Une méditation proposée par notre sœur Valérie.
L’enfant joue dans la cour. J’en viendrais presque à envier son insouciance.
Il s’immerge dans son monde, plus rien de notre réalité n’existe plus pour lui.
Dans son jeu, il s’invente mille et une vies. Tout est toujours possible : « alors on dirait que toi…et puis après on ferait… »
C’est aussi un monde où l’on meurt plus souvent qu’à son tour. C’est pas grave, c’est pour de faux.
Je ne suis plus une enfant, comme vous j’imagine. Je joue dans la cour des grands, celle des adultes.
Est-ce si différent ?
Dans mon monde, je meurs souvent : morte de peur, morte de faim, morte de chagrin, morte de rire. C’est pas grave, c’est pour de faux.
Dans ma vie, je refais le monde, souvent : « alors je pense que… et puis il suffirait que… »
A la télé, sur les écrans, mes fenêtres sur le monde, les images se bousculent. Les morts des séries télés, c’est pour de faux ; les morts des actualités, c’est pour de vrai. Les drames se succèdent.
les médias ordonnancent mes émois, mes indignations, d’une cause à une autre… sur quelle base ?
La boussole de ma compassion s’affole.
Loin des caméras, loin des projecteurs, la guerre en Ukraine continue de générer les mêmes atrocités que lorsqu’on nous en rapportait les faits heure par heure, les victimes des tremblements de terre en Turquie et en Afghanistan dormiront dans le froid cet hiver. Loin de nos regards, des massacres sûrement, sont perpétrés en Afrique et ailleurs et tant et tant de drames encore, au pied de mon immeuble aussi bien qu’à l’autre bout du monde et dont j’ignore l’existence.
Dans mon monde, les réalités se superposent, se juxtaposent.
Je regarde l’enfant qui joue.
Il est des jours, oui, où j’envierais presque son insouciance.
Mais je ne suis plus une enfant.
Que faire en ces temps tourmentés ?
Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. Mt 25,40
Chaque fois que vous ne l’avez fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez fait. Mt 25,45
L’enfant prend très au sérieux son monde imaginaire. Il y jouit d’une totale liberté.
Tous et toutes, enfants de Dieu, ne sommes-nous pas libres nous aussi ?
Or, le Seigneur, c’est l’Esprit, et là où l’Esprit du Seigneur est présent, là est la liberté. 2Co 3, 17
Ma liberté, la nôtre, n’est-elle pas de vivre en Sa Paix et Son amour ?
N’est-elle pas de choisir, dans la prière, de garder et de préserver ce lien indéfectible à cet Amour et à cette Paix ?
Une prière humble et patiente, confiante, obstinée, rejointe je le sais par celle de chaque frère, chaque sœur, chaque croyant·e, là où il est.
Le socle, la source et l’espérance de notre foi est là, dans cette prière, le plus sûr chemin vers l’amour de Dieu, Son Amour et Sa Paix.
C’est ma liberté d’adulte que de le croire, avec mon cœur d’enfant.
Que cet Amour et cette Paix soient notre plus grand secours, à chacun, à chacune, à tous et toutes sur cette Terre.
Valérie,
sœur de la Communion Béthanie
Une méditation proposée par notre sœur Françoise.
Depuis plus de huit jours, nos cœurs sont déchirés devant tant de violence et d’atrocités, devant tant de peurs et de larmes. Les paroles de l’apôtre Jean résonnent en moi : Près de la croix de Jésus, sa mère se tenait debout.
Les spécialistes, les hommes politiques, les experts parlent, décryptent, supputent… C’est leur rôle. En Communion Béthanie, notre place est de nous tenir, comme Marie, debout, avec notre immense peine… Cette terre d’Israël est blessée d’une si grande blessure ! Pourra-t-elle s’en remettre ? Voilà pourquoi nous devons nous tenir debout, dans la prière et dans l’espérance, comme Marie. Cette espérance, même faiblement, brille au plus profond des ténèbres. Étrangement, la liturgie nous a donné à entendre dimanche, ces paroles du prophète Isaïe.
Le Seigneur de l’univers préparera pour tous les peuples, sur sa montagne, un festin de viandes grasses et de vins capiteux… Sur cette montagne, il fera disparaître le voile de deuil qui enveloppe tous les peuples et le linceul qui couvre toutes les nations. Il fera disparaître la mort pour toujours. Le Seigneur Dieu essuiera les larmes sur tous les visages, et par toute la terre il effacera l’humiliation de son peuple. Et ce jour-là, on dira : Voici notre Dieu, en lui nous espérions, et il nous a sauvés.
