel l’Évangile nous met en contact, nous risquons de ne saisir que des idées, voire pire, des idéologies sur l’Évangile.
Il n’y a pas de foi sans rencontre, car la foi est une rencontre personnelle avec Jésus.
Rapprochons-nous donc des épisodes de la vie de Jésus avec des yeux pleins de contemplation. S’il est vrai que la foi commence par l’écoute, la rencontre commence par le voir. C’est pourquoi il est important d’écouter et de voir Jésus dans les Évangiles.
Pape François, Introduction à La vie de Jésus par Andréa Tornielli
Seigneur Jésus, ouvre-nous les Écritures !
Que notre cœur devienne brûlant tandis que tu nous parles.
Amen.
Sylvain,
frère de la Communion Béthanie.
Une méditation proposée par notre sœur Isabelle.
Des gens présentaient à Jésus des enfants pour qu’il pose la main sur eux ; mais les disciples les écartèrent vivement. Voyant cela, Jésus se fâcha et leur dit : « Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. Amen, je vous le dis : celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas. » Il les embrassait et les bénissait en leur imposant les mains.
Mon corps, ma chair, lieu de rencontre, de relations vraies, d’union, de communion profonde, intime, de bénédictions ; ou lieu d’incompréhension, de divisions, de rejet, d’abus, de malédictions ?
Dans l’Évangile, Jésus très souvent rencontre l’autre, le guérit à travers son corps.
Et moi, suis-je suffisamment disponible pour me laisser toucher physiquement, affectivement, spirituellement…et ainsi guérir mon cœur de pierre ?
Comme l’enfant, suis-je prêt·e à me laisser « toucher », « embrasser » et accueillir ainsi la bénédiction de Jésus, ou la transmettre physiquement aux autres, aux prochains ?
Mystère de l’Incarnation.
Isabelle,
sœur de la Communion Béthanie
Une méditation proposée par notre sœur Françoise.
C’est un père qui aime son enfant. Un père qui appelle toute personne à l’aide pour que son fils guérisse. Que ne ferait-il pas pour lui ?
Il a demandé cette aide aux disciples de Jésus mais ils n’ont rien pu faire ! Aussi, quand il se tourne vers Jésus, sa demande est prudente : Si tu peux quelque chose, viens à notre secours, par compassion envers nous !
Si tu peux ! Voici une parole qui ne convient pas à Jésus… Qu’il ne peut admettre parce qu’elle minimise les forces cachées des êtres qui l’interpellent. Pourquoi dire si tu peux ?
Alors il renverse la situation. Tout est possible pour celui qui croit.
Qu’en est-il pour moi ? Ne suis-je pas en deçà dans mes demandes parce que je doute de la force de ma prière, de la légitimité de mes demandes, de la puissance de ma foi. Une petite voix dans ma tête ne me dit-elle pas : A quoi bon ! Ou encore, et c’est bien plus grave : Ça ne marchera pas !
La réponse de ce papa est magnifique : Je crois ! Viens au secours de mon manque de foi !
Ce double mouvement est étonnant mais si juste… Oui, je crois mais pas sans Toi, Jésus ! Il y a tant de manques en moi ! J’ai besoin de Toi pour que ma foi grandisse, pour que ma prière soit plus forte avec Toi, pour que ma confiance en sa puissance creuse son puits et s’abreuve aux sources de Ton amour…Je crois mais pas sans mes frères et sœurs dans la foi, qu’ils soient juifs, chrétiens, musulmans, hindouistes, bouddhistes ou croyants dans leur propre sagesse. La puissance de leur prière m’est nécessaire. Ensemble, la force de nos demandes se déploie pour que les êtres se relèvent, se mettent debout, se libèrent…
Je crois, c’est vrai…mais viens, Seigneur, venez frères et sœurs, vous tous, les priants de la terre… Venez au secours de mon manque de foi !
Françoise,
sœur de la Communion Béthanie
Une méditation proposée par notre sœur Valérie.
Les soldes sont finies. C’est encore l’hiver mais dans les vitrines, la collection d’été ne va pas tarder à s’afficher.
Le soir, la lumière du jour résiste et repousse la nuit chaque jour un peu plus, annonçant le printemps déjà, malgré le froid.
A l’Est, le printemps prédit-on rimera avec offensives militaires. Encore plus de tués, de destructions, de désolation.
