Une méditation proposée par notre sœur Valérie.
En ce temps-là, tandis que Jésus parlait aux disciples de Jean le Baptiste, voilà qu’un notable s’approcha. Il se prosternait devant lui en disant : Ma fille est morte à l’instant ; mais viens lui imposer la main, et elle vivra. Jésus se leva et le suivit, ainsi que ses disciples.
Et voici qu’une femme souffrant d’hémorragies depuis douze ans s’approcha par derrière et toucha la frange de son vêtement. Car elle se disait en elle-même : Si je parviens seulement à toucher son vêtement, je serai sauvée. Jésus se retourna et, la voyant, lui dit : Confiance, ma fille ! Ta foi t’a sauvée. Et, à l’heure même, la femme fut sauvée.
Jésus, arrivé à la maison du notable, vit les joueurs de flûte et la foule qui s’agitait bruyamment. Il dit alors : Retirez-vous. La jeune fille n’est pas morte : elle dort Mais on se moquait de lui. Quand la foule fut mise dehors, il entra, lui saisit la main, et la jeune fille se leva. Et la nouvelle se répandit dans toute la région.
Liens
Une main d’enfant, malhabile, se saisit d’un crayon et s’applique à lier les lettres entre elles, petites et grandes boucles, minuscules et majuscules. Les mots viendront et puis les phrases, des phrases qui deviendront discours, idées, opinions, expressions.
Une main âgée tremblote, crispée sur un stylo. L’écriture se délite, le fil des idées se perd, les mots s’en vont.
Sur la ligne d’une vie qui s’écrit mot à mot, pas à pas, les liens sont si fragiles.
Mettre du lien pourtant entre tous les mots d’une vie.
Mettre du lien en son être, tout son être,
depuis le cœur qui bat, le corps qui ressent, l’esprit qui pense, à la main qui écrit ;
depuis la main qui écrit au cœur qui vibre, au corps qui danse, à l’esprit qui invente.
Mettre du lien bien au-delà des mots, à en perdre les mots.
Mettre du lien et relier.
Toucher et se laisser toucher.
Saisir et se laisser saisir.
Saisir une main, saisir la vie.
Se laisser saisir par l’ampleur du mystère.
Mystère de ces guérisons, mystère de ces résurrections, parce que simplement, elle a touché son vêtement… qu’Il lui a saisi la main…
Mystère et beauté du lien, par Lui et en Lui, hier, aujourd’hui et demain.
Valérie,
sœur de la Communion Béthanie
Une méditation proposée par notre frère Raphaël
Ce matin dans le train bondé, il y avait une petite fille et sa maman.
Une petite fille difforme.
Toute petite, un peu grosse, avec des bras très courts et des mains minuscules, une grosse tête et d’épaisses lunettes.
Elle portait un t-shirt Dragon-Ball Z comme on en portait dans les années 90. Elle n’avait rien des petites filles à la mode qu’on croise parfois en ville avec le sac à dos dernier cri, des chaussures de marques flambant neuves ou même parfois…un smartphone !
Elle était assise à côté de moi, entre le pauvre type en route pour le boulot qui ne sait jamais bien ce qu’il fait là (moi, donc…) et sa maman.
Elle ne savait rien dire d’autre semble-t-il que mama…ma…ma…mama….ma-ma…mama…
Pris dans mon train-train quotidien, dans le TER rien de plus banal, je suis monté en regardant mes pieds, ou mon smartphone ou, non, ce matin j’avais le nez dans mon bouquin… peu importe. Dans le flot de voyageurs entassés là, je n’ai pas vu cette enfant.
Mais au bout de quelques minutes, elle m’a dérangé !
Me comprenez-vous? Elle m’a dé-rangé !
Je ne pouvais pas rester le nez dans mon livre à tenter de m’évader dans un univers qui n’était pas le mien. Je ne pouvais plus essayer d’échapper à mon quotidien pas forcément agréable du TER bondé en pleine canicule. Il y avait une enfant qui criait. Qui criait fort : mama ! ma…ma…ma-ma ! mama !
