Une méditation proposée par notre sœur Valérie.
Longtemps je me suis couché de bonne heure.
Marcel Proust, A la recherche du temps perdu
Qui n’a pas lu ou entendu ces mots ?
Apprends dans le repos du corps et de l’esprit la calme lenteur de toute germination.
Reçois la Paix du Christ.
Ne te hâte pas afin de mieux courir dans la voie des commandements, le cœur au large. Règle de Reuilly
Qui a lu ou entendu ceux-là ?
Qui les recevra ?
L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt, dit le célèbre adage.
Qui ne le connaît pas ?
Le cœur humain, même le plus généreux, n’est pas inépuisable.
Dieu seul est illimité.
A exiger sans cesse le maximum de lui-même, l’être profond se dissocie et se perd.
La parole devient vide et la prière inquiète. Règle de Reuilly
Qui n’a pas fait cette expérience-là ?
Alors, oui chers frères, chères sœurs, cher·es ami·es,
du lever au coucher, du coucher au lever,
recevez la Paix du Christ.
Et surtout, surtout,
que votre Joie demeure,
et que Sa Joie demeure en vous.
Valérie,
sœur de la Communion Béthanie
Une méditation proposée par notre frère Sylvain.
Notre esprit, notre corps, les lieux dans lesquels nous vivons, sont interdépendants.
Le monde extérieur affecte notre être profond et notre tranquillité d’esprit. (…)
L’esprit parvient difficilement à la paix quand le corps ne se trouve pas dans un espace physique paisible.
Quand nous disposons d’un espace en paix, nous pouvons revenir à nous-mêmes. Telle est l’intention de l’espace sacré. Mais pourquoi attendre de trouver une église, un temple, une mosquée, une synagogue ou un lieu réservé à la contemplation spirituelle. Un sentier, un bout de trottoir, un carré d’herbe ou un recoin de notre bureau feront l’affaire. Si nous faisons place à la contemplation et à la méditation à l’intérieur de notre maison, alors la paix et la joie nous seront toujours accessibles.
L’objectif du lieu sacré est de libérer l’espace afin de nous permettre de revenir à nous-mêmes et de toucher quelque chose au plus profond de nous. C’est une merveilleuse façon de communiquer.
Votre manière d’aménager une pièce est une chose très simple, mais elle révèle ce qui compte pour vous. Vous pouvez créer chez vous un espace dédié à la méditation et au renouveau. Pas besoin de beaucoup de place, un petit coin suffira. A condition de demeurer un lieu ouvert et paisible réservé à la contemplation en pleine conscience, il peut transformer votre maison.
Thich Nhat Hahn
Commencer à méditer
Il ne suffit plus, s’il a jamais suffit, de s’engager ici ou là au nom de Dieu. C’est en Dieu même qu’il faut s’engager comme en un lieu différent de tous les autres lieux si l’on veut connaître le chemin de bonne volonté.
Si l’ermite se retire du monde, ce n’est pas par désertion de celui-ci ni de ses frères. C’est au contraire pour se recueillir plus intensément à la source divine où s’originent les forces qui poussent le monde en avant, et pour comprendre à cette lumière les grands desseins de l’homme.
C’est au désert que l’inspiration la plus haute est souvent accueillie par l’âme. C’est là que Dieu a façonné son peuple, c’est là qu’il le ramène après sa faute. C’est là aussi que le Seigneur Jésus, après avoir vaincu le diable, a déployé toute sa puissance et a préludé à sa victoire de Pâques. N’est-ce pas d’une expérience analogue que, à chaque génération, le Peuple de Dieu doit renaître et se renouveler ?
Tout le monde, bien sûr, ne peut ni ne doit vivre en moine ou en ermite. Mais il n’est pas de chrétien qui puisse se passer d’un ermitage intérieur où il puisse rencontrer Dieu.
Un moine chartreux
L’Ermitage
Aide-moi, Seigneur à te rencontrer
dans le silence de ta présence,
dans le silence de ton amour,
dans le silence de ta grâce.