Dans nos rues, on crie à l’injustice d’une précarité annoncée, de droits qui s’effilochent.
Une femme a accouché d’un petit Eloïs ces derniers jours.
Un homme dans un journal a accouché des mots qui devaient être dits.
Douloureux travail d’enfantement et même délivrance.
Dans le silence de ma prière, ces bruits du monde tourbillonnent.
Le Seigneur voit.
Le Seigneur entend.
Présente à Sa Présence, assurée de Son Amour, l’Univers se fait UN. Sa Paix me rejoint et ces mots montent à mes lèvres. Je les récite avec vous, frères, sœurs, ami·es d’ici et d’ailleurs :
Heureux ceux qui se savent pauvres en eux-mêmes, car le Royaume des cieux est à eux !
Heureux ceux qui pleurent, car Dieu les consolera !
Heureux ceux qui sont doux, car ils recevront la terre que Dieu a promise !
Heureux ceux qui ont faim et soif de vivre comme Dieu le demande, car Dieu exaucera leur désir !
Heureux ceux qui ont de la compassion pour autrui, car Dieu aura de la compassion pour eux !
Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu !
Heureux ceux qui créent la paix autour d’eux, car Dieu les appellera ses fils !
Heureux ceux qu’on persécute parce qu’ils agissent comme Dieu le demande, car le Royaume des cieux est à eux !
Matthieu 5, 1-10
Valérie
sœur de la Communion Béthanie
Une méditation sélectionnée par notre sœur Christine.
L’olivier est un grand témoin de notre histoire. C’est un arbre de l’union, symbole du pardon, il représente la paix, la sagesse, on devrait l’appeler l’arbre de la fraternité.
Oui, car la fraternité, c’est comme cet arbre, c’est la nature. Il est beau, il est vivant et quand il est en fleurs, il représente les couleurs du monde.
C’est un arbre qui donne du fruit, il devient nourriture de notre vie pour partager nos joies, nos peines, c’est la fraternité.
Cette fraternité nous fait grandir par l’attention que nous avons les uns pour les autres, sans frontière, simplement, pour être heureux ensemble.
Cet arbre nous enracine dans l’amour de Jésus, dans une fraternité pour construire une histoire commune, tissée de nos vies différentes.
On dit à Jésus : Ta mère et tes frères sont là, ils te cherchent. Jésus dit : Qui sont ma mère et mes frères ? Et il montre ses disciples en annonçant : Voici ma mère et mes frères. Non pas selon la chair et le sang, mais quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est mon frère, ma sœur, ma mère. Mt 12, 46-50
Mais ne soyons ni naïfs ni aveugles. Il n’y a pas de réelle fraternité entre les humains qui ne passe par l’épreuve. Comme dans les fratries naturelles, les relations fraternelles en communauté, qu’elles soient religieuses ou ecclésiales, dans les groupes humains, sont si fragiles, tellement menacées par les rivalités, les jalousies, l’indifférence, la rancune, la violence.
Aujourd’hui, nous sommes réunis devant cet arbre, dans une fraternité réelle qui nous permet d’accueillir de nouvelles personnes comme des frères. La fraternité, c’est aussi reconnaître que chaque personne est aimée du Père avec tendresse, alors, prions autour de cet arbre de la Fraternité :
Esprit Saint, fais naître en nous un désir toujours plus grand de rejoindre les plus fatigués.
Augmente en nous la soif de nous écouter les uns les autres, pauvres et riches, en commençant par le plus oublié.
Donne-nous d’apprendre toujours du plus pauvre, avec lui, nous pourrons inventer de nouvelles manières de vivre ensemble, en Église et en humanité.
Établis-nous dans la confiance, la paix et la joie pour témoigner de la vie qui ne connaît pas de frontières.
Christine,
sœur de la Communion Béthanie
Une méditation proposée par notre frère Manuel.
L’un des premiers noms qu’un être humain donne à Dieu est celui-là : El-Roï, Dieu qui me voit. Ce nom est donné par un personnage qu’on mettrait bien volontiers dans la liste des « invisibles », car femme et esclave. Hagar, tel est son prénom, maltraitée par Saraï, s’enfuit de la maison de ses maîtres, portant en son sein le fils d’Abraham. Elle erre dans le désert, jusqu’à ce qu’un messager de Dieu lui dise de retourner et lui annonce l’avenir de son fils à naître. Dieu lui a parlé, et elle l’appelle Dieu-qui-me-voit. Le regard d’abord, et la parole ensuite, disent à Hagar qu’elle est prise en compte.