Mais enfin, personne n’allait faire taire cette enfant ! Je ne peux pas me concentrer sur ma lecture. Je mérite bien un peu de tranquillité, je vais quand même passer les huit prochaines heures au boulot !
Et bien non ! Personne ne l’a fait taire. Mieux, sa maman la regardait avec une infinie tendresse et lui répondait encore plus tendrement des mots très doux en espagnol que je n’ai pas compris.
Alors… alors j’ai rangé mon livre.
Et je n’ai plus rien fait.
J’ai regardé cette petite. Dérangeante. Déroutante. J’ai regardé cet échange incroyable qu’elle avait avec sa mère. Juste avec cette syllabe répétée en continu : ma…ma…ma… rien d’autre !
Quand le train est arrivé en gare, je les ai regardées descendre, main dans la main. Je les ai trouvées magnifiques. Oui oui, même la petite fille, si différente pourtant des codes de beauté. J’ai senti en regardant cette petite main boudinée dans celle de sa maman un tel amour ! J’ai pensé : cette petite est invincible ! Le monde ne peut rien contre elle, aucune méchanceté ne pourra l’atteindre. Parce qu’elle est aimée. De sa maman. De Dieu aussi.
Et ce soir, c’est à lui que je rends grâce pour cette rencontre. Pour cet inattendu. Pour la vie de cette petite fille qui a rencontré la mienne. Et tant d’autres… Pour cette petite fille pas très jolie qui a changé ma journée.
Merci mon Dieu de savoir si bien nous surprendre au détour de nos journées, toi l’Inattendu absolu. Toi qui nous aime.
Raphaël,
frère de la Communion Béthanie
Une méditation proposée par notre frère Manuel.
En France, nous avons l’habitude de commencer l’été avec la Fête de la Musique, c’est pour ça que ce psaume 150 me vient tout naturellement :
Louez l’Éternel !
Louez le Dieu fort
dans son sanctuaire !
Louez-le au ciel,
siège de sa gloire.
Louez-le pour ses hauts faits,
louez-le pour sa grandeur
qui est infinie !
Louez-le au son du cor,
louez-le avec le luth
et sur la cithare !
Louez-le avec des danses,
et au son des tambourins !
Louez-le avec la harpe,
louez-le avec la flûte !
Louez-le par les cymbales
bien retentissantes !
Louez-le par les cymbales
des jours de triomphe !
Que tout ce qui vit,
tout ce qui respire,
puisse louer le Seigneur !
Louez l’Éternel !
La louange, comme l’art, est gratuite ; l’art, comme la louange, existe parce qu’il porte en lui un besoin d’exprimer la beauté, de frôler des doigts ce qui est inexprimable. La musique donne une autre dimension à nos journées, la louange nous invite à dépasser nos quotidiens en portant le regard et le cœur plus loin, plus haut.
Nous ne sommes pas tous doué·es pour la musique, nous n’avons pas les mêmes goûts, la même sensibilité. En revanche, nous sommes chacune et chacun un chef d’œuvre de l’Artiste divin, et nous pouvons le louer déjà pour cela ; nous sommes chacune et chacun artisans de cette œuvre d’art qui est notre vie, et nous pouvons la vivre de telle manière que cette œuvre devienne un hymne de louange à notre Dieu Tri-Unité, car c’est en lui que nous vivons, que nous nous mouvons et que nous sommes. Ac 17, 28
Bel été à chacune et chacun !
Manuel,
frère de la Communion Béthanie
Une méditation proposée par notre frère Sylvain.
C’est quoi, Dieu ?, se demande Chloé, 5 ans.
Comment lui dire que Dieu, c’est d’abord quelqu’un ? Quelqu’un de vivant, qui aime les gens, qui fait des choses, qui reste là tout près de nous. Dieu parle et écoute, il regarde et se laisse voir, il se tait parfois mais il est toujours là.
Parce que Dieu existe avant tout, même avant l’apparition de la terre. Que de ses doigts, il a fait le ciel, la lune, les étoiles et tous les animaux. Qu’il nous a donné une place privilégiée dans sa création. Que tout cela était bon.