Nous tenir debout parce que c’est comme cela que Marie nous dit de faire, et parce que nous avons Pâques.
Pâques est la fête de l’espérance. Nous espérons que les larmes seront changées en perles. Cette transformation ne se fera pas toute seule : c’est à nous de venir poser nos plaies dans celles du Christ et de maintenir nos cœurs blessés dans le flot d’amour qui jaillit de celui, transpercé, du Ressuscité.
Anselm Grün
C’est à nous, frères et sœurs, de venir poser les plaies de tous ces hommes, de toutes ces femmes, de venir poser ces cœurs brisés dans les plaies, dans le cœur du Christ. Un jour viendra, nous le croyons, où les larmes des habitants de cette terre, les larmes de toute l’humanité, en perles seront changées.
Françoise,
sœur de la Communion Béthanie
Une méditation proposée par notre sœur Élisabeth.
Je n’aime pas trop cette période, voire vraiment pas. Je suis plutôt quelqu’un du printemps, de l’été. Mais octobre… Le ciel s’assombrit, les températures baissent, certes tout doucement. Il fait encore nuit quand le réveil se met à sonner, les virus font leur grand retour et avec eux, les corps s’affaiblissent, souffrent… Nous abandonnons les shorts, les robes et pantacourts et nous voilà emballés de la tête aux pieds et ça ne fait que commencer. Nous en sommes encore un peu épargnés pour le moment mais est-ce une bonne chose ?
Il n’y a aucun doute, l’automne est arrivé. Avec son lot de contrariétés : le travail qui submerge, le rythme impossible et la nature qui s’endort petit à petit. Ces contrariétés qui s’ajoutent à nos petites ou grandes épreuves, quelles qu’elles soient, selon le parcours de vie de chacun. Tant de raisons de déprimer, voire de sombrer pour ceux et celles dans les plus grandes difficultés.
Face à la tempête, Jésus lui était confiant contrairement aux disciples paniqués. Il leur disait N’ayez pas peur.
Et si, avec Lui, j’essayais de changer mon regard ? Regarder cette période sous un angle différent, voir, malgré tout, le beau et m’émerveiller. N’est ce pas ce dont nous avons le plus besoin ?
Pouvons-nous, nous aussi, comme les arbres, nous délester un peu de nos « feuilles » trop lourdes à porter, de ce qui nous encombre. Tout confier au Seigneur ?
Seigneur, aide-nous à poser un regard confiant sur les choses de la vie et à continuer à nous émerveiller : de la chaleur d’une couverture, s’il fait froid, de la luminosité d’une bougie, des bons fruits et légumes de saison qui combleront notre microbiote pour l’hiver… mais plus encore des élans de solidarité, de l’amour que les gens se portent, des bénévoles qui s’activent dans les associations. Voyons le positif et soyons chacun, chacune, à notre manière partie prenante de toutes ces belles choses !
Tant de raisons de te remercier, Seigneur, pour cette force et la confiance données.
Dieu parla : il fit lever la bourrasque
Et les flots de la mer se soulevèrent
Et ils criaient vers le Seigneur dans leur détresse
De leur angoisse, il les a délivrés.
Il ramena la bourrasque au silence ;
Alors les flots se turent.
Qu’ils proclament l’amour du Seigneur,
Ses merveilles pour les fils des hommes.
Psaume 106 (28-31)
Élisabeth,
sœur de la Communion Béthanie
Une méditation sélectionnée par notre frère Raphaël.
Alors que s’achève le temps de la Création, je vous propose de lire ou relire ce texte, certes un peu ancien mais qui a beaucoup à dire aujourd’hui encore…
Le royaume des cieux est semblable à une fleur de lavande, qui a poussé entre deux rochers de la montagne. Sur la pente désertique où l’herbe est rare, elle exhale son parfum délicat dont jouit seul le vent qui courbe ses tiges grêles. C’est une violette très humble, mais une violette courageuse, une vraie montagnarde d’autant plus parfumée qu’elle est plus près des cimes ; une sauvage avide de grand air, qui n’aime pas l’ombre des forêts et se rit de la solitude et des pierres.
Comme toutes les fleurs elle passe et se fane ; et de son parfum rien ne restera.
Mais un homme vieux coupe la faible plante et l’entasse dans l’alambic de cuivre auprès du ruisseau. Son industrie éternise ce parfum des soirs de juillet et dans l’essence qui coule goutte à goutte, nous respirons encore toute la beauté de la fleur sacrifiée.