Ô toi, Mystère de silence,
Ô toi, Source de silence,
Ô toi, Océan de silence,
Ô toi, Plénitude de silence,
Ô toi, Silence des silences.
Agenda Prier, 1989
Une méditation sélectionnée par notre frère Raphaël.
Ami,
Dieu n’est pas aux limites de nos connaissances
mais au centre de nos existences,
au cœur de la réalité,
dans la vie et la bonté de chaque être humain.
Dieu nous rappelle qu’il nous faut vivre dans le monde.
Seul le Dieu de la croix, qui se laisse déloger du monde et choisit la faiblesse,
seul celui-là demeure avec nous et nous aide.
Les promesses de Dieu valent pour chaque jour et pour chaque nuit,
et elles les remplissent tous,
semaine après semaine, année après année.
Il suffit de les saisir !
Merveilleusement gardé par des forces bienveillantes,
nous attendons sans crainte ce qui adviendra.
Dieu est auprès de nous, soir et matin.
Dietrich Bonhoeffer
Une méditation sélectionnée par notre sœur Isabelle.
Dans ma communauté évangélique, je réalise que nous témoignons toujours de notre foi au culte, mais seulement une fois qu’on a dépassé les épreuves.
Jamais on ne témoigne au moment-même où on nage en plein doute ou en plein désespoir.
Et si c’était différent ? Et si on osait cette parole vraie ?
Ce sont les paroles et les questions échangées avec une personne la semaine dernière en toute confiance et authenticité.
J’évoquais alors avec elle que cela me faisait penser à une sorte de théologie de la « toute-puissance ».
La foi qui gagne toujours, la persévérance de la prière toujours exaucée, les bénédictions de Dieu qui finissent toujours par être données.
On ne peut que témoigner quand on a « réussi » d’une certaine manière.
Oui mais alors…
Qu’en est-il quand les personnes n’y arrivent tout simplement pas ?
Ce sont quoi des loosers de Dieu ?
Quand la prière n’est plus possible ?
Quand la Bible ne nous parle plus ?
Quand on faillit et qu’on n’arrive plus à se relever ?
Quand justice n’est pas faite ?
Quand on finit même par envisager le suicide ?
Les évangiles ne témoignent-ils pas justement d’une forme profonde d’impuissance de Dieu parfois ?
Qu’en est-il du massacre des enfants à Bethléem… que Dieu n’a pas pu éviter ?
De l’assassinat injuste de Jean le Baptiste… que Dieu n’a pas pu éviter ?
De Jésus lui-même qui doit souvent fuir des situations où sa vie est menacée… et que finalement Dieu n’a pas pu éviter comme le raconte la passion du Christ ?
Pourquoi ?
Pourquoi un frère doit-il perdre sa sœur, unique membre de sa famille qui lui reste, au moment où lui-même devient père ?
Et il devrait être d’accord avec ça et abdiquer devant Dieu dont les voies sont impénétrables ?
Pourquoi une femme doit-elle mourir sous les coups de son conjoint face à ses enfants et on dirait que Dieu a mis cela dans son plan ?
Pourquoi un enfant doit-il être violé par son oncle et entendre que Dieu a des projets de bonheur ?
Où es-tu Seigneur lorsque l’obscurité se fait si forte et semble si toute-puissante, elle ?
Moi aussi, face à ces questions ultimes, je ne sais pas !
Moi aussi je crie à l’injustice…mais la vie est-elle juste ?
Ne faisons-nous pas l’expérience en permanence que non ?
Alors pourquoi Seigneur ?
Quelque chose monte pourtant en moi là tout au fond…sous forme de question.
Notre indignation, notre sentiment d’injustice, notre cri de désespoir, ne sont-ils pas les signes qui nous rappellent justement ce qui est si essentiel et précieux à nos yeux ?
Nous ne ressentirions pas toutes ces émotions si cela n’avait pas une importance vitale pour nous n’est-ce pas ?