Dieu est grand mais pas écrasant. Fort, mais pas violent. À un moment de l’histoire, il a dit : Voici mon Fils. Son Fils, Jésus, nous a appris à l’aimer comme notre Père en nous faisant cadeau de l’Esprit Saint. Et ainsi, nous nous sommes tous et toutes reconnus frères et sœurs.
Mais au fond, Dieu, personne ne l’a jamais vu. Il reste un grand mystère. Pour le connaître, notre cerveau, nos concepts et nos discours ne suffisent pas. Car sans l’Esprit de vérité, comme le qualifie Jésus lors de son adieu aux disciples, toute spéculation intellectuelle serait vaine. Il n’y a que la foi qui peut nous ouvrir à la connaissance de Dieu. La foi. Elle est un don. Elle est aussi une volonté.
D’après la méditation proposée par Karen Bustica,
rédactrice en chef de Prions en Église.
Depuis l’aube des temps, Tu es !
Et ton nom passe dans notre histoire
comme passe la source au désert
Que savons-nous de toi,
sinon cette faim en notre cœur
qui nous tient vivants ?
Depuis l’aube des temps, Tu es !
Et ton nom résonne de mille noms
au creux de nos vies
Nom de route
aux jours où monte la tentation de s’arrêter
Nom de paix
dans la violence qui barre nos relations
Nom de tendresse
quand la morsure de la solitude se fait vive
Nom de confiance
aux nuits où l’angoisse déborde
Nom de vérité
quand tout ressemble à rien
Nom d’avenir
quand demain se dérobe
Depuis l’aube des temps, Tu es !
Et ton nom, chaque jour,
nous invente un chemin
Au silence de nos cœurs,
viens souffler ton nom
pour aujourd’hui !
Francine Carillo,
théologienne et poète
Sylvain,
frère de la Communion Béthanie
Te chercher, toi le Christ, c’est découvrir ta présence même dans nos intimes solitudes.
Heureux qui s’abandonne à toi, le Christ.
Heureux qui s’approche de toi dans la confiance du cœur.
Frère Roger de Taizé
Pentecôte 2022
Jésus nous donne son Souffle pour que, au plus profond de nos abîmes, nous ne soyons jamais seuls.
Dans nos intimes solitudes, au plus profond de nos abîmes, tu nous demandes l’eau de notre fontaine.
C’est dans ton Esprit que nous la puisons.
Dans nos failles jaillit alors une source scintillante de bonté.
Jean-Michel+,
frère prieur de la Communion Béthanie
Une méditation proposée par notre sœur Élisabeth.
Tu me scrutes, Seigneur, et tu sais !
Tu sais quand je m’assois, quand je me lève ;
De très loin, tu pénètres mes pensées.
Que je marche ou me repose, tu le vois,
Tous mes chemins te sont familiers.
Avant qu’un mot ne parvienne à mes lèvres,
Déjà, Seigneur, tu le sais.
Tu me devances et me poursuis, tu m’enserres,
Tu as mis la main sur moi.
Savoir prodigieux qui me dépasse,
Hauteur que je ne puis atteindre !
…
Mes os n’étaient pas cachés pour toi
Quand j’étais façonné dans le secret,
Modelé aux entrailles de la terre.
J’étais encore inachevé, tu me voyais !
Sur ton livre, tous mes jours étaient inscrits,
Recensés avant qu’un seul ne voit !
…
Scrute-moi, mon Dieu, tu sauras ma pensée ;
Éprouve-moi, tu connaîtras mon cœur.
Vois si je prends le chemin des idoles,
Et conduis-moi sur le chemin d’éternité.
Extraits du psaume 138 (139)
Dieu prend du plaisir à nous observer, à nous regarder. Quel que soit ce que nous faisons : dormir, faire notre sport, lire, danser, travailler… mais aussi lorsque nous ne sommes pas très exemplaires.
Il m’arrive parfois, pas toujours heureusement, de ne pas répondre aux attentes d’une personne
dans la rue qui demande une petite aide pour pouvoir manger. Ce n’est pas le bon moment pour moi : pas envie de sortir le porte-monnaie, ou je suis pressée, ou je ne suis pas d’humeur, ou je pense : J’ai déjà donné ! Il est étonnant de voir ce que je ressens ensuite : une profonde tristesse, une honte : d’avoir été égoïste, de ne pas avoir été là pour mon semblable. Et que doit penser Dieu s’il m’observe ? Suis-je digne de Lui ?