Jeune fille de la montagne, jeune fille courageuse et simple, regarde la lavande qui est le lys des champs. Elle te dira que tu n’as pas à regretter d’avoir grandi dans une ferme solitaire au pied des rochers. Certainement, le sentier qui mène chez toi n’est guère fréquenté et c’est de la vallée lointaine que montent le fracas des trains et le ronflement des moteurs, bruits de la civilisation. Mais dans cette tranquillité, on entend mieux la voix divine et c’est un privilège. Jeune fille, aime ta montagne car elle est inspiratrice et pure.
Elle te dira aussi qu’il est en toi un parfum digne d’éternité, c’est ton âme.
Avant que s’épanouisse en toi la joyeuse certitude de cette éternité, il te faudra peut-être, comme la fleur, renoncer à toi-même et beaucoup souffrir. Mais c’est dans ces épreuves que Dieu te montrera les vraies valeurs de la vie et que tu pourras t’attacher à ce qui demeure.
Voilà ce que te dira la fleur des montagnes.
Jean Cadier
Raphaël,
frère de la Communion Béthanie
Une méditation proposée par notre frère Sylvain.
C’est pour sortir que le Christ est venu, pour aller en plein vent, au plus dur de nos tempêtes, de nos haines et de nos peurs. Tel un film moderne le montre, marchant, marchant sans cesse, en quête non d’un toit mais de l’humain.
Sortir avec le Christ, c’est prendre part à l’avènement d’un monde revisité. C’est entrer dans le mouvement de délivrance inauguré par le Christ. C’est travailler pour que paraissent dès ici-bas quelques empreintes de Dieu, venant nous hisser hors de nos morts. Et ce sera parfois entrer en résistance, en clandestinité, en martyre. Ce sera enfin d’entendre chanter le bruit d’une source, la musique d’une vie qui invente et féconde nos vies. Il vaudra la peine d’entrer dans l’étable. Il vaudra la peine d’en sortir.
Quant aux bergers qui adoraient l’enfant dans la nuit de Noël, ils sont les prémices de toute une race : une race d’hommes, de femmes et d’enfants, que ni pauvreté, ni richesse ne désespèreront d’espérer, de se faire attentifs et fraternels, les yeux ouverts sur ce monde réel, sans quitter de vue le Seigneur du monde.
D’après Continuer l’Évangile – Diaconesses de Reuilly
Dans trois mois, c’est Noël !
Christ,
manifesté dans la chair,
justifié dans l’Esprit,
apparu aux anges,
proclamé dans les nations,
cru dans le monde,
enlevé dans la gloire !
Viens, Seigneur Jésus !
Sylvain,
frère de la Communion Béthanie
Une méditation proposée par notre sœur Valérie.
Nous ne sommes qu’à la mi-septembre et déjà le mois est marqué des blessures de notre temps.
Première semaine et canicule. Tant pis pour celles et ceux, moi la première, qui espéraient la douceur d’un été indien.
Deuxième semaine et catastrophes naturelles et humanitaires, la terre qui tremble, l’eau qui noie toute une ville et j’en passe ; je ne connais pas tous les malheurs de ce monde.
Au secours, besoin d’amour
À l’horizon de notre quotidien d’hommes et de femmes, septembre rime avec rentrée : travail, école, activités. Reprendre le rythme, retrouver le stress, se faire des promesses. Tant de vaines agitations.
Au secours, besoin d’amour
Oui, le Seigneur a besoin d’amour.
De notre amour pour Lui.
De notre amour, les uns, les unes pour les autres.
De notre amour pour Sa création, pour notre Terre.
Valérie,
sœur de la Communion Béthanie
Une méditation proposée par notre sœur Valérie.
Voici arrivés les premiers jours de juillet, le temps des vacances.
Pour certains, celles et ceux qui en ont la possibilité et l’habitude, le temps des grandes migrations estivales.
Pour les moins chanceux, les vacances, c’est bien souvent un peu plus de solitude et d’isolement.
Pendant les vacances, je vais pouvoir…
Pendant les vacances, j’aurai le temps de…
Les vacances, un espace de liberté tant attendu pour s’évader, se poser, se reposer…
On en viendrait presque à trouver naturel de survivre toute l’année dans l’agitation quotidienne de nos vies et de pratiquer l’escapade d’été pour sortir un peu la tête de l’eau…
Ne sommes-nous pas invités pourtant à tenir notre être sans relâche dans l’expérience quotidienne de la Paix, de Sa Paix, en Son Amour, dans un espace temps ordinaire de rencontre, d’accueil, de questionnements, d’écoute ?