N’est-ce pas justement parce que mon cœur ressent, souffre, résonne avec tout l’univers que je suis vivante et vivant et que je comprends que j’aime profondément ?
Savais-tu qu’une personne psychopathe ou perverse narcissique est privée de toute émotion et de tout sentiment ?
Elle ne ressent littéralement aucune empathie ni pour les autres, ni pour elle-même.
Oh elle peut parfaitement te faire croire que oui, mais en réalité rien, c’est le vide émotionnel.
J’avoue que je n’y croyais pas jusqu’à l’année dernière, pourtant cela existe bel et bien malheureusement.
C’est comme si l’obscurité les avait englouties avec elles.
Et comme un trou noir, elles vont aspirer toute lumière et vie qui s’approcheraient trop d’elles.
A Noël, nous le savons, la nuit se fait plus longue de manière culminante…
L’obscurité semble tout envelopper.
L’origine du Noël chrétien s’appuie sur une fête païenne qui célébrait le retour du Dieu soleil dans cette période justement.
Nos récits de Noël racontent à leur manière la naissance de ce Dieu qui va s’incarner dans le Christ justement lors d’une nuit noire.
Une toute petite lueur dans l’obscurité du monde…qui a pourtant le pouvoir immense de l’éclairer si on la met bien en hauteur, pour que tout le monde la voie.
Un Dieu qui dès le commencement est tributaire de la vie et des autres.
Car si Marie n’avait pas accueilli en son sein ce petit être… Rien !
Si Joseph n’avait pas accueilli Marie dans sa situation périlleuse, elle serait probablement morte lapidée.
Si l’aubergiste n’avait pas laissé le couple s’installer dans la crèche, le bébé serait peut-être mort dans le froid…
Ou par l’épée sanglante de la main d’un soldat d’Hérode…
La foi dans ces récits (au-delà de leur véracité historique) n’a pour moi rien avoir avec le fait de bien lire la Bible, de bien prier ou d’être dans une relation juste à Dieu.
La foi dans ces récits évoque des attitudes et des actes qui marquent une profonde confiance en Dieu malgré les situations justement extra-ordinaires ou hors-normes.
Des femmes et des hommes qui se mettent à l’écoute de leur cœur et des messagers (anges) qu’ils reconnaissent comme venant de la part de Dieu…
…Quand bien même cela ne semble pas forcément cohérent avec la Parole de la Torah !
Les versets ne sont pas nombreux et pourtant, n’entendez-vous pas le profond doute qui submerge Marie, Joseph, les mages dans les évangiles ?
Leurs résistances intérieures ? Tous les comment cela se fera-t-il ? Leurs peurs ?
Ils témoignent justement de ce moment profond de questionnement sur le désir (volonté) de Dieu et le sens des événements.
Une comédienne très connue en Suisse, Claude-Inga Barbey a dit un jour :
« Quand je ne sais pas quoi faire dans une situation, je me demande toujours ce que ferait l’Amour ? »
Je crois que c’est une des plus belles phrases que j’aie entendu sur la foi !
C’est pour moi un résumé parfait de la Voie de l’Amour du Christ.
On s’apercevra alors que souvent l’Amour n’a pas d’autre puissance que celle de se manifester dans l’impuissance.
L’Amour révèle ce qu’il y a d’essentiel dans notre vie et dans la vie tout court.
Et si c’est essentiel c’est peut-être précisément parce que c’est fragile et vulnérable.
Car alors, il faut déployer tout notre être pour le préserver et lui trouver un abri.
A Noël, nous célébrons un Dieu impuissant qui a besoin de nous pour vivre mais qui est tout-puissant si nous Le laissons nous habiter pour traverser toutes nos épreuves.
L’Amour ne donne pas du sens au non-sens.
L’Amour donne une Présence dans le silence.
Oui, osons-nous dire, nous parler de ces moments de doute, d’obscurité et de peur.