Lorsque nous dormons, Dieu doit nous regarder avec amour, car là nous ne faisons aucun mal ! En fait, il a même commencé à veiller sur nous avant même que nous soyons achevés (J’étais encore inachevé, tu me voyais !). Il nous voit en nos jours de joie et de tristesse. Il s’émeut sans doute de nos espoirs et de nos tentations. Il prend part à tous les hauts et les bas de nos humeurs.
Tu nous accompagnes, Seigneur, à chaque étape de notre chemin spirituel. Tu sais que nous ne sommes pas parfaits et sans péché. Mais nous aspirons tellement à faire de notre mieux pour Toi !
L’Amour de Dieu est bienveillant. Si Dieu voit et sait toutes choses, c’est toujours à la lumière de son Amour infini, car Dieu est Amour. 1 Jean 4 : 8
Seigneur, donne-moi la volonté et la force de vivre dans la lumière de l’Éternité. Fais que mon plus grand plaisir soit celui de chercher à te plaire. Pardonne mes erreurs et mes écarts, remets-moi à chaque fois sur le bon chemin
En action de grâce, dans Ta Paix.
Élisabeth,
sœur de la Communion Béthanie
Une méditation proposée par notre frère Sylvain.
La Résurrection vient manifester la toute puissance de Dieu qui ne peut laisser le juste voir la corruption.
Mais la singularité de l’Ascension nous dévoile que c’est bien la nature humaine du crucifié qui est élevée au ciel, introduite dans l’intimité de Dieu.
Si donc le Christ, qui est la tête du corps dont nous sommes les membres, selon la formule de saint Paul, a fait entrer la nature humaine au sein de la Trinité, c’est notre propre nature humaine qui se trouve en quelque sorte présente dans la gloire de Dieu : L’Ascension du Christ est notre propre élévation et, là où a présidé la gloire de la tête, là aussi est appelée l’espérance du corps. 1
C’est véritablement le lieu d’une profonde espérance pour nous.
L’Ascension rend possible le don de l’Esprit et ouvre la possibilité à la nature humaine de participer à la vie divine, autrement dit notre salut.
Incroyable mystère de notre foi que celui de l’Ascension qui nous invite à un acte de foi renouvelé en geste d’adoration.
Elle ne signifie pas la prise de congé du Christ mais bien sa permanence parmi nous, dans un rapport d’une plus grande proximité encore.
Cette présence est médiatisée par l’Esprit de Pentecôte et trouve une expression majeure dans l’Eucharistie.
L’Ascension est, d’un même mouvement, départ et retour, présence et absence.
Absence du corps visible du Christ et, par le fait même, présence nouvelle du Ressuscité par l’Esprit qui ne prend pas sa place mais qui le rend présent.
Cette présence nouvelle n’est pas à scruter dans le ciel mais, à l’invitation des deux hommes en vêtements blancs de l’évangile de Matthieu (Mt 28,7-10), à rechercher dans la chair du monde, dans la mission aux confins de la terre, dans l’assurance que cette ascension est le gage de sa parousie : Ce Jésus qui vous a été enlevé au ciel d’auprès de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel. Actes 11,1
Méditation sur l’Ascension
Toi, le ressuscité
Seigneur Jésus, nous t’avons suivi dans ta Passion :
Tu as été confronté au mal absolu, à la violence injuste.
Tu as accepté de mourir, d’être enseveli et mis au tombeau.
Mais Dieu ne t’a pas abandonné au pouvoir de la mort.
Il t’a ressuscité.
L’Amour du Père est plus fort que la mort :
Ressuscité d’entre les morts, le Christ ne meurt plus ;
sur lui la mort n’a plus aucun pouvoir. […]
Lui qui est vivant, c’est pour Dieu qu’il est vivant. Ro 6,9-10
Loué sois-Tu notre Dieu, alléluia !