Voir quelqu’un est reconnaître d’abord son existence, mais aussi son épaisseur et sa dignité. La personne qui voit et celle qui est vue ne peuvent pas se cacher l’une de l’autre. Dieu nous voit, certes, pas pour nous espionner ou pour violer nos secrets le plus intimes : il nous voit car chacune et chacun de nous a du prix à ses yeux, Es 43, 4, car il est touché par tout ce qui nous touche. Il nous voit, aucun de nous ne peut être appelé « invisible », ni être considéré comme tel.
Le début de toute prière est là : se laisser regarder par Dieu, prendre conscience qu’il est le Dieu qui me voit, « respirer » ce regard, pour ainsi dire. Lorsque nous sortons de notre temps de prière, nous le faisons fortifié·es et vivifié·es par ce regard, et nous pourrions oser voir les autres du même regard que Dieu.
Nous sommes appelé·es à veiller, c’est à dire, à avoir un sens de la vue affiné qui nous permettra de reconnaître en chaque personne que nous croisons une fille, un fils du Dieu vivant. Et nos paroles et nos actes suivront notre regard, petit à petit, doucement.
Manuel,
frère de la Communion Béthanie
Une méditation proposée par notre sœur Valérie.
Le Click & Collect, voilà de quoi rendre un consommateur heureux, n’est-ce pas ? Particulièrement en période de soldes !
En quelques clics, j’achète tout ce que je veux ; en un rien de temps je récupère mes achats en magasin. C’est merveilleux de simplicité.
De quoi combler nos désirs, assouvir nos pulsions d’achats, nous garantir de ne pas rater la bonne occase et puis surtout, surtout, nous faire gagner du temps. C’est important ça, de gagner du temps !
Je clique, tu cliques, il ou elle clique… et nous collectons des trucs et des machins, à manger, à porter, pour décorer la maison… ou l’encombrer. Peu importe tant qu’on consomme, c’est sensé rendre heureux.
Suis-je en train d’écrire un plaidoyer anti Click & Collect ? Détrompez-vous ! Dans chaque invention, innovation, il y a du bon et du mauvais.
L’une de mes sœurs en Communion Béthanie me partageait l’autre jour comment, chaque jour, elle confiait au Seigneur ses joies, ses peines et combien cela l’apaisait.
C’est en l’écoutant que l’image du Click & Collect m’est venue… le Click & Collect Chrétien !
Mode d’emploi :
Je clique en mon cœur et je reçois la Paix.
Je clique en mon être, je rends grâce et ma joie devient allégresse.
Je me connecte, je dépose ce qui me pèse ou m’encombre et je suis consolé·e.
Serait-ce futile ?
Serait-il possible que ça soit aussi simple que ça ?
Prier, laisser partir le trop, confier toute chose à l’au-delà de tout et avec la rapidité d’une connexion haut débit, recevoir en retour ce qui comble, qui nourrit, qui habille (… le cœur), qui embellit, qui ouvre au bonheur simple d’«être», dans le présent de l’instant, relié·e, en Amour et dans la Vie…
Click & Collect Chrétien… Et en prime, les soldes sont permanentes et les remises acquises !
Valérie,
sœur de la Communion Béthanie
Une méditation proposée par notre sœur Françoise.
Personne ne raccommode un vieux vêtement avec une pièce d’étoffe neuve ;
autrement le morceau neuf ajouté tire sur le vieux tissu et la déchirure s’agrandit.
Ou encore, personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres ;
car alors, le vin fera éclater les outres, et l’on perd à la fois le vin et les outres.
À vin nouveau, outres neuves.
Marc 2, 21-22
En ces jours où nos souhaits de bonne année s’accompagnent de bonnes résolutions – d’ailleurs bien souvent difficiles à tenir !- cette maxime de Jésus me remet sur un chemin de vie, en repoussant radicalement le raccommodage et le mélange impropre à la consommation.
Chemin de vie : laisse tomber ton vieux vêtement, ne cherche pas à le rafistoler à tout prix. Laisse derrière toi ce qui ne correspond pas – ou plus – à ce que tu es, à ce que l’on a attendu de toi, à l’image que l’on a bien voulu se faire de toi, celle que tu as donné de toi.