Car ensemble, nous pouvons devenir un rempart d’Amour et témoigner d’une présence sororale et fraternelle dans notre vulnérabilité.
Alors là dans le secret, le Dieu tout puissant d’Amour se dévoilera sûrement.
Si tu as l’élan d’approfondir les questions sur « Les origines de Noël », découvre le texte de Karine Michel sur ma vidéo.
Dans l’élan de la Lumière qui guide nos pas jusqu’au mystère de Noël.
Carolina Costa,
pasteure protestante réformée,
que vous pouvez suivre sur carolina-costa.com
Une méditation proposée par notre sœur Céline.
Dans ma campagne où la rosée hésite entre la cristallisation et la source ;
Dans l’isolement que la nature nous propose avec son messager omicron ;
A l’heure où le désir de festoyer le dispute à la douceur du recroquevillement ;
Je lis les messages, les prières et les comptes rendus de retraite et je pressens qu’une attention se déploie autour du dedans et du dehors, comme un besoin de dire, de redire le fragile et puissant équilibre du JE au milieu du NOUS.
Paradoxe en apparence entre …
… le dedans et le dehors.
Je me souviens d’une prière collective dans un oratoire avec un frère dominicain.
Cela commençait par ces mots d’accueil : « Réjouissons-nous d’accomplir ENSEMBLE et en même temps, un temps de prière qui nous renvoie à chacun, j’ajouterais dans nos intériorités. »
Le dedans et le dehors.
Le ensemble et l’intime.
En Communion Béthanie, je suis et ne manque de rien ;
En communion Béthanie, nous sommes les verts pâturages ;
Rien de plus, rien de moins.
Inconditionnels et bienveillants.
C’est tout.
Merci à vous d’être là, merci à moi d’être présente à moi-même.
Céline,
sœur de la Communion Béthanie
Oratoire de l’abbaye de Baumgarten, vitraux et tabernacle par Sylvie Lander, 2018.
Une méditation proposée par notre sœur Christine.
Mon Dieu, recharge moi d’Amour
Que mon cœur en déborde
Sans rien pouvoir en conserver
Mon Dieu , recharge moi d’Amour
Que mon cœur ne se gonfle pas
De rancune et d’orgueil
Si je frappe à ta porte
Si je frappe à ton cœur
Ne me repousse pas !
Christine,
sœur de la Communion Béthanie
« Marche dans ton amour, mais n’espère pas que la Joie t’ y suivra pas à pas.
Le bonheur n’est pas l’ombre de l’amour.
Quand l’amour avance, il semble parfois dormir, ou reculer, mais quand ton amour aura atteint son but qui est Dieu, la joie t’y rejoindra d’un coup d’aile et ne te quittera plus jamais. »
Gustave Thibon
En cette nouvelle année, un message de notre frère prieur
Jésus sait que l’homme n’est pas encore assez humain : il est toujours à faire.
Il sait que l’homme est toujours un commencement d’homme.
Toujours en à-venir.
Je m’amuse à penser que cet homme est une sage-femme qui met au monde de Dieu.
Il sait que Dieu – il l’a compris dans l’atelier de Joseph – est comme un artisan qui a horreur du tout-fait.
Il sait que Dieu crée l’homme capable de s’accomplir.
Il rend ceux qu’il rencontre acteurs de leur vie, de leur histoire, de leur terre et de leur proches.
Et ça bouscule !
Il sait que les choix que l’on pose ne sont vraiment humains que s’ils sont humanisants.
Et qu’il n’y a pas de vie surnaturelle qui ne soit pas d’abord authentiquement naturelle.
Raphaël Buyse, Autrement l’Évangile
Sœurs, frères ami-es,
Une année s’achève, une année nouvelle débute.
Où trouver le courage des continuités et de l’audace des changements de fond, des ruptures ?
Là, où coule en nous la fidélité, la permanence de l’Esprit, le Souffle consolateur et innovant.
Là où Jésus nous bouscule : Tu es toujours un commencement, toujours en à-venir.