Toi le Ressuscité, Toi qui es passé de la mort à la vie,
Tu nous communiques ta vie nouvelle et nous invites à la confiance dans l’avenir, à la joie et à l’espérance :
Jésus, comme à certains de tes disciples, il peut nous arriver d’avoir de la peine à comprendre Ta présence de Ressuscité.
Mais, par l’Esprit Saint, Tu nous habites et Tu dis à chacun de nous :
Viens à ma suite, j’ai ouvert pour toi un chemin de vie. Frère Roger, de Taizé
Sylvain
frère de la Communion Béthanie
1 Léon Le Grand, Premier sermon sur l’Ascension, 4 ; CCL LXXIII ; SC sermon 60, p. 273-275.
Une méditation proposée par notre sœur Valérie.
Dans le fond du jardin un serpent a fait sa mue.
Sa vieille peau gît là, au soleil.
Si l’on n’y prend garde, en regardant de loin, on pourrait s’y méprendre
et voir là sa dépouille quand il ne s’agit que d’une peau morte,
une vieille peau.
Le serpent s’en est allé et continue sa bonhomme de route de serpent,
laissant derrière lui cette enveloppe devenue trop étroite.
S’il s’expose ainsi, nu et fragile, c’est pour pouvoir grandir.
En ces jours de printemps où tout renaît à la vie,
où le soleil est doux,
dans ces temps suspendus entre Pâques et l’Ascension,
je m’interroge…
Oserai-je la fragilité ?
Oserai-je la nudité ?
Oserai-je regarder la naissance, la résurrection, dans toute mort ?
Oserai-je regarder la mort dans toute naissance et ne point la craindre ?
L’Amour infini de Dieu pour moi ne m’invite-t-il pas, jour après jour à cette fragilité, à cette nudité…pour pouvoir grandir en Lui et par Lui ?
Valérie
sœur de la Communion Béthanie
Une méditation proposée par notre sœur Céline.
J’ai faim
manger à sa faim avant la faim d’aimer.
Appétit d’ogre ou de moineau, peu importe ! Sans mesure ou avec délicatesse ? Manger « tout fait » ou « fait maison », manger seul ou accompagné ?
Manger de toute façon,
comme une nécessité vitale.
Chaque jour, une énergie, en mode automatique, pour se rassasier.
J’ai froid
chauffer le corps avant de chauffer le cœur. Feu de joie ou feu de paille, peu importe ! En bougeant ou en se recroquevillant ? Se chauffer l’esprit pour cacher sa solitude ?
Se chauffer de toute façon,
comme un besoin primaire.
Chaque jour, une énergie renouvelée pour se réchauffer.
Je suis fatigué·e
se reposer avant de se mettre en marche.
Course au long cours ou course tout court ? Questions sans réponses ou fausses certitudes. Peu importe ! Se reposer avant tout.
Comme une paix retrouvée.
Chaque jour, une énergie sans pareille pour se poser.
Faim, froid, fatigue.
Se souvenir de soi avant d’être au monde.
J’ai la frousse
Peur d’être jugé·e avant la peur de mal aimer. Petite appréhension ou peur panique ? Peu importe ! Se rasséréner avant tout comme une paix retrouvée.
Chaque jour, une énergie folle pour se rassurer.
Faim, froid, fatigue… frousse.
Les quatre sœurs du mal de mer.
Faim, froid, fatigue, frousse.
Se souvenir de soi avant d’être au monde.
Céline,
sœur de la Communion Béthanie
Une méditation proposée par notre frère Manuel.
Il était une fois un disciple du Christ qui songeait à le voir, à le rencontrer. Il jalousait les apôtres et tous les personnages du Nouveau Testament qui avaient croisé son chemin et qui avaient pu le voir de leurs yeux. Il ne demandait que cela ! Il imaginait tous les scénarii possibles : le lieu de la rencontre, le moment, ce qu’on pourrait se dire l’un à l’autre… Pendant des années, il entretint ce rêve, mais petit à petit le rêve s’estompa. Cependant, il resta disciple du Christ, attaché à sa Parole et actif dans sa communauté paroissiale.