Imaginez toute une vie en équilibre entre tension et repos. Ah, les belles vacances pour nos egos surmenés !
Je vous souhaite de très belles vacances, et que la liberté intérieure des fils et filles de Dieu vous porte bien au-delà.
Valérie,
sœur de la Communion Béthanie
Une méditation proposée par notre frère Manuel.
L’organisateur du banquet de noces dit au marié : Tout homme sert d’abord le bon vin, puis, quand les gens sont ivres, le moins bon ; toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à présent. Jn 2, 11
Le récit des noces de Cana finit avec ce conseil, que j’ai toujours pris au pied de la lettre, car il est de bon sens… En fait, quelle idée de sortir le bon vin à la fin ! Mais vu que l’Évangile n’est pas un manuel de bonnes manières à table, il y a sans doute quelque chose derrière ce conseil.
Nous pensons -avec raison- que dans nos vies nous devons faire les choses le plutôt possible, avant que ce soit trop tard. Nous pouvons être comme un vin pétillant, plein d’entrain, léger, qui se donne sans compter. Mais quand cela ne pétille plus… Les forces qui faiblissent, les impératifs sociaux ou familiaux, l’âge, la santé… Là, notre vin peut devenir une piquette sympa, juste un continuer comme avant ou un faire avec résigné. Au pire, notre vin peut devenir le vinaigre du à quoi bon ? ou du Fichez-moi la paix.
Et pourtant ! La vie d’un·e disciple du Christ ne finit jamais, et il est toujours temps de sortir le bon vin avec Lui. Si Jésus à Cana a pu transformer l’eau en vin, ne peut-il pas nous aider à servir un bon vin à n’importe quel moment de notre vie, dans n’importe quelle situation ? Peut-être pas comme nous l’aurions imaginé ou voulu, mais avec le meilleur de nous-mêmes. Et, in fine, c’est ça qui compte.
L’évangéliste ne nous raconte pas la réaction du marié aux remontrances de l’organisateur de la fête. En revanche, chacun·e de nous peut répondre à la présence de notre Dieu Tri-Unité et à l’invitation qu’il nous adresse de vivre et de donner de notre mieux maintenant, aujourd’hui, là où l’on est. Nous boirons et servirons ainsi à nos entourages le bon vin de la grâce de Dieu.
Santé !
Manuel,
frère de la Communion Béthanie.
Une méditation proposée par notre frère Raphaël.
Les textes bibliques montrent que l’espérance est inséparable de la confrontation au mal et à la souffrance, et qu’elle est orientée vers un futur que l’on ne peut complètement prévoir, mais qui est annoncé et d’une certaine manière déjà là, comme une imminence. Si l’espérance suppose de prendre la mesure des dangers actuels, elle enseigne aussi à habiter le présent et à croire en l’avenir, sans ressasser le passé et en abandonnant toute rancœur. Elle est enfin, ce dont notre âme a faim et dont l’absence nous rend amers ou violents. Comme l’amour dans le Cantique des cantiques, l’espérance redonne de la vie à notre corps que le désir avait déserté (…)
L’attente qu’implique l’espérance n’a rien à voir avec celle qui est propre à l’espoir. (…) Dans l’espoir, nous sommes encore préoccupés de nous-même et habitons le monde ou regardons les autres en fonction de ce que nous voulons obtenir. (…) Cet espoir est un désespoir qui s’ignore. (…) Au contraire, l’espérance suppose que nous ne demandions rien pour nous-mêmes ; l’attente et l’horizon qu’elle ouvre pour le sujet qui a confiance en l’avenir et se sent porté par cette confiance en dépit des difficultés se situent sur un autre plan. (…)
L’espérance est la certitude que quelque chose est déjà là, même si les évènements semblent donner tort à celles et ceux qui annoncent un progrès, c’est-à-dire une évolution positive inévitable et irréversible. L’espérance confère cette plénitude parce que, dans l’espérance, je n’attends rien pour moi-même, mais suis déjà exaucé, quelles que soient par ailleurs les insatisfactions que je peux éprouver dans les différents domaines de ma vie.
Corine Pelluchon, L’espérance, ou la traversée de l’impossible, Editions Payot & Rivages, 2023.
Raphaël,
frère de la Communion Béthanie.
Une méditation proposée par notre sœur Françoise.