Belle année 2022, loin du tout-fait !
Jean-Michel+,
frère prieur de la Communion Béthanie.
Une méditation proposée par notre frère Manuel.
Les chrétiens de première génération vivaient dans l’attente du retour de Jésus qu’ils pensaient imminent. Il suffit de lire les lettres de Paul pour voir l’ampleur de cette perspective, et j’imagine ces chrétien-ne-s, nos frères et sœurs aînées, en train de discerner chaque jour les signes qui annonceraient ce retour. Bon, au moment où je rédige ces lignes, je me mets un peu dans leur peau et je me dis, avec une pointe de déception : Encore une année dans laquelle Il n’est pas venu.
Et pourtant il y a quelque chose en moi qui me dit que cette déception, si petite soit-elle, est fausse, et que cette affirmation n’est pas tout à fait vraie. Certes, le Christ n’a pas encore fait ce retour dans la gloire, mais pouvons-nous dire qu’Il n’est pas venu du tout ?
Il y a une triple venue du Seigneur.
Dans sa première venue, il a paru sur la terre et il a vécu avec les hommes. Ils l’ont vu et l’ont pris en haine.
Lors de sa dernière venue, toute chair verra le salut de notre Dieu et ils regarderont celui qu’ils ont transpercé.
La venue intermédiaire, elle, est cachée : les élus seuls la voient au fond d’eux-mêmes et ils sont sauvés. […]
Dans la première, le Christ fut notre rédemption ; dans la dernière il apparaîtra comme notre vie ; et entre-temps il est notre repos et notre consolation.
Bernard de Clairvaux (1090-1153)
Je regarde donc un peu vers le passé, vers cette année qui est en train de finir, pour y discerner les traces du passage de Dieu dans ma vie. Je peux m’élancer vers l’avenir dans cette assurance de la venue quotidienne du Seigneur, même si mes journées ne seront pas toujours un long fleuve tranquille. Mais je regarde surtout ce moment présent, cet instant, qui est le moment favorable, le jour du salut. 2Co 6, 2
Nous fêtons la première venue du Seigneur, nous attendons la troisième. Pendant ce temps d’attente nous pouvons goûter la présence discrète et certaine de l’Émmanuel, Dieu-avec-nous.
Manuel,
frère de la Communion Béthanie
Méditation de Noël proposée par les sœurs et les frères de la Communion Béthanie.
En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre – ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie. Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville d’origine. Joseph, lui aussi, monta de Galilée, depuis la ville de Nazareth, vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem. Il était en effet de la maison et de la lignée de David. Il venait se faire recenser avec Marie, qui lui avait été accordée en mariage et qui était enceinte.
Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter fut accompli. Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. Dans la même région, il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux. L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte. Alors l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. »
Luc 2, 1-14
Noël, la rencontre d’un nouveau-né pas comme les autres
J’éprouve de la méfiance vis-à-vis d’un imaginaire un peu trop chaleureux, romantique, sucré. Noël n’est pas une jolie histoire, un joli rêve.
A Noël, je vois venir à ma rencontre un nouveau-né qui, déjà, est mon maître. Un enfant qui va me donner à manger comme on donne à manger à un nourrisson. Un enfant qui va m’apprendre des vérités élémentaires et pourtant tellement essentielles.
Il va m’apprendre que d’un côté il y a les stratégies, les calculs, la force, la puissance, l’argent, la jalousie. Et que, de l’autre, il y a l’attention à l’autre, l’oubli de soi, le don, l’ouverture, la bonté.
A Noël, arrive un enfant qui va nous rendre la vie impossible, mais sans cet impossible, il n’y a rien.
Christian Bobin
Pendant le temps de l’Avent, nous écoutons les promesses de Dieu telles que les prophètes nous les ont rapportées. Il nous est annoncé que l’eau jaillira dans le désert, que les épées seront forgées pour faire des charrues, que le loup et l’agneau, la panthère et la chèvre, vivront ensemble dans la paix. Ce ne sont pas de pieuses illusions, avec lesquelles les prophètes veulent nous endormir, mais plutôt des rêves dans lesquels nous découvrons nos propres possibilités. Ce sont les rêves de Dieu pour nous.