Chemin de vie : L’étoffe neuve est plus ample, plus souple, elle te donne une aisance, une assurance qui te va si bien. Ne crains pas de la porter avec plaisir, de la montrer, sans ostentation mais sans fausse pudeur non plus. Elle te va si bien, le sais-tu ?
Chemin de vie : le vin nouveau pétille de fraîcheur, de gaité. Sa couleur irradie dans le verre. Elle dit la joie de la moisson, des vendanges, du soleil de l’été. Elle dit la joie de la rencontre de l’autre dans sa beauté.
Merci Seigneur de me signifier qu’avec toi, par ta présence, je n’ai plus à avoir peur d’emprunter mon chemin de vie. Il est temps de m’en réjouir !
Françoise,
sœur de la Communion Béthanie
Une méditation sélectionnée par notre frère Raphaël.
Je vous propose cette semaine de suivre la méditation de Simone Weil (1909-1943) au sujet du Notre Père. Elle nous offre ici, plus particulièrement, sa vision de la demande du pain quotidien qui a été diversement traduite et reçue au cours de l’histoire.
Le Christ est notre pain. Nous ne pouvons le demander que pour maintenant. Car il est toujours là, à la porte de notre âme, qui veut entrer, mais il ne viole pas le consentement. Si nous consentons à ce qu’il entre, il entre; dès que nous ne voulons plus, aussitôt, il s’en va. Nous ne pouvons pas lier aujourd’hui notre volonté de demain, faire aujourd’hui un pacte avec lui pour que demain il soit en nous même malgré nous. Notre consentement à sa présence est la même chose que sa présence. Le consentement est un acte, il ne peut être qu’actuel. (…) C’est le consentement, le oui du mariage. Un oui prononcé dans l’instant, mais prononcé comme une parole éternelle, car c’est le consentement à l’union du Christ avec la partie éternelle de notre âme.
Il nous faut du pain. Nous sommes des êtres qui tirons continuellement notre énergie du dehors, car à mesure que nous la recevons nous l’épuisons dans nos efforts. Si notre énergie n’est pas quotidiennement renouvelée, nous devenons sans force et incapables de mouvement. En dehors de la nourriture proprement dite, au sens littéral du mot, tous les stimulants sont pour nous des sources d’énergie. L’argent, l’avancement, la considération, les décorations, la célébrité, le pouvoir, les êtres aimés, tout ce qui met en nous de la capacité d’agir est comme du pain. Si un de ces attachements pénètre assez profondément en nous, jusqu’aux racines vitales de notre existence charnelle, la privation peut nous briser et même nous faire mourir. On appelle cela mourir de chagrin. C’est comme mourir de faim. Tous ces objets d’attachement constituent, avec la nourriture proprement dite, le pain d’ici-bas. Il dépend entièrement des circonstances de nous l’accorder ou de nous le refuser. Nous ne devons rien demander au sujet des circonstances, sinon qu’elles soient conformes à la volonté de Dieu. Nous ne devons pas demander le pain d’ici-bas.
(…)
Nous devons demander cette nourriture (le pain « céleste »). Au moment que nous la demandons et par le fait même que nous la demandons, nous savons que Dieu veut nous la donner. Nous ne devons pas supporter de rester un seul jour sans elle (…) (mais) nous ne pouvons pas en faire des provisions.
Simone Weil, in Le Notre père, Bayard, mars 2017.
Raphaël,
frère de la Communion Béthanie
Qui avance vers Dieu va d’un commencement à un autre commencement.
Seras-tu de ceux qui osent dire :
Recommence !
Quitte le découragement !
Que ton âme vive !
Frère Roger de Taizé
Comment accueillir ces paroles du fondateur de la communauté œcuménique de Taizé ?
Comment, au seuil de cette nouvelle année 2023, entrer véritablement dans l’espérance ?
Est-ce de la naïveté, un effet placebo ?
Sobrement, petitement, je dirais pauvrement, y croire encore et encore.
Jésus opère en nous une véritable transfusion d’espérance.
Jésus dit à chacune, à chacun :
Jamais je ne te laisserai seul, tout est en avant.
… Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde.
Matthieu 28, 20.
Jean-Michel+,
frère prieur de la Communion Béthanie