Un jour, il faisait couler le café chez lui. Il était de mauvaise humeur, mécontent des autres et de lui-même ; une journée sans, en somme ! La sonnette retentit : la dernière chose dont il avait envie c’était d’une visite surprise, mais il alla ouvrir la porte, quand même. Et il était là, le Christ lui-même, avec un grand sourire dans ses lèvres : Bonjour lui dit-il. Le disciple resta bouche bée, mais dans un poli automatisme, il laissa entrer le Christ chez lui. Qu’est-ce qu’il pourrait bien lui dire ? Le disciple réfléchit à toute vitesse : lui parler de ses mérites ? Oh, ça ne se fait pas. Lui avouer tous ses péchés et lui demander pardon ? Ou lui demander pourquoi il avait mis si longtemps à répondre à son rêve d’antan… Le disciple s’avisa : le mieux était de laisser l’initiative au Christ.
Le Christ gardait toujours son sourire, il accepta le café de son disciple et attendit qu’il prenne une autre tasse. Assis tous les deux sur de confortables fauteuils, le Christ demanda :
— Est-ce que tu m’aimes plus que les autres ?
Alors là, le disciple perdit tous ses moyens. Il ne savait pas quoi répondre à cette question, et il ne songeait même pas à jouer le rôle de Pierre. C’était à lui que le Christ posait cette question, et c’était à lui seul d’y répondre. Il allait demander quelques minutes de réflexion supplémentaires quand le Christ continua à parler :
— Laisse-toi aimer plus que les autres. Aujourd’hui c’est le seul effort que je te demande, c’est la conversion à laquelle je t’invite. Laisse-toi aimer, et ne mets pas de limites à mon amour, à la grâce que je veux te donner. Laisse-toi aimer dans les jours où tu es satisfait de toi, mais aussi dans les jours comme aujourd’hui, où tu nages dans le mécontentement, la honte et les regrets. Laisse-toi aimer, car c’est toi que j’aime, et pas l’image que tu voudrais donner ou avoir de toi-même. C’est l’effort que je te demande. Laisse-toi aimer : tu découvriras la simplicité et tu pourras courir léger sur mes chemins, car mon amour saura refaire ce que tu aurais défait. Laisse-toi aimer, et tu répandras cet amour à tous ceux qui t’entourent. Tu vois ? C’est une conversion à la joie, celle que je te propose en te demandant de te laisser aimer.
Il était une fois un-e disciple du Christ qui lisait cette histoire, et qui décida…
Manuel,
frère de la Communion Béthanie,
inspiré très librement de Laisse-toi aimer, d’Élisabeth de la Trinité
Une méditation sélectionnée par notre frère Raphaël.
Marchions fourbus
vers Emmaüs,
le profil bas
à reculons
avec nos pas
de feuilles mortes.
Marchions si las
clopin-clopant.
Le ciel aussi
boitait si bas
sans horizon.
Nous rejoignit
un inconnu
nous questionnant
sur nos tourments.
Le soir tombait
mais l’étranger
trouvait des mots
comme des lampes.
Des mots si simples
et si immenses,
c’étaient des portes
à deux battants
qui nous ouvraient
les Écritures.
Or, parvenus
au carrefour,
à la pliure
du grand livre,
sans un détour
il fit semblant
de s’éloigner
nous laissant seuls
abasourdis
avec nos cœurs
meurtris, brûlants.
Où irions-nous
si tu t’en vas ?
Reste avec nous !
Vois : l’ombre
gagne
sur nos jours.
Reste avec nous
quand tout
s’éloigne.
Sur le chemin
de la déroute
tu as des mots
qui nous éclairent
et qui dissipent
notre doute.
Voici l’auberge
où nous refaire.
Ta compagnie
nous avoisine ?
A peine entré,
notre invité
passa commande
à la serveuse,
et nous, ses hôtes,
vîmes le Maître
rompre le pain
avec un geste
rayonnant
d’infinitude,
mais reconnu
il disparut
laissant la table
ouverte à tous.
Foi de disciples,
à n’y pas croire !
C’était donc lui
notre Sauveur
et notre ami
encore tout frais
ressuscité
et nous restés
à nos tombeaux !
Gilles Baudry
Demeure le veilleur
éditions Ad Solem, 2013
Arcabas
Les disciples d’Emmaüs