« Je suis une maison de prière… Saint Paul me désigne comme un temple de l’Esprit. Je suis bâti par et pour Dieu. Et c’est la prière qui me le dit, c’est elle qui me construit. Bien sûr, je suis bâti pour l’amour. Mais le même Esprit de Jésus me suggère que c’est tout un, prier et aimer. C’est pour cela qu’il me construit à ciel ouvert. Je n’ai pas à lui ouvrir, car c’est de l’intérieur qu’Il vient et qu’Il opère ; voilà pourquoi on ne sait jamais trop d’où il vient, ni surtout comment s’édifier soi-même dans l’amour. »
Christian de Chergé, dans L’Invincible espérance, Éditions Bayard.
Thérèse d’Avila dit, non sans humour, qu’il faut veiller à faire de la place pour accueillir l’hôte intérieur afin de pouvoir s’entretenir avec lui et rechercher sa compagnie…Ce temple est à « ciel ouvert ». Il laisse s’échapper vers le haut ce qui monte du cœur de l’homme : l’émerveillement et les remerciements devant tant de belles choses de la vie, la crainte et l’angoisse, les multiples peurs, la souffrance et le gémissement de l’être devant l’inachèvement des choses, le bonheur et la paix profonde…
La prière n’est pas un acte extérieur à l’homme qui viendrait essentiellement de sa volonté. Elle naît du plus profond de ses entrailles, dans l’épaisseur de sa chair et de son histoire, comme inspirée de l’intérieur, parfois presque à son insu…
Cette prière est antérieure à la volonté de prier. Elle est déjà là, au fond du cœur. Elle ne vient pas de soi mais de l’Esprit en soi. « Je n’ai pas à lui ouvrir car c’est de l’intérieur qu’Il vient et qu’Il opère ». L’Esprit Saint et la chair de l’homme s’unissent en une unique prière. La très belle finale de l’Apocalypse exprime avec force l’unité de l’Esprit Saint et du cœur de l’homme en un unique désir : « L’Esprit et l’épouse disent : Viens ! ». Viens est un mot très intime du langage amoureux. « Que l’homme de désir s’approche et qu’il reçoive l’eau de la vie gratuitement. » Ap 22,17. On comprend que Christian de Chergé nous rappelle qu’« Aimer et prier c’est tout un ! »
Extrait de Prier 15 jours avec Christian de Chergé par Christian Salenson, Editions Nouvelle Cité.
Françoise,
sœur de la Communion Béthanie
Une méditation proposée par notre sœur Christine.
Bientôt, comme chaque année, les frères et sœurs de notre Communion Béthanie se retrouveront pour un temps de retraite estivale.
Bientôt, nous serons réunis au nom de Celui qui nous rassemble.
Bientôt nous nous nourrirons de la Parole.
Bientôt, dans le silence de la maison qui nous accueillera, nous partagerons le Pain de Vie et nous offrirons dans un élan de prière commune les visages de celles et ceux rencontrés. Nous renouvellerons notre engagement à accueillir les petits, les faibles, les rejetés.
Temps de ressourcement, temps d’écoute, temps de dépouillement, temps de simplicité, temps d’humilité, temps de bienveillance, temps de gratitude, temps de joie.
Désarme-nous Seigneur de nos facilités à ne pas voir,
De nos capacités à esquiver ce qui nous dérange,
Désarme-nous de nos jugements trop hâtifs,
Donne en chacun de nous la force de ton écoute,
La patience, la douceur, la tendresse,
L’accueil de celle ou celui qui a blessé,
Remplis-nous de ton baume d’Amour,
Ô Seigneur Dieu que ta miséricorde est grande !
Amen.
Christine
Une méditation proposée par notre frère Manuel.
L’Esprit est un souffle,
imprévisible, insolite, indomptable,
et fort.
Il est comme l’air qui nous entoure,
impalpable, indispensable, vital,
et doux.
L’Esprit est le souffle de l’air divin
qui entre en nous, qui nous est donné
à chaque instant, à chaque pas.
Il est ce souffle qui susurre à notre cœur
que nous sommes filles et fils du Dieu Très-Haut :
il nous marque du sceau de notre identité.
L’Esprit est un air vivifiant, vitalisant,
dont je deviens le temple sacré,
dont ensemble devenons le temple très sacré.
Ce souffle qui dépose en moi, en nous,
ses empreintes de joie, de paix, de bienveillance ;
amour, bonté, fidélité sont des traces de ce souffle.
Vent doux, vent fort,
souffle qui donne la vie,
air de nos quotidiens.
Chaque jour est Pentecôte,
chaque jour il prie en nous,
chaque jour il nous invite
à Sa Présence insaisissable.
Manuel,
frère de la Communion Béthanie.