Anselm Grün, Une méditation pour chaque jour
Rien n’est à la fois plus beau et plus fragile que d’accueillir l’Après de l’Avent, au
cœur de nos vies toujours en désir d’avenir, toujours à guérir de certains souvenirs.
Aussi, laissons-nous saisir par les promesses de Dieu qui peuvent nous paraître insensées ou
irréalistes, et laissons-nous conduire par son Fils unique à qui nous pouvons offrir, dès aujourd’hui, la crèche de notre cœur.
De cette belle et intense oraison de la veillée de Noël naîtront la volonté du Père et les rêves de Dieu pour chacun·e de nous pour tout horizon.
Oui, la nouvelle année nous ouvre déjà ses portes et, surtout, un passage !
Marie-Agnès et Patrick,
sœur et frère de la Communion Béthanie
peinture de Bernadette Lopez, alias Berna.
Impressions de la retraite d’hiver de la Communion Béthanie, qui se tenait du 3 au 5 décembre, à la Clarté-Dieu, à Orsay, proposées par notre sœur Valérie.
Il faisait nuit quand nous sommes arrivées à la Clarté-Dieu, à Orsay.
Nuit, clarté, pour un peu cela suffirait à résumer l’essence de cette retraite.
Peu importe la nuit, nous ne venions pas chercher la lumière du jour mais bien la clarté. La clarté de la Parole, à la lumière de la chaleur de la présence de nos frères, sœurs et ami·es à moins que ça ne soit l’inverse, la clarté et la chaleur de la présence de nos frères, sœurs et ami·es, à la lumière de la Parole.
Tout cela nous l’avons trouvé durant tout le week-end, dans l’oratoire qui a accueilli nos prières et lors des temps d’enseignement avec Fr Philippe Lefebvre [1].
L’oratoire, premier lieu de partage et de communion
Vendredi soir, dans une douce ambiance musicale, un instrumental des chants de Taizé, nous étions invité·es à piocher dans une corbeille un petit bout de papier de couleur, sur lequel était écrit un verset de la Bible, et, si nous le souhaitions, à le lire à haute voix et à partager spontanément ce qu’il nous inspirait. Comme souvent en pareil cas, la plupart d’entre nous a eu je crois l’impression de recevoir la Parole s’adressant spécialement à lui ou à elle-même ! Pour prendre un exemple, sur le petit papier vert tiré au hasard, j’ai lu : Le Seigneur lui-même donnera le Bonheur Ps 85,13. Et je me suis exclamée : Mais pourquoi suis-je allée le chercher ailleurs le bonheur ? C’était tellement simple ! Douce veillée, aussi simple que ça !
Clarté de la Parole, lumière de la Présence
Samedi soir, l’oratoire fut l’écrin du jubilé du vœu de charité de C., enfin, les 11 ans de son vœu de charité pour être exacte.
Une célébration simple, joyeuse, authentique, signature de notre Communion Béthanie, durant laquelle notre sœur C. a fait mémoire du beau chemin parcouru et a renouvelé ses vœux. Faire vœu de charité, c’est toujours se mettre en route, c’est un commencement, jamais une fin… La soirée s’est poursuivie par un moment festif et en-chanté, en chansons voulais-je dire !
Clarté de la Parole, lumière de la Présence
Dimanche midi, c’était la messe, célébrée par Fr Philippe Lefebvre, qui nous a réuni·es à l’oratoire. Une fois n’est pas coutume, la chapelle de la Clarté-Dieu étant bondée, nous n’avons pas vécu la messe avec la communauté franciscaine nous accueillant et les autres groupes présents, mais dans l’intimité de notre petit groupe.
Clarté de la Parole, lumière de la Présence
L’oratoire aura ainsi abrité, matin et soir durant cette courte retraite, la ferveur d’une prière commune, l’allégresse des chants. Pour certain·es, qui n’avaient pu être des nôtres en juillet et après ces mois de confinement, comme elle était pressante l’envie de chanter et d’autant plus grande la joie de rendre grâce et de louer Dieu en cœur/chœur !
Quant aux temps d’enseignements donnés par Fr Philippe Lefebvre autour de son dernier livre Comment tuer Jésus ? [2], ils auront nourri matinées et après-midi.
Je me garderai bien de me lancer dans une retranscription des propos de Fr Philippe Lefebvre, pas plus que de nos échanges. Chacun·e pourra lire le livre s’il le désire. Je me contenterai de vous partager les petites perles que j’ai recueillies… Il y est question de la parole et de la Parole, de sa valeur, de sa vérité, de la vie qu’elle porte ou pas. Que de thèmes de réflexion si importants et d’actualité pour notre Église !
Fr Philippe Lefebvre a ensuite évoqué la parole des prophètes, parole prophétique à la fois informée et située, sans valeur universelle ni définitive donc.
J’ai beaucoup aimé la notion, riche et ouvrant de si belles perspectives à mes yeux, de Parole créant un lieu, de la Parole comme espace de parole. Un espace, tel que je l’ai compris, où l’affirmation se dilue pour laisser place à la parole qui doute, à la parole qui cherche et qui, par cela-même, devient parole de vie et de vérité.
Les propos de Fr Philippe Lefebvre, s’appuyant sur toute son expérience de frère, d’accompagnateur, d’enseignant, etc., sur son dialogue incessant avec la Bible, les textes, les différentes traductions, auront ainsi ouverts à chacun·e des pistes, des clés de lectures et de compréhension. Nous en sommes tous et toutes reconnaissantes à Fr Philippe Lefebvre, autant qu’à nous-même qui formions ce groupe, pour cet espace de parole libre et vivante, qui a si bien circulé et porté tant de fruits !
Clarté de la Parole, lumière de la Présence
Retraite intime et intense où nous avons goûté au bonheur toujours renouvelé du partage entre frères, sœurs et ami·es de la Communion Béthanie.
Valérie,
sœur de la Communion Béthanie
[1] Dominicain, Fr Philippe Lefebvre enseigne l’Ancien Testament à l’université de Fribourg en Suisse. Membre de la Commission biblique pontificale, il est aussi l’auteur au Cerf de Livres de Samuel et récits de résurrection, Brèves rencontres. Vies minuscules de la Bible et Propos intempestifs de la Bible sur la famille.
[2] Comment tuer Jésus ? de Philippe Lefebvre
280 pages – avril 2021 – Les éditions du Cerf
Méditation pour le temps de l’Avent proposée par les sœurs et les frères de la Communion Béthanie.
En ces jours-là,
Marie se mit en route et se rendit avec empressement
vers la région montagneuse, dans une ville de Judée.
Elle entra dans la maison de Zacharie
et salua Élisabeth.
Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie,
l’enfant tressaillit en elle.
Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint,
et s’écria d’une voix forte :
«Tu es bénie entre toutes les femmes,
et le fruit de tes entrailles est béni.
D’où m’est-il donné
que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?
Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles,
l’enfant a tressailli d’allégresse en moi.
Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles
qui lui furent dites de la part du Seigneur. »
Luc 1, 38
Voici un texte très classique et que nous avons sans doute souvent lu et entendu.
Classique et pourtant… Souvenons-nous : que peut-on entendre différemment cette année ?
Soyons attentifs : d’abord un enfant tressaille dans le sein de sa mère. Plus tard nous est révélée l’origine de ce mouvement : la joie ! Et ce qu’elle provoque inévitablement : Élisabeth se trouve remplie d’Esprit-Saint.
Il faut donc attendre que l’enfant tressaille de joie en elle pour qu’Élisabeth soit habitée et travaillée par l’Esprit Saint.
L’appellation traditionnelle de ce passage de l’Évangile est la Visitation. Encore une histoire de rencontre !
Salutation, tressaillement, bénédiction, fruit, allégresse, accomplissement.
A l’aube de la Nativité, d’une (re)naissance tant attendue, nous sommes invités à accueillir toutes les bénédictions, les fruits de nos rencontres et les tressaillements en nous.
Au cours de cette dernière semaine avant la Naissance de celui qui donne Vie à nos visitations, lors de nos rencontres, laissons nous déjà visiter par Lui.
Soyons attentifs aux tressaillements d’allégresse en nous… Ne pourrions-nous pas aussi être actrice, acteur, de cette visitation en formulant une bénédiction pour les personnes que nous rencontrerons ?
Célébrer la visitation de Dieu en nous, comme le début d’une nouvelle naissance, le début du chemin de notre accomplissement.
Souvenons-nous que dans le passé, Noël marquait le début d’une nouvelle année…
Lætitia et Raphaël,
sœur et frère de la Communion Béthanie
Méditation pour le temps de l’Avent proposée par les sœurs et les frères de la Communion Béthanie.
En ce temps-là,
les foules qui venaient se faire baptiser par Jean lui demandaient :
« Que devons-nous faire ? »
Jean leur répondait :
« Celui qui a deux vêtements,
qu’il partage avec celui qui n’en a pas ;
et celui qui a de quoi manger,
qu’il fasse de même ! »
Des publicains, c’est-à-dire des collecteurs d’impôts,
vinrent aussi pour être baptisés ;
ils lui dirent :
« Maître, que devons-nous faire ? »
Il leur répondit :
« N’exigez rien de plus que ce qui vous est fixé. »
Des soldats lui demandèrent à leur tour :
« Et nous, que devons-nous faire ? »
Il leur répondit :
« Ne faites violence à personne,
n’accusez personne à tort ;
et contentez-vous de votre solde. »
Or le peuple était en attente,
et tous se demandaient en eux-mêmes
si Jean n’était pas le Christ.
Jean s’adressa alors à tous :
« Moi, je vous baptise avec de l’eau ;
mais il vient, celui qui est plus fort que moi.
Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales.
Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu.
Il tient à la main la pelle à vanner
pour nettoyer son aire à battre le blé,
et il amassera le grain dans son grenier ;
quant à la paille,
il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas. »
Par beaucoup d’autres exhortations encore,
il annonçait au peuple la Bonne Nouvelle.
Luc 3, 10-18
Dans la continuité d’une retraite particulièrement nourrissante, vécue le week-end dernier, nous offrons ici le fruit d’un partage à la résonance de vos cœurs.
Puissent ces mots être pour vous parole de Vie…
L’Évangile de ce jour est fait de dialogue et de rencontres.
Jean le Baptiste est là. Différents groupes de personnes viennent à lui et l’interrogent.
Que leur dit-il ?
A chacun d’eux, il propose une réflexion, un travail à partir de ce qui lui est essentiel.
Il invite la foule, nous, le monde, au partage des ses biens fondamentaux.
Les publicains à la justice et à l’équité.
Les soldats à la bienveillance.
Il renvoie l’être à ce qui lui est fondamental : l’Amour qui doit habiter nos actes, même les plus fonctionnels. Chaque action peut être orientée vers l’Amour.
La Communion Béthanie aurait pu aussi interroger : qu’est-ce qui est notre essentiel aujourd’hui ?
Jean qu’as tu à nous dire ?
Comme le peuple d’alors, nous sommes en attente… Mais en attente de quoi ?
Comment dès maintenant pouvons-nous renouveler notre regard sur Noël ?
Que désirons-nous célébrer au plus profond de nous même en ces jours ?
Oserons-nous faire le pari de célébrer quelque chose de neuf cette année ? Quelque chose qui serait véritablement pour nous, pour moi, Bonne Nouvelle ?
Lætitia et Raphaël
sœur et frère de la Communion Béthanie
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